Bien que les bilans épidémiologiques présentés quotidiennement par les autorités sanitaires soient pour le moment rassurants, le ministère de la Santé et les différents intervenants dans cette guerre contre le coronavirus ont haussé le ton en tenant un discours alarmiste visant essentiellement à sensibiliser contre la dégradation de la situation sanitaire. Alors s’agit-il d’un réel scénario sombre qui menace la population ou est-il question d’un discours misant sur l’effet de choc pour éveiller la conscience collective ?
En tout cas, une chose est sûre, le non-respect des dispositions du confinement total et les formes d’infraction du couvre-feu ne font qu’empirer la situation en renforçant les risques d’une contamination généralisée sur le sol tunisien. D’ailleurs, certains pensent que le ministère de la Santé a eu tort en misant sur une prise de conscience collective concernant l’application rigoureuse des dispositions du confinement total, d’autant plus que dans certains gouvernorats ou régions, des habitants ont pris d’assaut les bureaux de poste et les sièges des délégations pour récupérer leurs aides sociales, ce qui a aggravé la situation. Ainsi et face à cette image marquée par une infraction flagrante du confinement au vu et au su de tous – dans certains quartiers, la vie continuait comme si de rien n’était -, les autorités sanitaires et notamment sécuritaires n’ont trouvé d’autres solutions que de passer de la sensibilisation à la force de la loi.
Mardi dernier, tous les Tunisiens ont été d’ailleurs secoués par les larmes du ministre de la Santé Abdellatif Mekki, provoquant un effet de choc en vue de sensibiliser les citoyens à la dangerosité du moment et aux risques désastreux que peuvent causer certains comportements et agissements irresponsables. Ce discours alarmiste a été accompagné par un durcissement annoncé des dispositions du confinement et du couvre-feu : «Dorénavant, vous allez voir des arrestations et des assignations à résidence», a, à travers ces mots, mis en garde, pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Hichem Mechichi.
En effet, l’ordre a été donné au plus haut niveau : aucun dépassement ne sera plus toléré, l’application de la loi sera le maître-mot, a-t-il promis. En effet, lors d’un point de presse conjoint avec le ministre de la Santé, le ministre de l’Intérieur, Hichem Mechichi, a mis en garde contre les formes d’infraction du confinement total, affirmant que la situation épidémiologique en Tunisie était grave. Inquiet, il a noté que si ces agissements se poursuivent, le système hospitalier sera débordé, et «nous allons voir des malades mourir aux portes des hôpitaux».
Dans le cadre de cette politique de durcissement de ces dispositions de prévention, en cas de non-respect du confinement total et du couvre-feu, il y aura des sanctions pénales allant jusqu’à l’accusation d’homicide involontaire en cas de contamination de quelqu’un d’autre. Nous attendons ainsi que la loi soit désormais appliquée dans toute sa rigueur contre tous ceux qui ne se conforment pas aux règles du confinement sanitaire et du couvre-feu.
Arrestations, saisie de véhicules et autres
Depuis le début du couvre-feu, le 18 mars, et du confinement général, le 23 mars, et jusqu’à lundi dernier, plus de 195 personnes ont été placées en garde à vue pour avoir violé le confinement total ou le couvre-feu. Selon Mohsen Dali, responsable de l’unité d’information et de communication au Tribunal de première instance de Tunis et substitut du Procureur de la République, le ministère public a également délivré des mandats de dépôt à l’encontre de 74 personnes et décidé de poursuivre en justice 121 autres laissées en liberté. Outre ces arrestations, jusqu’à 50.000 permis de conduire ont été retirés à leurs titulaires et 2.000 véhicules ont été saisis pour non-respect des dispositions du confinement total et du couvre-feu.
Par ailleurs, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled Hayouni, a dû intervenir, hier, pour mettre fin à la rumeur selon laquelle le couvre-feu débuterait à midi au lieu de 18h00. Il a affirmé dans ce sens qu’aucun communiqué n’a été publié à ce titre et qu’aucune déclaration n’a été faite pour indiquer un changement d’horaire, précisant qu’en cas d’instauration de nouvelles mesures, ces dernières seront annoncées et diffusées par les parties officielles. Car, en effet, la rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux.
Rappelons qu’un couvre-feu entrant dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus est décrété depuis le 18 mars dernier. Il est appliqué entre 18h00 et 06h00 du matin. Un confinement général a également été décrété depuis le 23 mars. Cette période de confinement qui s’est achevée le 4 avril a été prolongée de deux semaines.
