Il faut apporter quelques nuances au processus lié à la formation du gouvernement. Si le choix d’Elyes Fakhfakh fait presque l’unanimité, le risque relatif à la composition de l’équipe gouvernementale pourrait être envisagé. Risque de prétention, risque d’ambition, d’ego, voire d’immodestie. En tout cas, l’unanimité autour du chef du gouvernement retient l’attention autant qu’elle met en garde. Ce qui pourrait être, d’une façon ou d’une autre, comme réducteur.
Chacun a bien sûr son avis à ce sujet. Chacun y va d’ailleurs de son raisonnement. Même si tous les commentaires et toutes les analyses ne feront jamais le tour ni des réalités, ni des contraintes toujours renouvelées du paysage politique. Mais au-delà des noms qui seront retenus, tout, ou presque, passe par le programme qui sera mis en place et qui peut constituer un appui politique et parlementaire au chef du gouvernement désigné.
Ce dernier vient d’annoncer sa démission de toutes les responsabilités au sein de son parti Ettakatol afin de créer un climat propice pour le travail et atteindre le plus haut degré d’efficacité requis, mais aussi éviter toute équivoque qui pourrait perturber le processus de formation du gouvernement.
Le problème est que l’environnement dans lequel devrait agir Elyes Fakhfakh comporte déjà un antécédent qui pèse encore lourd et qui peut ressurgir à tout moment. La manière avec laquelle le gouvernement Jemli a été désavoué au Parlement devrait donner une bonne matière à réflexion au nouveau chef du gouvernement désigné. Ce qui a été entrepris en ce temps-là en demi-mesure était assurément inadapté, dénué, incomplet et dans les meilleurs des cas palliatif. Une nouvelle page s’ouvre ? Oui dans la mesure où beaucoup de choses devraient assurément ne plus se reproduire. Attention, Elyes Fakhfakh n’est pas là pour prendre la relève, mais tout particulièrement pour redresser la barre et quelque part remettre de l’ordre. Au fait, il ne peut y avoir de bonne équipe gouvernementale sans le chef le plus indiqué. Mais le chef aurait toujours besoin d’intervenir dans un climat de sérénité et de confiance réciproque entre les différentes parties prenantes. Et donc une bonne composante de la qualité du travail, des programmes et des choix, surtout loin des aléas, des doutes, des incertitudes et des polémiques…
En somme, tout ce qui semblait auparavant un manquement dans le processus de formation du gouvernement peut se transformer en une réussite éclatante…Mais, ce qui reste à faire est encore plus important.
Il est toujours bon de rappeler qu’il y a un turn-over chez la classe politique, dont la plupart sont parachutés dans le milieu. Ils continuent à agir sans en avoir le profil. Ils ont conscience du privilège, mais ils ne le méritent pas. Par quelque dimension que l’on saisisse, ils se montrent encore incapables de renouveler leur centre d’intérêt au-delà de ce qui existe.