Il est vraiment regrettable que la distinction claire et saine de la transcendance de l’Etat des revendications publiques soit loin de la norme et à chaque fois remise en cause par les doléances, souvent excessives, voire déplacées, de certaines parties. Le fait est là : on assiste aujourd’hui à une confusion particulièrement orientée vers l’excès et la disproportion. On assiste ainsi à des dépassements commis à des degrés divers. L’impunité s’éternise et se conserve.
La liberté de manifester, de protester et de dénoncer n’est plus ce qu’elle était en 2011. Elle se laisse de plus en plus emporter par certains dividendes. Ses premiers revendicateurs ne donnent pas l’impression de pouvoir véhiculer les besoins du pays, ou encore la grande restructuration souhaitée. Si le milieu n’est plus conservateur à travers ses modes de fonctionnement, les problèmes des Tunisiens et des Tunisiennes n’ont pas trouvé de solution.
Ce qui se passe actuellement à El-Kamour dépasse toutes les lignes rouges entre ce qui est permis et ce qui est défendu. Depuis l’arrêt de la production de pétrole et de gaz dans le sud du pays par les manifestants, l’Etat subit de plein fouet les conséquences de la perte, du gâchis même, de pas moins de 4 mille millions de dinars par an. Un montant qui aurait pu servir pour alléger le déficit budgétaire qui ne cesse de s’amplifier.
L’Etat serait-il ainsi incapable de faire régner l’ordre ? En tout cas la vanne d’El-Kamour est toujours fermée et la production de pétrole et de gaz est encore paralysée. Tarak Haddad, celui qu’on présente comme étant la plaque tournante de tout ce qui se passe, empêche les sociétés pétrolières et gazières d’extraire et de distribuer leur production. L’absence de réaction des autorités déçoit autant qu’elle choque, si bien qu’il devient aujourd’hui et plus que jamais urgent de trancher et faire face aux abus et aux débordements qui se passent dans l’impunité totale.
Il convient de revoir les politiques menées depuis le déclenchement du sit-in, mais aussi celle d’aujourd’hui. Le vœu le plus cher des Tunisiens serait que les responsables dépassent les discours, les slogans inutiles pour rétablir l’ordre.
Les défaillances répétées et successives trouvent leur origine dans le déficit d’autorité. L’incapacité à faire respecter les règles est liée au refus d’incarner une autorité associée à un ordre bien défini. Oui pour l’entente, l’alliance, la concorde. Non, cependant, pour la persistance de l’impunité.
La Tunisie ne peut plus continuer à être la cible de personnes qui s’érigent en protecteurs au nom de l’intérêt personnel. En continuant à s’égarer, elles ne se contentent pas de se tromper, mais elles deviennent l’incarnation d’un manque de discernement.
Les autorités concernées doivent se prononcer et régler la crise d’El-Kamour qui ne cesse de porter atteinte à l’économie du pays. L’impératif de trancher dans un cadre légal est la pierre angulaire pour faire face aux débordements en tous genres.