Accueil Sport L’invité du lundi | Anis Lounifi ( ex-champion du monde et sélectionneur dames de judo ) : « Le judo est devenu un sport à traditions en Tunisie… »

L’invité du lundi | Anis Lounifi ( ex-champion du monde et sélectionneur dames de judo ) : « Le judo est devenu un sport à traditions en Tunisie… »

Anis Lounifi est incontestablement une légende du judo tunisien et même mondial. Outre ses 50 titres individuels et 5 autres par équipes à l’échelle africaine, ses deux médailles d’or aux Jeux méditerranéens, il s’est illustré mondialement en étant le premier sportif tunisien ayant remporté le titre de champion du monde en 2001, organisé à Munich. Deux ans plus tard, soit en 2003, il a confirmé son talent en remportant une médaille de bronze au Mondial organisé au Japon. Il a créé au cours de ce Mondial une forte sensation en éliminant dans sa catégorie de poids (- 60 kg), aux quarts de finale, le grand champion japonais Namura Tadahiro, triple médaillé d’or aux Jeux olympiques. Une surprise qui a attiré l’attention des adeptes du judo mondial et a forcé le respect pour notre invité. Actuellement, coach de la championne Nihel Cheikhrouhou, il revient sur ses performances et ses chances lors des J.O. de Tokyo. Entretien.

Comment jugez-vous la prestation de Nihel au cours du Grand Master organisé à Doha ?

Bien qu’elle n’ait pas été physiquement au top à Doha, elle s’est très bien illustrée. En disputant 5 combats face à des adversaires redoutables avant de se piéger contre la Française Dicko, elle a montré des prédispositions rassurantes. D’ailleurs, elle a pris sa revanche sur trois adversaires de taille, à savoir la Portoricaine Mojica, la Camerounaise Mballa et la Brésilienne Souza, 6e mondiale. Elle a ainsi bénéficié d’ un avantage psychologique sur ces trois judokas. Et puis elle a avancé au classement de la FTJ de la 8e à la 6e place, ce qui lui donnera beaucoup de confiance en ses moyens surtout qu’elle est motivée et bien décidée de décrocher une médaille aux Jeux olympiques de Tokyo.

Effectivement, qu’est-ce qu’il lui faut pour qu’elle monte sur le podium à Tokyo?

Nous lui avons établi un programme de préparation étoffé et adéquat. Si elle l’exécute parfaitement et dans de bonnes conditions, elle sera fin prête pour les olympiades. Outre les stages à Tunis et à l’étranger, consacrés généralement au travail physique et mental, elle aura à prendre part à 6 grands rendez-vous dont le championnat du monde et celui d’Afrique.

Quelles seraient les principales adversaires de Nihel à Tokyo ?

Notre championne a atteint un niveau mondial. Elle connaît bien ses adversaires. Elle les a battues et avait pris le meilleur sur elles. Restent les judokas japonaise, coréenne et française qui demeurent redoutables. Mais j’ai pleine confiance en mon athlète. Elle est motivée et fait montre d’une rage de vaincre extraordinaire. Une fois passés les premiers tours, elle montera sur le podium à Tokyo.

Nihel est bien connue mondialement grâce à ses bons résultats aux Grands Chelems. Elle jouit d’une bonne réputation.

D’ailleurs, les responsables et les techniciens de la fédération française n’hésitent pas à l’accepter en stage avec les internationales françaises. Ils voient qu’elle a un niveau de qualité et que son encadrement technique est excellent.

A part Nihel,qui pourrait, parmi l’élite tunisienne, se qualifier aux jeux de Tokyo ?

Un des trois judokas suivants : Nihel Bouchoucha (70 kg), Frej Dhouib( 60 kg ) et Ghofrane Khélifi ( 57 kg ) qui se sont bien comportés au niveau africain. Mais la qualification aux olympiades reste tributaire du classement mondial.

Certainement que vous avez une idée sur quelques jeunes prometteurs que vous espérez encadrer.

Si. Il y a beaucoup de jeunes au talent fort prometteur dont Hamza Ouerghi, Alaa Chelbi et un certain Kossay. Ils sont doués grâce au travail bien fait dans quelques clubs, en particulier ceux de Kairouan, Sfax, ES Oued Ellil et Cité Intilaka.

Comment analysez-vous les progrès du judo tunisien ?

Le judo est devenu un sport à traditions dans notre pays. Et ce, grâce à beaucoup d’anciens pratiquants qui, à la retraite, n’avaient pas abandonné leur sport favori en demeurant dans le milieu, soit en tant que dirigeant, technicien, arbitre ou dans le corps médical.

Je cite dans ce contexte Hédi M’hirsi, ancien président de la fédération et arbitre international, Skander Hachicha, ancien champion et actuel président de la fédération, Abderrazak Turki, ancien champion et actuel DTN et beaucoup d’autres dont le kiné de l’élite Mouldi Hamma, ancien champion lui aussi.

C’est ainsi que notre fédération est bien structurée sur tous les niveaux ( formation d’entraîneurs, arbitres, administratifs, etc…). Elle est devenue un modèle de gestion par excellence.

Vous vivez bien votre métier de sélectionneur?

Je suis très motivé pour réaliser d’autres performances dans le sport tunisien.

Ancien athlète au Club de La Police, puis à l’EST, je me suis illustré sportivement comme athlète sur tous les niveaux (national, arabe, africain, méditerranéen et mondial).

Je suis également professeur émérite d’éducation physique et de sport et entraîneur national ayant encadré auparavant des judokas qui se sont distingués mondialement en remportant des médailles de bronze, à savoir Houda Miled en 2009 et Fayçal Jaballah en 2013. Une médaile olympique pour Nihel Cheikhrouhou sera une performance qui me motivera sans doute et me donnera un élan de plus pour continuer à travailler et à réussir.

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