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Dépassés par les événements

IL y a de plus en plus de dérapages qui restent impunis. Les demandeurs d’emploi à Gafsa en ont voulu ainsi : bien qu’elle en soit productrice, la Tunisie va devoir importer pour la première fois de son histoire du phosphate ! Le Groupe chimique tunisien (GCT) ne peut plus honorer ses engagements. L’impossibilité de faire face à la multiplication des mouvements de protestation et des sit-in empêche encore et toujours le transport et l’acheminement du phosphate commercial par la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) vers ses clients, dont notamment le Groupe chimique tunisien à Gabès et la Société tuniso-indienne des engrais à Skhira. Tout cela sans compter son incapacité de renouveler les équipements vétustes, d’assurer les pièces de rechange, ou encore de rembourser les dettes cumulées depuis quelques années.

Triste retour de situation : la CPG, qui figurait parmi les plus grands producteurs de phosphate dans le monde, est aujourd’hui incapable de subvenir aux besoins mêmes locaux. Les manifestations bloquent la production et c’est toute l’économie tunisienne qui en pâtit.

Les données publiées par le ministère de l’Energie le 7 mai 2020 font état d’une baisse de l’ordre de 17% de la production globale de phosphate par rapport à la même période de l’année écoulée. Les pertes financières subies par le groupe ont dépassé les 760 MD depuis 2012, en plus de la régression de 40% du volume de production.

Les prévisions du Groupe tablaient sur une nette reprise de la production pouvant rééquilibrer ses états financiers. Mission pratiquement impossible. Le manque d’approvisionnement en phosphate provenant de la Compagnie de Gafsa s’est poursuivi. Pire encore, les quantités ont fortement régressé, passant de 8 millions de tonnes en 2010 à une moyenne annuelle de 3 millions de tonnes depuis 2011.

Résultat : le GCT demande l’autorisation du gouvernement pour importer du phosphate de l’Algérie avant fin septembre pour servir à la constitution d’un stock pouvant lui permettre d’honorer ses engagements en matière de production d’engrais. Un plan d’importation de quantités mensuelles avoisinant les 40 mille tonnes a été même élaboré.

Tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 2011 n’ont pas pu trouver une solution à la crise du phosphate. Les bonnes volontés ne suffisent pas et la manière de gérer ce dossier ne s’est jamais attaquée au fond du problème. Pour avoir fermé les yeux sur tout ce qui constitue une source de nuisance économique et financière, pour avoir été dépassées par les événements, les différentes politiques gouvernementales dans le traitement de la crise du phosphate, ainsi que l’inertie de l’appareil, ont autorisé les dérives et les dérapages de différents genres. C’est dire à quel point les responsables, qui ont pourtant un rôle d’appréciation et d’identification du problème en question, n’avaient pas vraiment conscience de la réalité. Il faut ramener autour de ce qui est entrepris à ce niveau un climat plus serein, assainir l’ambiance et apaiser un environnement de plus en plus tendu du fait des enjeux et des pressions.

Il est grand temps d’agir auprès de toutes les parties qui rendent impossible la production de phosphate et de façon générale la vie dans les villes situées au sud-ouest de la Tunisie, telles que Redeyef, Om Laârayes et Métlaoui.

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