Les blocs parlementaires de Tahya Tounès, la Réforme, le Groupe démocratique, ainsi que des députés hors groupes ont décidé de boycotter la plénière d’aujourd’hui qui sera consacrée à l’examen de l’amendement du décret-loi 116. A l’initiative d’Al-Karama, le projet en question a été publiquement rejeté par une large frange des structures représentant le secteur des médias.
Il va sans dire que dans le contexte sanitaire actuel, le Parlement aurait mieux fait d’examiner en priorité les projets présentés par le gouvernement en attendant bien sûr que les meilleures conditions politiques soient vraiment réunies.
Il faut dire qu’évoquer la vertigineuse descente aux enfers d’un bon nombre de députés ne sera pas de trop. Lorsque l’on soulève le couvercle des travaux de l’ARP, l’on ne peut se retenir devant le gâchis auquel beaucoup d’élus se sont adonnés. Au-delà de l’incapacité de ceux qui se sont érigés aujourd’hui en donneurs de leçons et investigateurs de bonne conduite, c’est le rôle, voire la présence de certains députés qui sont ainsi mis en cause. Leurs prérogatives ont pris une mauvaise tournure, surtout avec des dérapages qui désavouent les valeurs et les principes prônés et revendiqués en 2011. Et comme aucun travail sérieux n’a été fait au préalable, ce serait une illusion de s’attendre à une prise de conscience de la part de ceux qui n’arrêtent pas de surprendre par leur incompétence, leur inexpérience et surtout leurs dérapages.
Que ce soit sur le plan de la fiabilité politique, ou d’ordre personnel, il y en a de ces députés qui, même s’ils se présentent comme des élus du peuple, n’ont aucune crédibilité. On ne s’étonne plus des initiatives et des arguments lancés à tort et à travers. On ne voit pas non plus comment l’on peut tomber si bas. On ne voit pas, sinon très peu, ceux qui font vraiment l’unanimité. La majorité écrasante de ceux qui siègent aujourd’hui au Parlement est plus que jamais contestée. Des coalitions parlementaires, leur appareil et leurs hommes sont en train de souiller un monument prestigieux. Toute l’institution est en danger…
L’image donnée par le Parlement dépend beaucoup trop des dérives dans lesquelles il est entraîné et dont bon nombre de députés assument forcément une grande partie. Il est évident que tout ce qui se fait, tout ce qui se trame à l’hémicycle, on ne le voit plus seulement comme défaillant, mais surtout comme une déviance constituée et entretenue par des députés censés pourtant être responsables de leurs propos et de leurs actes. Ces phénomènes nous amènent à constater que les insignifiances et les dérives ne sont plus une affaire marginale au Parlement, mais qu’elles sont de nature à installer un climat de contrainte, de gêne et de doute.
Finalement, tout ce que l’on peut dire est que nous avons, à quelques exceptions près, des élites parachutées, qui n’ont pas le profil, que la vie politique, telle qu’elle est conçue et vécue aujourd’hui, a poussé au-devant de la scène certaines personnes qui n’auraient jamais dû être là où elles se trouvent.