Plus qu’un choix, le durcissement des mesures anti-Covid se présente comme un impératif absolu dans un contexte sanitaire de plus en plus inquiétant. Hier vers 2 heures du matin, la présidence du gouvernement a finalement annoncé de nouvelles mesures plus restrictives. Suite à la réunion de l’Instance nationale de lutte contre le Covid-19, au cours de laquelle les membres de la commission scientifique, les ministres de l’Economie, de l’Education, de l’Enseignement supérieur et des Affaires sociales ont présenté une évaluation de la situation, le Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a décidé de renforcer les dispositions déjà prises pour contenir, sinon minimiser, la propagation de la pandémie. C’est ainsi que les gouverneurs de tout le territoire tunisien sont appelés à instaurer un couvre-feu : de 20h à 5h du matin, de lundi au vendredi et de 19h à 5h samedi et dimanche. Les déplacements entre les gouvernorats seront interdits sauf pour des cas exceptionnels. Les cafés et les restaurants fermeront à partir de 16h. Les cours dans les écoles, les collèges et les lycées sont suspendus jusqu’au 8 novembre. Même chose pour les cours présentiels dans les universités publiques et privées qui seront assurés à distance pendant deux semaines. Les manifestations publiques et privées sous toutes leurs formes, les rassemblements de plus de 4 personnes dans les lieux publics, à l’exception des transports, la fréquentation des lieux de culte sont également interdits. Enfin, les horaires administratifs exceptionnels sont maintenus.
Il a été aussi décidé que tous les achats liés à la lutte contre le Covid-19 ne soient plus régis par l’arrêté relatif aux marchés publics. Une commission spéciale au ministère de la Défense, présidée par le directeur général de la santé militaire, assumera la supervision de l’opération en question.
Comme on peut le constater, il s’agit de mesures transitoires destinées à faire face aux débordements enregistrés lors de cette deuxième vague. Il est clair que nous aurons devant nous des mois difficiles à passer, mais durant lesquels on devrait continuer à vivre. Les nouvelles restrictions sont-elles suffisantes ? Peuvent-elles vraiment freiner la propagation du virus ?
Le constat est devenu ces derniers jours alarmant : les mesures déjà adoptées pour contenir la pandémie s’étaient avérées limitées aussi bien dans le temps que dans l’espace. Ça ne marchait plus et ça ne pouvait plus durer. Les risques étaient devenus incommensurablement importants. Le recours au durcissement des mesures sanitaires sur fond de restrictions renforcées ne peut pas à lui seul stopper la propagation de la pandémie. Quelles que soient les recommandations à prendre en considération, quelle que soit la nature des solutions proposées, quels que soient les sacrifices à consentir et le prix à payer, l’on continue encore à chercher la bonne équation, le bon équilibre. Comment concilier contrainte sanitaire et contrainte économique ? Le contexte est plus complexe que jamais. La pandémie de Covid-19 est en train de déséquilibrer les sociétés. Ses répercussions pourraient être ravageuses.
Le Chef du gouvernement a opté pour un nouveau tour de vis. Plus de fermeté, plus de rigueur. Il est parfaitement conscient du fait que le coronavirus n’est pas seulement une crise sanitaire. Il est devenu une crise économique, financière et même sociale. La sortie de cette crise, si elle n’est pas encore là, on doit la provoquer, lui baliser la route. Car elle finira un jour ou l’autre par arriver…