LA plupart des actions menées pour faire face aux différentes épreuves que connaît le pays manquent de transparence et de crédibilité. Pour qui s’y arrête, le premier constat qui ne cesse d’interpeller, c’est souvent le manque de confiance que les citoyens nourrissent sur la manière de gérer les crises. Il en est ainsi de la campagne de vaccination contre le coronavirus dont les priorités définies dans tout le processus national ne sont pas visiblement respectées. Une transparence en demi-teinte, comme le souligne l’organisation I Watch en révélant que des agents de la santé non concernés par la première étape de vaccination et qui ne font pas partie des professionnels de la santé en contact direct avec les patients Covid-19 ont reçu des convocations pour être vaccinés. De même, des plasticiens, des vétérinaires, des étudiants en médecine résidant à l’étranger et des citoyens qui ne sont pas inclus dans les groupes prioritaires ont été également vaccinés.
On peut s’interroger quant à la transparence liée au processus de vaccination puisqu’il existe une charte qui définit les priorités établies dans une campagne nationale qui ne peut, du reste, s’accommoder de dérogations à des principes fondamentaux comme le respect absolu des engagements, le traitement équitable des citoyens et l’égalité des chances.
Toutefois, les signalements des défaillances ne concernent pas seulement la campagne de vaccination. Ils sont devenus tellement récurrents qu’on en fait chaque fois un cas. Certaines actions reflètent des parties emblématiques. Des fois symptomatiques. D’autres sont soumises aux excès courants. On n’est pas là évidemment dans une comparaison des défaillances et des déficiences, mais bien dans l’affirmation essentielle qu’une campagne de vaccination n’a plus aucun sens si son éthique fondamentale, en l’occurrence la crédibilité, n’est pas respectée.
Il n’est plus difficile de constater que bien des activités sont devenues le lieu de comportements douteux. La confiance ne règne pas toujours. Ce qui est entrepris ici et là n’est plus à l’abri des dérives. Il y a de ces modes d’emploi qui opposent bonne et mauvaise conduite. Il y a aussi ces comportements qui sont loin d’être des modèles de vertu. Mais il y a surtout de plus en plus d’intrus et d’opportunistes. N’importe qui fait n’importe quoi. Au-delà des attitudes le plus souvent curieuses et pour le moins dénuées de sens et de raison, c’est essentiellement la fausseté et la tromperie qui ont conduit certains dans les sentiers battus.
A travers ce qu’on ne cesse de laisser entrevoir et de proclamer dans la campagne de vaccination, il n’y a pas assurément une vision et encore moins une stratégie pour l’immédiat vraiment convaincantes. Tout un monde qui participe à lui seul à donner une certaine insipidité à un environnement sanitaire de plus en plus faussé.
C’est à tous les niveaux qu’il faudrait aujourd’hui craindre les dépassements qui dénaturent les actions entreprises. Là est sans doute le danger actuel qui guette le gouvernement, notamment à travers le comportement abusif de certains, ou même les relents récurrents à l’absence de morale.
Cela prend des proportions encore plus décevantes lorsque le contexte sanitaire, aussi sensible soit-il, devient explosif. Cette figure de méfiance, de doute et de crainte permanents a fini par devenir une source de pessimisme, voire de soupçons. Que nous reste-t-il si l’on abandonne la confiance, le respect des règles et l’intérêt supérieur du pays ?