
L’objectif de ce projet est d’amender la loi électorale et de modifier le régime politique en Tunisie. Pour l’ancienne cheffe de cabinet de Béji Caïd Essebsi, «il ne s’agit pas d’un front, mais plutôt d’un double processus pour ressusciter la famille politique nationale».
Encore une tentative pour rassembler la famille politique centriste livrée depuis plusieurs années à la divergence et aux conflits interminables. Les attentes sont de plus en plus élevées certes, mais l’enjeu est encore plus grand : parvenir à rassembler une famille politique effritée et convaincre l’électeur tunisien de l’importance d’un tel projet politique.
La présidente du parti Al Amal et ex-dirigeante à Nidaa Tounès, Salma Elloumi Rekik, qui mène cette initiative, est certainement consciente de l’énormité des défis qui l’attendent, d’autant plus que ses prédécesseurs, ayant eux aussi relevé le défi, ont essuyé un échec cuisant.
C’est dans le gouvernorat de Nabeul que Salma Elloumi Rekik, ancienne cheffe de cabinet de la présidence de la République, ancienne ministre du Tourisme, ex-dirigeante à Nidaa Tounes et actuellement présidente du parti Al Amal, a annoncé, récemment, la formation d’un mouvement fédérateur de la famille centriste impliquant plusieurs partis politiques.
Cette annonce intervient suite à une série de rencontres ayant réuni aussi l’ex-dirigeant de Nidaa Tounès, Ridha Belhaj, et le président du Mouvement démocratique, Ahmed Néjib Chebbi, avec un nombre de conseillers municipaux appartenant à ces partis, et ce à l’effet d’examiner la création prochaine de ce nouveau mouvement politique.
Au fait, pour Salma Elloumi Rekik, il s’agit de deux processus pour lancer ce qu’elle appelle une large coordination de rassemblement de la «famille nationale». «Il ne s’agit pas d’un front, mais plutôt d’un double processus pour faire naître à nouveau la famille politique nationale», a-t-elle expliqué à La Presse, ajoutant que le premier processus vise à entamer et élargir les concertations avec les différents partis de la famille centriste pour former une telle coordination, alors que le deuxième concerne le lancement effectif et prochain d’un mouvement politique.
Fusion avec le Mouvement démocratique
Toujours selon les affirmations de l’ancienne dirigeante à Nidaa Tounès, le lancement de ce nouveau parti implique une fusion entre son parti Al Amal et celui d’Ahmed Nejib Chebbi, le Mouvement démocratique.
« Ce nouveau parti sera le fruit de la fusion d’Al Amal et du Mouvement Démocratique avec la contribution, bien évidemment, de Ridha Belhaj », explique-t-elle, affirmant que l’objectif suprême de ce projet politique étant d’amender la loi électorale et de modifier le régime politique en Tunisie. «Tout le monde s’accorde sur ce fait, l’amendement de la loi électorale et la modification du régime politique s’imposent aujourd’hui plus que tout pour sortir de cette crise politique», ajoute-t-elle.
Salma Elloumi Rekik affirme dans ce sens que de grandes personnalités ayant assumé des responsabilités au sein de l’Etat soutiendront ce projet, tels que notamment Habib Essid, l’ancien chef du gouvernement. Interrogé sur l’apport politique d’une telle initiative dans un paysage politique déjà surchargé et dans un contexte où la popularité des différents partis ne cesse de se dégrader, l’ancienne ministre du Tourisme et de l’Artisanat affirme que cette initiative comptera sur les jeunes compétences politiques et misera notamment sur l’implication des régions. «On ne peut pas concevoir un projet politique de réforme nationale sans consulter les régions, sans sonder leurs attentes et leurs revendications», souligne-t-elle.
Sur les cendres de Nidaa Tounès ?
Cette énième initiative de rassembler la famille politique dite centriste, progressiste ou encore démocratique ou nationale est née encore une fois sur les cendres de Nidaa Tounès, dernier parti à pouvoir rassembler les différents acteurs de cette famille politique bénéficiant notamment du profil rassembleur et charismatique de son fondateur feu Beji Caïd Essebsi. En effet, nombreux sont les partis qui ont été bâtis sur les «ruines» de Nidaa Tounes, promettant un renouveau à la scène politique tunisienne et notamment à la famille démocratique et centriste, mais ils ont été rapidement rattrapés par la réalité des divergences, des conflits internes et même des plans de sabotage.
Le mouvement Tahya Tounès, dernier héritier de Nidaa Tounès, parti fondé par et autour de l’ancien chef du gouvernement Youssef Chahed, illustre parfaitement ce constat. Le parti qui promettait un nouvel air politique à la famille centriste tunisienne se trouve actuellement au cœur des turbulences politiques, son fondateur avait reconnu lui-même la nécessité d’opérer de nouvelles réformes dans le cadre de «révisions nécessaires».
Ces partis sont-ils concernés par la nouvelle initiative de rassembler la famille centriste ? Pour Salma Elloumi Rekik, l’initiative reste ouverte à tous les partis qui partagent les mêmes principes, valeurs et visions de la famille centriste. «Le processus de lancer une large coordination de rassemblement de cette famille politique exigera plus de temps, d’autant plus que les concertations avec les différents partis concernés seront longues, mais nous sommes ouverts à tous les partis qui partagent les mêmes principes de la famille nationale», note-t-elle.