Suite à une réunion tenue mardi entre des représentants des ministères de la Santé, de l’Intérieur, de la Défense, du Tourisme et de la Protection civile, il a été décidé d’aménager des unités hôtelières pour les transformer en un centre d’isolement de personnes suspectées d’être infectées par le coronavirus chinois. Le choix est tombé sur un hôtel situé à Borj Cedria dans la banlieue sud de Tunis, où il n’y avait aucune réservation de séjour.
Cette décision, même si elle n’a pas été encore confirmée par le ministère de la Santé, a créé une grande polémique dans la soirée d’hier mercredi, d’autant plus que des informations commençaient à circuler concernant la découverte de plusieurs cas de coronavirus sur le territoire tunisien. Des photos d’ambulances et d’équipements d’isolement prises dans l’aéroport de Tunis-Carthage ont alimenté davantage la polémique.
Après avoir pris connaissance de ces informations, le conseil municipal de Hammam Chott, dans le gouvernorat de Ben Arous, a dénoncé l’intention des ministères de la Santé et de l’Intérieur de la mise en quarantaine des cas suspectés d’être atteints par le coronavirus dans un hôtel à Borj Cedria sans sa consultation. C’est dans ce cadre que nous avons joint par téléphone Fathi Zagrouba maire de Hammam Chott qui nous a fait part de son indignation de cette décision unilatérale. Pour lui, il est hors de question d’admettre ces cas suspectés d’être infectés par ce virus mortel dans cette zone urbaine et touristique. «Nous nous sommes déplacés dans l’hôtel en question et nous avons déjà trouvé des ambulances et des équipements médicaux sur place, nous étions, donc, obligés de les sommer de quitter immédiatement les lieux, chose qui a eu lieu», a-t-il expliqué, affirmant que le propriétaire de l’hôtel avait déjà signé une convention avec les autorités concernées pour admettre ces cas dans son hôtel.
Aucun cas confirmé
«Ces cas suspectés d’être infectés par ce virus doivent être admis dans des camps d’isolement loin des zones urbaines et peuplés», a-t-il encore noté, rappelant que Borj Cedria renferme un pôle technologique et un centre international de scouts, d’autant plus que la ville s’apprête à préparer la nouvelle saison touristique. Ces cas sont-ils confirmés ? Notre interlocuteur précise que jusqu’à présent aucun cas de coronavirus n’a été détecté en Tunisie, selon les affirmations du ministère de la Santé.
Il faut rappeler également qu’une délégation de la municipalité de Hammam Chott et de la société civile a rencontré, hier, le gouverneur de Ben Arous, Ali Saïd pour exprimer son refus catégorique de cette mesure unilatérale, prise sans concertations avec les autorités locales. Le Conseil municipal de Hammam Chott a même menacé de présenter une démission collective si cette décision était appliquée.
Notons également que cette décision a provoqué un état de panique, de peur et d’indignation chez les habitants de la banlieue sud qui ont dénoncé ce genre de solutions, alors que les hôpitaux nationaux devraient être dotés de salles d’isolement des patients atteints de maladies contagieuses.
Le chef du gouvernement chargé de la gestion des affaires courantes, Youssef Chahed a affirmé, mercredi, que les autorités tunisiennes ont pris toutes les précautions nécessaires pour faire face à la possibilité de propagation du coronavirus. Dans une allocution prononcée lors d’une réunion des cadres et directeurs régionaux de la santé tenue, mercredi, au siège du ministère de la Santé pour faire le suivi du plan national préventif, Chahed a affirmé que l’Etat a mobilisé tous les moyens et compétences nécessaires dans les aéroports et les ports.
En Chine, l’épidémie s’accélère et continue à provoquer des décès. Le bilan faisait état lundi soir de 106 morts et plus de 6.000 personnes contaminées. Face à la situation, la Chine a décidé de reporter le début du 2e semestre dans les écoles et universités du pays.
Le directeur des soins de santé de base au ministère de la Santé, Chokri Hammouda a appelé lundi dernier les Tunisiens de retour de Chine depuis plus de deux semaines à appeler le numéro vert 190 en vue d’effectuer les diagnostics nécessaires suite à la propagation du coronavirus en Chine.