Forcément, il y a encore beaucoup de choses à revoir dans la manière de jouer de l’équipe nationale et le comportement de ses joueurs sur le terrain. Dans la façon aussi de gérer le groupe. Des leçons à retenir, conformément aux objectifs à atteindre et aux obligations auxquelles les différentes parties prenantes font face. En dépit des insuffisances et des relâchements entrevus avant-hier face au Nigeria, il y a quelque part chez l’équipe de Tunisie une logique de fonctionnement qui correspond non seulement aux exigences du terrain, mais surtout à ce qui est susceptible de lui permettre de relever les défis. Tout cela est de nature à conditionner le rendement des joueurs, mais aussi les choix du sélectionneur. Le chemin reste encore long et les écueils peuvent être nombreux. Il faudra certainement à Kebaïer et à ses joueurs beaucoup d’efforts et de sacrifices pour que l’équipe puisse vraiment se remettre sur la bonne voie. On sait que les questions essentielles pour l’avenir de la sélection ne sont pas encore résolues, mais il est grand temps d’enrayer les dérives et les insuffisances qui ne cessent de revenir.
Le constat est là : en dépit de toutes les défaillances, la sélection continue à renvoyer à l’image d’une équipe qui tend à se transcender, d’ajouter une dimension à sa valeur malgré tout ce qu’elle peut encore rater, ou même gâcher.
L’histoire ne dit pas encore si l’objectif en cette période de crise sanitaire est destiné seulement à se remettre en compétition et de retrouver, à l’instar des autres équipes, la joie de jouer. Mais il nous semble que toute évolution devrait assurément découler d’une certaine logique. Ce qui doit être imposé aujourd’hui, c’est un jeu à grosse dominante d’intensité, de puissance et de performance.
Il faut dire, à ce propos, que chacune des étapes par lesquelles passe la sélection la prépare à la suivante. Certes, il lui manque encore de la rigueur et de l’allure, mais entre acquis et défaillances, les signes relatifs à l’émergence d’un ensemble uni, pour ce qu’il symbolise, pour ce qu’il est et pour ce qu’il sera, ne doivent pas passer inaperçus.
L’équipe de Tunisie est capable de retenir l’attention. Elle sait aussi maîtriser son sujet. Mais elle n’est pas encore en mesure de gagner par K.-O. Il lui arrive de dominer, sans pour autant triompher. Elle suscite autant le respect que la crainte. Elle est bonne à prendre. Elle réchauffe, ne met pas à distance et resserre les rangs. Mais son invulnérabilité n’est pas écrite d’avance. Dans un contexte sanitaire, plus que jamais particulier, elle devrait pouvoir faire face aux contraintes et aux exigences bien spéciales. A ce niveau, elle peut des fois aller loin, comme elle peut à tout moment céder. C’est pourquoi nous pensons qu’il est encore temps de situer l’équipe à sa juste place et à sa juste valeur.
On ne doit pas aussi oublier qu’on ne saurait jamais attribuer la réussite ou l’échec d’une équipe à des facteurs personnels ou exogènes. Les conditions favorables à l’une et à l’autre sont à la fois d’ordre compétitif et relationnel. Kebaïer devrait penser à ses prédécesseurs. A ceux qui ont réussi et ceux qui ont échoué. On sait que tout jugement à ce propos est relatif et risque même d’être subjectif, mais un climat de confiance et de complicité avec les joueurs devrait être la base de la composante et de la qualité du travail à accomplir. Il ne s’agit pas de changer pour changer. Mais de clarifier, de rassurer. La complémentarité et la bonne répartition des rôles sont une composante essentielle de la solidité de l’équipe. Jouer en sélection, c’est avant tout un état d’esprit. Une culture de jeu et de comportement à travers laquelle on ne saurait ignorer les passions qui peuvent remuer et secouer même les consciences.