C’est un secret de Polichinelle, le parti d’Ennahdha ne vit pas ses meilleurs jours. Et pour cause un conflit, pour ne pas dire une guerre de positionnement, au sein de ses structures, alors que le parti s’apprête à mettre en place un nouveau bureau exécutif et organiser son congrès
Le Bureau exécutif a été chargé d’expédier les affaires courantes en attendant la mise en place d’un nouveau bureau qui sera désigné puis validé, ou non, par le Conseil de la Choura. Mais actuellement, les divergences ne cessent de s’emparer d’Ennahdha où l’on assiste même à des conflits en interne. Certains leaders poussent vers un renouveau au sein du parti bleu, alors que d’autres, fortement soutenus par Rached Ghannouchi, veulent maintenir le statu quo. Une situation qui ne fait que fragiliser l’actuelle direction du parti conduite par Ghannouchi qui se trouve au cœur des tiraillements politiques au sein de son parti, mais aussi au Parlement où il est confronté à une imposante opposition. Ces tiraillements politiques portent également sur les relations détériorées entre le Bardo et Carthage, mais aussi au sein de la ceinture politique du chef du gouvernement où de grandes divergences entre Ennahdha, d’une part, et Attayar et Echaâb, d’autre part, commencent à prendre forme. D’ailleurs, la dernière réunion organisée par le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, ayant réuni les représentants de la coalition gouvernementale, même si elle a apaisé la tension, n’a fait que témoigner de l’existence d’une telle situation tendue.
Donc c’est dans ce paysage politique que le mouvement Ennahdha s’apprête à mettre en place son nouveau bureau exécutif. D’ailleurs, les observateurs de la scène politique commencent à se demander sur son profil et sa nature. Mais il est utile de le rappeler, au sein d’Ennahdha, tout passe par le vote de la Choura, donc c’est au sein de ce conseil que les dés seront jetés et que nous saurons si Rached Ghannouchi préservera sa forte mainmise exercée depuis toujours sur la décision politique du parti. Car même si ce bureau, contrairement aux autres partis politiques, ne jouit pas de grandes prérogatives, l’enjeu est de taille, il doit organiser le prochain congrès du parti, qui verra probablement l’élection d’un nouveau président. Les échos qui parviennent de ce parti laissent entendre que la décision de dissoudre l’actuel bureau exécutif, témoignant d’un remue-ménage important à Montplaisir, ne visait qu’à assurer un nouveau mandat pour Rached Ghannouchi. Si ceci passe forcément par la modification des règlements et dispositions internes du parti, or une grande résistance au sein des structures du parti s’y oppose, Ghannouchi semble vouloir retarder au maximum la tenue de ce congrès prévue cet été, pour s’offrir une marge de manœuvre.
Un bureau de choc!
En tout cas, certains dirigeants s’accordent sur ce fait, aucun nouveau changement des règlements internes du parti ne sera permis. Et c’est Samir Dillou, connu pourtant comme étant l’une des personnes les plus proches de Ghannouchi, qui l’a explicité, ses mots en disent long sur la situation : «Le mouvement se bat depuis sa fondation contre ‘le président à vie’ et contre la modification des lois fondamentales selon les contraintes».
Mais une fois installé et validé par le Conseil de la Choura, à quoi ressemblera le nouveau bureau exécutif du parti? S’agira-t-il d’un véritable air de renouveau du côté de Montplaiser ou sera-t-il question d’une direction qui continuera de caresser dans le sens du poil? Les avis divergent et la tension ne cesse de monter au sein d’Ennahdha, car même si Ghannouchi pourrait compter sur certains de ses inconditionnels fidèles, l’opposition et la résistance au sein du parti n’avaient jamais été égalées auparavant.
Mais pour certains leaders au sein du parti, les grands traits du nouveau bureau commencent à se former et les choses sont clairs. Selon Ajmi Lourimi, il faut s’attendre à ce qu’il appelle une nouvelle «composition de choc», en concordance avec le courant réformiste au sein du parti. Pour lui, le nouveau bureau du parti se «chargera d’exécuter les plans de réforme pour répondre aux exigences politiques à l’intérieur mais aussi à l’extérieur du parti’». Pour sa part, le ministre de la Santé, Abdelatif Mekki, et dirigeant de première ligne au sein d’Ennahdha, Abdelatif Mekki, a estimé que son parti nécessite la création d’une nouvelle génération de leaders pour mettre en place une nouvelle direction. Pour lui, il est peu probable que le chef du parti, Rached Ghannouchi, ait des intentions de briguer un nouveau mandant d’autant plus «qu’il faut respecter les dispositions du parti».
Quoi qu’il en soit, réformiste, conservateur ou révolutionnaire, le nouveau bureau politique d’Ennahdha ne mettra pas fin aux divergences et à l’agitation du côté de Montplaisir, d’autant plus que le parti lui-même connaît des zones de turbulences sur pratiquement tous les fronts.
Liberte
19 mai 2020 à 16:08
Certains députés changent d’opinion et à vrai dire s’embourgeoisent pour travailler moins et gagner plus, c’est tout à fait normal qu’un membre d’un parti politique verse une partie de son salaire à son groupe, bref la débauche ronge l’ARP et ainsi on est tenté à basculer ailleurs.