ÇA bombarde fort et de tous bords sur le citoyen. Il ne peut plus faire face à une situation devenue insoutenable. L’étau se resserre et il n’arrive pas à joindre les deux bouts, à avoir suffisamment de ressources pour assumer toutes ses dépenses et boucler son budget mensuel. Entre-temps, des habitants et des employés des sociétés installées aux Berges du Lac II n’ont trouvé d’autre moyen pour faire entendre leur voix, mais aussi exprimer leur ras-le bol, que de manifester pour dénoncer le nouveau tarif de stationnement annuel fixé par la municipalité de La Goulette à 720 dinars. Un tarif non seulement déraisonnable, mais également inabordable aussi bien pour les habitants que pour les employés des sociétés domiciliées dans une zone jusque-là mal desservie par les transports en commun, qui ne dispose pas de suffisamment de parkings et qui est de plus en plus « envahie » par les zones bleues.
Certains « investigateurs de bonne conduite » se trompent en tirant trop sur la corde. Ils ne sont pas conscients du calvaire que vit le citoyen au quotidien. Tant de contraintes imposées pour si peu de retour. Démunis de tout dessein, dépourvus d’initiatives, ils ont leur propre raisonnement. Et s’ils ont pris aujourd’hui l’habitude de faire payer le simple citoyen, cela ne les a jamais fait avancer outre mesure. Inexistants et effacés face aux problèmes, ils ajoutent à ce triste constat un déficit de bienveillance et de discernement.
Il faut dire qu’au-delà des décisions, voire aussi des initiatives le plus souvent curieuses et pour le moins dénuées de sens et de raison, c’est essentiellement l’insensiblité qui conduit ainsi la plupart des responsables municipaux dans des considérations vraiment hors normes et qui ne tiennent pas compte de la souffrance qu’endure le citoyen. Cela prend des proportions encore plus décevantes lorsque toutes les lignes rouges sont franchies et qu’on rajoute à chaque fois une couche au mal déjà fait.
Pareils empiètement et immodération ont fini par devenir une source d’inquiétude, voire d’angoisse, chez le Tunisien qui voit chaque jour ses dispositions financières se dégrader. Il est aujourd’hui en droit de douter du bien-fondé de ce qu’on lui impose. Tout cela n’est pas rassurant. Et ne parlons plus surtout de l’opération reconquête des cœurs par les fausses promesses auxquelles s’adonnent les mairies, les présidents et les conseillers municipaux. Ce n’est plus aujourd’hui qu’un vœu pieux au regard d’une confiance de plus en plus perdue qu’ils cherchent désespérément à retrouver auprès des citoyens.
En manque de ressources et pour combler leur déficit, ils instaurent des tarifications et des redevances inopportunes, voire injustifiées. Le phénomène est en train de s’imposer : on se mélange les pinceaux et c’est le citoyen moyen qui est en train de payer pour lui et pour les autres. Les excès sont devenus courants.
La vie sociale entre dans une nouvelle ère, dominée essentiellement par la privation et les interdictions. Les contraintes et les obligations sont devenues incommensurablement énormes. Le Tunisien affiche trop d’appréhensions et beaucoup de réserves pour aborder les prochains jours dans la sérénité.