Deux cas de contamination confirmés en Algérie, une douzaine de morts en Italie, le coronavirus continue à inquiéter le voisinage de la Tunisie et la peur commence à s’emparer de l’esprit des Tunisiens qui craignent une infiltration de ce virus mortel sur le sol tunisien. Alors que les autorités compétentes ne cessent de transmettre des messages rassurants affirmant qu’aucun cas de contamination n’a été, jusqu’à présent, enregistré en Tunisie ni au sein de la communauté tunisienne installée en Italie, en Algérie ou ailleurs dans le monde, le risque reste élevé si on apprend que la Libye ne pourra pas faire face à une éventuelle propagation de ce virus sur son territoire, vu sa situation sécuritaire.
Apparue en Chine il y a deux mois, l’épidémie due au coronavirus continue à se propager et à causer des décès, les autorités chinoises ayant annoncé, hier, 29 nouveaux décès en vingt-quatre heures, le plus faible nombre en près d’un mois. Mais, ailleurs dans le monde, il se propage et concerne désormais environ 45 pays, dont notamment des pays voisins de la Tunisie. En Italie, le bilan de l’épidémie en question fait état de 11 morts, alors que l’Algérie a, jusqu’à présent, enregistré deux cas. Face à ces informations, l’opinion publique tunisienne semble avoir cédé à la peur. D’ailleurs, une hausse remarquable de la demande de masques sanitaires a été enregistrée en quelques heures, ce qui a provoqué une pénurie dans les pharmacies. En effet, plusieurs pharmacies, notamment celles du Grand-Tunis ont annoncé, hier, l’épuisement de leurs stocks de masques sanitaires après une forte demande enregistrée sur le marché, due à la propagation du coronavirus dans des pays voisins de la Tunisie dont notamment l’Italie et l’Algérie. Mais faut-il vraiment craindre une infiltration de ce virus sur le sol tunisien? La Tunisie est-elle vulnérable notamment au niveau de sa frontière sud ? Peut-on améliorer les dispositifs médicaux installés dans les différents aéroports et passages frontaliers ?
Les propos des autorités compétentes dont notamment le ministère de la Santé restent rassurants mais appellent à la vigilance extrême. En effet, le ministère de la Santé a, à plusieurs reprises, assuré que toutes les mesures nécessaires ont été prises pour éviter une contagion par ce virus en Tunisie, appelant toujours les citoyens à ne pas céder à la peur et à la panique. Des dispositifs de détection installés dans les différents aéroports et passages frontaliers, aménagement de salles d’isolement médical dans les hôpitaux, suivi quotidien de la situation épidémiologique dans les pays voisins, en Chine et ailleurs dans le monde, injection de fonds pour renforcer ces dispositifs… La situation n’est pas pour le moment inquiétante et la vigilance est à son plus haut niveau.
La situation en Libye inquiète
Mais le risque zéro n’existe pas notamment à la lumière de la propagation de ce virus dans des pays voisins de la Tunisie. Alors que le virus a fait son entrée en Algérie, la situation n’est pas pour le moment inquiétante dans la mesure où seulement deux cas isolés ont été recensés. C’est dans ce sens qu’une source auprès de l’ambassade de Tunisie à Alger nous a confirmé que les autorités algériennes ont pris toutes les mesures nécessaires pour éviter la propagation du coronavirus et que les deux cas enregistrés sont isolés et loin de la capitale, Alger. «Nous appelons tous les Tunisiens en Algérie à nous contacter pour les tenir informés de l’évolution de la situation qui n’est pas pour le moment inquiétante», a-t-on affirmé.
Si la situation en Algérie n’est pas inquiétante en dépit du fait que deux cas de contamination ont été confirmés, c’est le voisin du sud qui inquiète le plus. En proie à la guerre civile depuis plusieurs années, la Libye ne dispose pas actuellement d’un système sanitaire et hospitalier performant. Même si pour le moment aucun cas n’a été enregistré dans ce pays, le risque reste élevé. C’est en tout cas ce que pense Mustapha Abdelkabir, président de l’Observatoire tunisien des droits de l’Homme (Otdh) et connaisseur du dossier libyen, qui craint le fait que les dispositifs médicaux installés dans les passages frontaliers du sud ne soient pas suffisants. «Nous avons récemment rendu visite au passage frontalier de Ras Jedir et nous avons constaté la présence d’un dispositif de vigilance mais au vu des flux de migrants considérables et face à la situation en Libye nous craignons que ces mesures soient insuffisantes compte tenu des risques de la pénétration de ce virus en Tunisie», s’est-il inquiété. Pour lui, la situation en Libye est vraiment inquiétante car le pays connaît une situation de guerre civile et est dépourvue de toute capacité à détecter ou à prendre en charge d’éventuels cas de contamination sur son sol. «Plusieurs communautés et nationalités vivent actuellement en Libye et le pays reste hautement confronté à ce risque, ce qui met également la Tunisie en situation délicate», a-t-il encore noté.
45 pays touchés
Le directeur du service des urgences sanitaires au ministère de la Santé du gouvernement libyen d’union nationale, Tawfik Haricha, avait, pourtant, assuré, il y a quelques jours, que «la situation sanitaire en Libye était rassurante et sûre, car aucun cas de coronavirus n’a été détecté jusqu’à présent».
Compte tenu de ces données, nous avons essayé de joindre l’Office national des postes frontaliers terrestres et sa direction, mais toutes nos tentatives ont été vaines. En tout cas, les autorités concernées avaient affirmé que toutes les mesures de vigilance avaient été prises au niveau de tous les passages frontaliers avec l’Algérie et la Libye et notamment au niveau des aéroports. Selon un Conseil ministériel tenu récemment, une stratégie nationale de prévention contre le coronavirus a été mise en place et est basée sur plusieurs axes dont le plus important est de resserrer le contrôle aux passages terrestres, maritimes et aériens, la prévention et l’éducation sanitaire et la préparation au niveau des structures de santé publiques et privées.
Le directeur des soins de santé de base au ministère de la Santé, Chokri Hammouda, avait confirmé dernièrement que le gouvernement a alloué 4 millions de dinars au ministère dans le cadre de la prévention du coronavirus.
Le nouveau coronavirus a contaminé plus de 81 000 personnes et fait plus de 2760 morts dans le monde, selon le dernier bilan officiel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le coronavirus a fait son apparition dans plusieurs nouveaux pays — Estonie, Danemark, Grèce, Norvège, Macédoine du Nord, Roumanie, Géorgie, Pakistan, Brésil…, ce qui porte à plus de 45 le nombre de pays désormais affectés. L’Arabie Saoudite a suspendu hier à titre temporaire l’entrée sur son territoire des musulmans souhaitant effectuer la Omra.