La corona qui repart, les vols et les viols qui redoublent, l’économie qui baisse, le chômage qui croît, l’émigration, la pauvreté; à propos de tous nos déboires actuels une chose est à dire, l’unique sagesse, peut-être : le mal est fait, allons de l’avant.
Le décompte des erreurs, le renvoi des torts, pire, la politique politicienne, ses bruyances et ses affrontements ne servent strictement à rien.
Il y a deuxième, troisième ou quatrième vague, le virus circule, «exponentiel»; augmentent les décès, manquent les lits, à qui incombe la faute ? Au gouvernement qui a rouvert les frontières et déconfiné ? Ou à la population qui a pris à la légère le déconfinement ? C’est à chacun sa « thèse », voilà des semaines. Mais en vain. On se pointe du doigt, on déplore les dégâts, on comptabilise, on sensibilise, on attise, on s’accuse à travers journaux et plateaux, on y prend visiblement goût, personne, en fait, n’en vient aux solutions.
Idem, face à la criminalité. Grosse tare sociale. Grande question de Droit. Mais qui semblent, comme échapper, subrepticement, à leurs sociologues, juristes et magistrats. Pour tomber dans «l’escarcelle» de l’opinion, voire, simplement, dans celle de la rue. La récente affaire Rahma est un vrai choc pour les fidèles de la république. Pour les légalistes et les modernistes. Rahma a été victime d’un crime monstrueux. Crime de braqueur ? Sûrement. Crime de violeur? L’enquête se poursuit. Il n’empêche, l’émotion populaire est telle qu’elle rejoint l’excès. Les réseaux sociaux, puis une foule montée à Carthage, ont réclamé l’application de la peine de mort. A en croire le ton, ni plus ni moins, qu’un retour à la loi du talion. Le Président de la République, imploré comme aux temps des califes, n’a pas le pouvoir de décréter la peine de mort, un moratoire de l’ONU l’en empêche jusqu’en décembre. Et il est probable qu’il vienne à se résigner. Le choc, dès lors : ces centaines de milliers d’internautes et ces centaines de citoyens, hors d’eux , de même que les quelques élites qui les approuvent, répondent finalement au mal par le mal. En y regardant bien, la grosse tare sociale, ni la grande question de Droit, ne méritent, à leurs yeux, examen. Donc solution. Mais, hélas, que réaction, et impulsion.
En tous points, la tendance est la même. La critique, la polémique, les regrets, les maux ressassés priment sur l’effort, la réflexion, l’approche de fond.
Sept chefs de gouvernements, trois présidents de la république et deux parlements élus depuis janvier 2011, on n’entend que plaintes au sujet de l’économie, et que des promesses de projets. Des analyses d’experts, aussi, sans lendemains.
L’emploi, les régions, l’émigration ne «bougent» pas voilà une décennie. Les mauvais bilans s’étalent à perte de vue. Aucune proposition de sortie.
A l’adresse des gouvernants, des élus, on répète et on insiste : assez de promesses, assez de plaintes, de regrets, à quand, vraiment, les solutions ?