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Entre démocratie et oligarchie

Il n’y a pas de problème dont une solution ne finisse par venir à bout. Les choses ne se passent pas cependant comme cela devrait l’être, ou encore comme souhaité, pour la classe politique. Face aux dérapages de la plupart des acteurs et au blocage politique qui ne semblent pas dégeler, la logique des choses prend d’autres significations. D’autres considérations. Notamment au-delà de ce qui est demandé, voire exigé.

Contrevenant à tous les usages, certains n’auraient-ils pas mieux fait de rester dans l’ombre ? C’est à cause de cette loi électorale et de ce système politique que la crise politique a remis en cause tout le processus démocratique tunisien, ou presque. Nous vivons sous la dictature des oligarchies des acteurs politiques. Ils s’emparent de tout et dictent «leur loi». Dans un contexte de construction démocratique, l’ordre est gravement remis en question. Ce qui a été annoncé en 2011 a montré sa fragilité depuis que des politiques, parachutés dans le milieu et auxquels on ne reconnaît aucun mérite, s’étaient excessivement accaparé les affaires du pays. Tout à coup, le Tunisien découvre que son avenir et celui de ses enfants, mais aussi les substances qui sont vitales pour toute la population, dépendent des ceux qui vont toujours là où ils ont un maximum de profit.

Est-ce que arriver à une suffisance démocratique serait une alternative plus importante que celle liée au pouvoir d’achat du citoyen, de son bien-être et de ce qu’il vit au quotidien ? Pour la plupart des Tunisiens, le processus démocratique s’est transformé en un choix perdant. Ils découvrent que leur bien-être normatif est érodé. Ils commencent à s’apercevoir que ce sont les plus pauvres et les plus démunis qui sont touchés de plein fouet par les crises. La victoire la plus éclatante des oligarchies politiques n’est-elle pas justement l’aliénation qu’elle impose à la conscience collective en faisant croire que seule la classe politique, tout particulièrement les élus du peuple, est capable de décider à leur place et de déterminer l’avenir du pays. Le simple citoyen n’est plus maître de son avenir. 

L’exemple le plus révélateur d’autant de dépassements est lié au phosphate. La Tunisie était l’un des principaux producteurs mondiaux de cette matière de base et tellement vitale. Dix ans après la révolution, elle est classée désormais dans la liste des pays importateurs pour assurer ses besoins, non pas par manque de phosphate, mais plutôt par incapacité de production. 

Il y a cette idée qui voudrait qu’à presque toutes les époques, il y a eu des dominants et des dominés et qu’il y en aura toujours. Mais dans les grands pays qui ont réussi leur transition, il n’y a jamais eu d’arrêt de production. Chez nous, il  est devenu un handicap suicidaire pour un pays incapable d’investir dans ses propres richesses. On aurait pu, on aurait dû introduire dans «la meilleure Constitution du monde» un article interdisant grève, sit-in, arrêt de production et spéculation dans les secteurs vitaux et de base, tels que le phosphate, le pétrole. Des acteurs politiques, porteurs d’une mission,  avancent dissimulés et de façon furtive aux yeux du grand public et décident aujourd’hui de l’avenir du pays. Sans qu’ils aient pourtant la légitimité. Encore moins le mérite…

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