Accueil Editorial «Comblez le vide, sinon confiez la tâche au peuple»

«Comblez le vide, sinon confiez la tâche au peuple»

Concept contradictoire permettant d’avoir tout et, en même temps, discréditant l’essentiel et l’important, l’incompétence est aujourd’hui l’un des défauts les plus critiquables dans le paysage politique, mais aussi économique et social. L’incompétence, l’inaptitude,  l’incapacité et l’inexpérience ne font que susciter la répulsion des citoyens à l’égard des hommes politiques sous l’effet du désintérêt,  ou encore de la méconnaissance des élites politiques, la faiblesse du niveau de vie économique, ainsi que l’urgence d’autres priorités…Ce qui a poussé le secrétaire général de l’Ugtt, Noureddine Taboubi, à fustiger les politiques en les invitant  à «assumer leurs responsabilités et à combler le vide, sinon confier la tâche au peuple».

L’impasse qui semble marquer aujourd’hui de plus en plus le processus de la formation du gouvernement, ainsi que les prises de position non explicites qui le traversent, rendent plus évident l’intérêt partisan que l’intérêt général, encore moins la haute raison d’Etat. Le slogan, la patrie avant les partis, cher à feu Béji Caïd Essebsi, n’a plus sa signification, encore moins sa valeur d’antan. Les manquements, porteurs de déformation, ont pour effet de jeter un voile sur la révolution — réceptacle de tant de passions sociales, intellectuelles et politiques — qui n’a pas tenu ses promesses et qui en fin de compte ne donne pas l’impression de pouvoir répondre aux aspirations de ses véritables instigateurs.

Noureddine Taboubi appelle à rétablir l’équilibre ainsi rompu. Aucune assurance de la part des politiques, aucune action bienveillante, aucun rapport, aussi harmonieux soit-il, ne peuvent effacer le déséquilibre  structurel qui pèse sur le paysage politique.

Le secrétaire général de l’Ugtt appelle à la restitution des droits et la légitimité des Tunisiens comme réponse aux transgressions de la classe politique. Quelque part le discours soulage. Il allège le sentiment d’avoir été… trahi.

Finalement, on pourrait affirmer qu’à travers leur incapacité à répondre aux attentes des Tunisiens et des Tunisiennes, les politiques sont responsables d’une énorme déception qu’ils ont nourrie chez le peuple.

On ne comprend nulle part cet engouement pour la polémique et l’on se demande comment on pourrait soustraire les problèmes de forme et de fond qui ne cessent de marquer notre quotidien.  Au-delà des tractations qui ne cessent de conditionner le processus de la formation du gouvernement, les questions essentielles pour l’avenir du pays restent toujours sans réponse. Il semble entendu que les valeurs et toute la signification qui s’y rattache n’ont plus de sens ou de raison d’être ni pour les gouvernants, ni pour les politiques, ni pour les partis. Le constat  n’est pas anodin puisque ni la notion de temps, ni le vide de gouvernance, ni le contexte sécuritaire dans lequel se trouve aujourd’hui le pays et qui requiert le plus haut degré de vigilance, ne font partie des priorités absolues des principaux acteurs. Tout cela dépasse largement le débat autour de l’idée que l’on se fait des portefeuilles ministériels. On se rend compte que l’on est tombé si bas qu’on ne peut plus rien faire pour y remédier…

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