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La politique n’est pas la guerre

La politique est une activité complexe et multiforme. La classe politique tunisienne s’en sert de manière assez spéciale, notamment dans l’exercice d’un pouvoir qui n’est pas à l’abri des excès, de la disproportion et du dérèglement. Un pouvoir qui dispose plus qu’il n’en faut de la vie publique.

Il est difficile aujourd’hui de ne pas réagir devant un paysage jalonné de dérapages en tous genres et dans lequel les abus et les excès dominent et n’obéissent qu’à leurs propres règles. Dans une fausse tentative de régulation et finalement d’un silence coupable, l’action politique mobilise des discours de haine, de rancune et de fanatisme. Des actes d’intolérance, de répulsion, d’intrigues et d’antagonisme. Aucune retenue, aucune ligne rouge ne semble empêcher la plupart des politiques de se démarquer de ce qu’ils croient leur appartenir, ou encore ce qui leur revient de droit !  Plus soucieux des intérêts partisans que de l’éthique et la morale, encore moins du contexte économique, social et sanitaire, ils restent intransigeants dans les conflits qui les opposent. Cela contredit encore et toujours la théorie de l’ouverture à l’autre, ou encore les contraintes et les exigences auxquelles le pays est aujourd’hui confronté.

En dépit des discours et des arguments lancés ici et là, les principaux acteurs politiques ne sont pas aussi ouverts qu’ils veulent laisser croire. Les frontières inviolables et qu’on ne s’est jamais permis de franchir ont été franchies, surtout par ceux qui revendiquent à leur manière leurs propres valeurs, leur propre histoire et leur propre modèle de gouvernance. C’est toute l’éducation « politique » qui arrive à manquer. Pareille défaillance n’est pas propre à un parti bien déterminé. Les dérives font le tour de tout le paysage politique. Sur fond de promesses non tenues, le Tunisien se sent déçu, peut-être même trahi.  De nombreux politiciens arborent aujourd’hui le costume de «trompeurs» aux yeux de ceux qui ont cru en eux. On ne peut que le regretter aujourd’hui.       

Il ne sert à rien de parler de modèle et d’exemple quand on n’est pas soi-même irréprochable. Occuper une haute place dans le paysage politique tunisien signifie que ceux qui briguent la confiance du peuple doivent en être dignes. Ceux qui ne respectent pas les valeurs sur lesquelles s’est construite et doit se construire encore la Tunisie ne devraient pas pouvoir donner des leçons.

La politique n’est pas la guerre, mais le virage dans lequel s’est engagé le pays sur un terrain glissant s’annonce dangereux. La Tunisie risque en effet aujourd’hui de perdre tout ce qu’elle a construit depuis son indépendance. C’est certainement cela qu’on doit appeler l’anarchie. Tout ce qu’il y a de plus détestable dans l’histoire des peuples.

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