La lutte contre le Covid-19 ne se joue pas seulement sur le plan sanitaire. Elle concerne aussi la vie économique et sociale. Une lutte de longue haleine qui risque d’engendrer de profonds bouleversements. Pendant et après la crise du coronavirus. Il est clair que nous ne sommes pas à la fin de la vague épidémique et que la Tunisie va devoir reconstruire un nouveau modèle économique. De nouvelles alternatives. On pense à l’étape de l’après-confinement. « Un plan global de résistance et de réanimation de l’économie » sera soumis prochainement par le gouvernement à l’Assemblée des représentants du peuple. Ce plan a pour objectif de créer une ligne de crédit exceptionnelle pour financer et restructurer 104 entreprises publiques, sous conditions d’effectuer des réformes nécessaires, voire douloureuses.
Dans ce qui ressemble à une économie de guerre, la Tunisie se prépare à vivre une situation difficile et contraignante au cours des 6 ou 8 prochains mois. Le pays risque de connaître ses pires années de récession. Nous pouvons vraisemblablement être au-delà des plus mauvais chiffres de croissance enregistrés depuis 2011 et la situation n’a rien à voir avec les crises habituelles. Signe de gravité de la situation : l’on parle déjà de ce qui doit ou ne doit pas rester en activité. C’est dire l’ampleur du choc économique auquel nous sommes confrontés.
La réforme des entreprises publiques s’imposait depuis des années. Leur restructuration pourrait être accompagnée par des décisions douloureuses. Les prochains mois imposeront des cessations et des restrictions inévitables. Mais si la crise sanitaire vient de mettre à nu les failles et les défaillances de plusieurs entreprises, dont certaines à caractère stratégique, et même vital, pour l’Etat, la pandémie n’a pas manqué en même temps de mettre en évidence des activités jusqu’ici mal considérées.
Alors que le plan de relance économique est en débat et pour que la vie continue malgré tout, il est nécessaire de développer un dialogue social, d’autant que la sortie progressive du confinement risque de mettre à mal la cohésion sociale. C’est pour mesurer ces conséquences que l’on doit se pencher sur les effets de la pandémie sur les différents secteurs économiques et sociaux. Les séquelles que laissera la crise, mais surtout les dispositifs à mettre en place pour l’après-Covid-19. La facture est déjà salée ! Le ralentissement de l’activité pèse jour après jour un peu plus sur notre économie. Le déficit et le manque à gagner se creusent de façon irréversible et insoutenable. Derrière autant de contraintes se joue la capacité de l’économie tunisienne à rebondir. Beaucoup d’entreprises survivent déjà péniblement. La crise sanitaire aggrave leur situation et risque de mettre en cause leur capacité de résistance.
En temps de disette, la règle dit que l’économie marche à la confiance. Les agents économiques sont appelés dès maintenant à donner des signaux et des messages positifs, à anticiper la rechute. Il serait certainement difficile de reconstituer la trésorerie, ou encore de relancer une production déjà déficitaire, mais plus que les moyens disponibles, le ton est donné. C’est le moment de travailler dans la sérénité et la confiance. Au-delà des déceptions et des frustrations, des échecs et des faux bonds des dernières années, il faut montrer un autre visage. Après tout, il est des banqueroutes porteuses de rebond… Et tant pis pour les déceptions, pour les cauchemars et pour les injustices.