Le chef du gouvernement désigné, Elyes Fakhfakh, a presque assuré le passage de son gouvernement lors du jour de vote de confiance à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) prévu mercredi prochain. D’ailleurs, Ennahdha, le Courant démocratique, le Mouvement du peuple et Tahya Tounès ont tous affirmé qu’ils accorderont leur confiance au prochain gouvernement. Ainsi, Elyes Fakhfakh pourrait garantir les 109 voix requises pour obtenir l’aval de l’ARP.
Pour obtenir la confiance de l’Assemblée, il est nécessaire d’avoir l’approbation de la majorité absolue des membres (109 voix). De l’avis de nombreux observateurs, le gouvernement proposé peut s’assurer d’un soutien fort de 121 élus, si on comptabilise les voix de certains autres blocs parlementaires et d’autres députés indépendants. De ce fait, l’exercice de vote de confiance se présentera comme une simple formalité pour le chef du gouvernement désigné. Mais en dépit de cette position assez confortable, Elyes Fakhfakh est loin d’avoir une alliance gouvernementale solidaire, homogène et complémentaire. Car même si la ceinture politique du gouvernement se compose principalement de quatre grands partis politiques représentant toutes les familles politiques tunisiennes, comme il ne cesse de le rappeler, Fakhfakh sera confronté à un premier défi de taille, celui de l’unification de son équipe gouvernementale.
Tractations, manœuvres politiques, calculs et même échange d’accusations, c’est en tout cas ce que nous pouvons retenir de la récente période de formation du gouvernement, lorsque les partis impliqués étaient livrés aux rapports conflictuels et aux intérêts partisans. C’est ce qui explique la crise politique qui a éclaté au cœur de ce processus et qui a failli faire tomber ce gouvernement.
En effet, les observateurs, tout comme les citoyens, s’interrogent sur la capacité de cette alliance gouvernementale à surmonter ces rapports et ces conflits qui ont largement marqué ce processus de formation du gouvernement. Cette composition gouvernementale serait victime de toute la conjoncture politique qui a marqué ce récent processus entravé portant sur la formation du gouvernement.
Une crise de confiance ?
C’est dans ce sens que certains députés et acteurs de la vie politique ont exprimé leur crainte de voir cette coalition gouvernementale échouer au bout de quelques mois, ou à l’issue de la moindre crise politique qui pourrait sévir sur la scène politique ou parlementaire. Le député et président du bloc de la Réforme, Hassouna Nasfi, a fait savoir qu’actuellement ce gouvernement ne bénéficie pas d’un appui politique assez puissant, d’autant plus qu’il ne fait pas le consensus de tous les partis politiques. « Même au sein du bloc de la réforme, il y a une divergence concernant le vote de confiance pour ce gouvernement, c’est une question qui fait actuellement le débat au sein de notre bloc », a-t-il expliqué.
Même son de cloche chez Nesrine Amari, adjointe du président du Parlement, qui a également estimé que la ceinture politique du gouvernement Fakhfakh, même si elle pourrait assurer son passage, reste fragilisée et tributaire des éventuels conflits entre les différents partis concernés.
Elle a affirmé dans ce sens qu’au sein de cette alliance gouvernementale il existe une divergence concernant certains projets de loi entre le Mouvement du peuple et le Courant démocratique, d’une part, et le mouvement Ennahdha, d’autre part. Et c’est justement ces rapports entre ces trois partis largement impactés par les tractations sur la formation du gouvernement qui ne cessent d’affaiblir cette alliance. Parviendront-ils à dépasser ces conflits au nom de l’unité nationale ? Seuls les prochains jours pourraient apporter quelques éléments de réponse à cette question, d’autant plus que l’échiquier politique composé après les élections reste difficile à déchiffrer.
En tout cas, une crise de confiance est bien à l’origine de ces rapports conflictuels. D’ailleurs, les dirigeants du Courant démocratique et du Mouvement du peuple ne cessent de le répéter : aucune confiance au parti Ennahdha.
Donc, réunir son équipe gouvernementale autour d’un seul programme en dépit de ces conflits, c’est le défi de taille auquel sera confronté Elyes Fakhfakh qui a déjà lancé ses concertations avec les différents blocs parlementaire pour préparer un terrain politique propice au travail de son gouvernement, s’il obtient l’aval des députés. En effet, Elyes Fakhfakh s’est entretenu avec les présidents des blocs parlementaires, d’Ennahdha, du Courant démocratique, du mouvement Echaâb, de Tahya Tounès, de la Réforme nationale et d’Al mostaqbel. Des réunions qui interviennent dans l’objectif d’insister la nécessité de la collaboration collective, dans la période à venir, pour concrétiser les programmes du gouvernement.
Hier, il a également rencontré le président du parti Qalb Tounès, Nabil Karoui, dans le cadre des concertations sur le programme de gouvernement. Même si ce parti a été exclu de la formation du gouvernement, son président n’a pas décliné l’invitation du chef du gouvernement désigné pour discuter du programme du prochain gouvernement. Le président de Qalb Tounès a fait état, dans ce sens, d’une convergence sur certains points relatifs à ce programme.
Enfin, même si Elyes Fakhfakh est sur le point d’être le prochain chef du gouvernement, en attendant le jour de vote à l’ARP, il fait face à une coalition gouvernementale loin d’être solide et solidaire.