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Agriculture et sécurité alimentaire: Un plan d’action en réponse à la crise Covid-19

La pandémie du Covid-19 a dévoilé les faiblesses et les inégalités existantes dans les systèmes de la santé, ainsi que dans ceux agricoles et alimentaires. Les marchés mondiaux des produits alimentaires ont été sujets à des perturbations affectant, à des degrés divers, les chaînes d’approvisionnement, sans compter la variabilité de la demande qui joue un rôle important dans ce contexte.

Afin d’atténuer l’impact de la crise sanitaire sur l’économie nationale, le gouvernement a mis en place un arsenal de mesures préventives, adaptées et ajustées régulièrement. Dans la note d’orientation sur «l’impact de la crise Covid-19 sur l’agriculture et la sécurité alimentaire en Tunisie : défis et options de réponses», élaborée par l’AFO en juin 2020, ces mesures doivent tenir compte de la vulnérabilité des différents systèmes de production et de distribution, l’impact de la crise sur les importations et les exportations de certains produits alimentaires et l’intégration des chaînes de valeur prioritaires en Tunisie dans les chaînes de valeur globales.

Parmi les mesures proposées figure l’élaboration d’un plan d’urgence visant à couvrir les besoins du pays, notamment en céréales et maintenir les exportations des produits de la pêche, de l’huile d’olive, des dattes et autres fruits et légumes.

Dans ce document d’orientation, on insiste sur la concrétisation des mesures qui évitent les perturbations des chaînes d’approvisionnement alimentaires au niveau international et plaider en faveur de la continuité du commerce international qui sont d’une nécessité première.

Il s’agit, également, «d’analyser les risques et la sensibilité aux chocs de l’offre et de la demande pour les principaux produits, au niveau national et global, qui demeure prioritaire. Cela concerne notamment les intrants agricoles et l’agroalimentaire liés aux productions agricoles phares en Tunisie, à savoir les céréales, l’huile d’olive, les dattes et les produits de la pêche».

Cela sans négliger de repenser les stratégies visant à assurer la sécurité alimentaire du pays indépendamment de l’équilibre adopté entre souveraineté et sécurité alimentaire. «Ces stratégies se doivent d’être pertinentes, bancables et opérationnelles».

Répercussions

De même, l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri), dans sa dernière note publiée en juin 2020 sur «l’impact des répercussions de la crise Covid-19 sur la production, l’approvisionnement, les prix et les exportations des produits agricoles», indique que la pandémie Covid-19 est une occasion qui permet de nous renseigner sur la vulnérabilité de la production des filières agricoles et la commercialisation en temps de crise.

Les principales répercussions de la crise sur le secteur agricole, observées fin mars-début avril 2020, sont focalisées sur la perturbation au niveau de l’approvisionnement en intrants, de l’emploi dans certaines filières (transport et prévention) et difficultés de mener certaines tâches administratives, la commercialisation, la réduction de la demande (restaurant, hôtels), les restrictions de transport, les difficultés logistiques, et la fermeture des frontières, entraînant une réduction du trafic et la hausse des coûts.

Au niveau de la production agricole, elle n’a pas été touchée de manière directe par les répercussions de la crise, à part celle du secteur de la pêche. Par contre, certaines productions ont été affectées indirectement par la baisse de la demande intérieure et extérieure.

Pour le secteur de la pêche, une série de mesures ont été prises par le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche pour éviter la propagation de l’épidémie du Covid-19 à bord des navires de pêche. En effet, «il a été décidé le 6 avril 2020 de suspendre l’activité des navires de pêche au filet ou au chalut dans les ports de pêche tunisiens. Cette mesure a été suspendue suite aux mesures prises par l’Etat autorisant la reprise des activités de pêche qui ont été suspendues après l’approbation du comité de sûreté, de sécurité, de santé, d’hygiène et de protection de l’environnement de chaque port. Cela a engendré une baisse de la production (-59% au mois de mars 2020 et -53% au mois d’avril 2020 comparés à 2019) qui a touché la plupart des activités de pêche et spécialement la pêche du poisson bleu, la pêche au chalut benthique et la pêche côtière».

Selon la même source, «la chute de production a concerné la majorité des gouvernorats. La baisse de production aurait des répercussions sur le niveau des prix et de l’offre dans le marché intérieur, d’un côté, et sur l’exportation, d’un autre côté, et affecterait donc le solde des échanges extérieurs».

Baisse de l’offre et des prix

Comme dans tous les pays du monde entier, la pandémie de Covid-19 a provoqué, en Tunisie, une crise et a entraîné plusieurs impacts directs et indirects avec des degrés d’importance variable au niveau de l’offre et de la demande des produits agricoles de base (céréales, fruits, légumes, produits de la pêche).

Les mesures mises en place par l’Etat pour contenir la propagation du virus, notamment au début du confinement total, «ont engendré un ralentissement poussé des circuits d’approvisionnement, de commercialisation et de distribution des produits agricoles, cette perturbation a particulièrement pesé sur tous les produits agricoles, entraînant ainsi une baisse de l’offre variant de 7% pour les légumes à 41% pour les fruits, suivie par une baisse remarquable des prix pour certains légumes».

L’Onagri indique que, pour remédier au ralentissement de l’offre et maîtriser les fluctuations des prix, plusieurs mesures ont été prises et mises en œuvre suite à l’ouverture des marchés et à l’adoption de procédures exceptionnelles pour faciliter la circulation des agriculteurs et activer l’approvisionnement des marchés. Ces mesures ont permis de réajuster la situation durant les mois d’avril et mai 2020, assurant ainsi une augmentation globale de l’offre en légumes de 13%, et la réduction du déficit total de l’offre en fruits à -4% pendant toute la période du confinement, par rapport à la même période de l’année précédente, et aussi de limiter la fluctuation des prix pour plusieurs produits, à l’exception de la pomme de terre qui a enregistré une baisse successive de 26% des prix moyens enregistrés durant avril et mai 2020.

Les produits de la pêche maritime sont les plus touchés par la pandémie Covid-19, comme en témoigne la baisse enregistrée au niveau de l’offre (-33%) pendant toute la période du confinement et l’augmentation excessive des prix pour plusieurs produits.

Par ailleurs, la note de l’Onagri montre que l’approvisionnement des céréales aux minoteries s’est déroulé normalement depuis le début de l’année avec une augmentation de 10 mille tonnes des quantités de blé dur écoulées sur le marché local et de 5 mille tonnes de blé tendre en mars pour surmonter la pénurie occasionnelle.

Exportation : changement

de destination

Pour ce qui est des exportations de produits agricoles et alimentaires, elles ont enregistré une baisse au cours des mois de mars et avril 2020, par rapport à 2019, malgré les exportations exceptionnelles de l’huile d’olive. Ainsi, les valeurs des exportations entre janvier et mai 2020 de certains produits ont observé des baisses : produits de la mer (-18,6%), dattes (-12,6%) et légumes (-6,3%), par rapport à la même période de l’année précédente, ce qui équivaut à une réduction de 105 millions de dinars du total des exportations alimentaires enregistrées jusqu’en mai 2020.

«La destination des exportations a également connu un changement notable. Le rythme des exportations est réduit vers les marchés traditionnels, en particulier le Maroc et les Etats-Unis (dattes), l’Italie (poissons) et Italie et France (légumes), avec l’émergence de nouveaux marchés, comme l’Indonésie et le Canada pour les dattes, le Japon pour les produits de la mer, et la Russie pour les légumes».

Quant aux importations de céréales, elles ont augmenté de 9,5% en 2020 par rapport à 2019. Les prix à l’importation du blé tendre ont diminué de 12,6% et ceux de l’orge de 23,1%. Seuls les prix à l’importation du blé dur ont progressé de 6,1% entre 2019 et 2020.

«Le ministère de tutelle est intervenu pour réduire autant que possible les effets de ces perturbations par la mise en place de différentes mesures. Par ailleurs, un plan d’action en réponse de la crise Covid-19 a été préparé début mai 2020». Il vise le renforcement de la sécurité alimentaire surtout pour les populations les plus vulnérables en zones rurales, le soutien aux filières les plus affectées par les perturbations et la réduction de la dépendance étrangère, la digitalisation (télétravail, numérisation des documents officiels, plateformes), l’innovation et le partenariat (e-commerce, applications digitales), la création de capacité de stockage additionnelle pour les céréales, la veille et le réseautage pour le développement des exportations agricoles, et la réalisation d’une étude d’impact de la crise Covid-19 sur le secteur agricole.

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