La publication ou l’annonce de la nouvelle liste des joueurs retenus pour la phase finale de la CAN était impatiemment attendue.
Elle l’était, parce que la majorité des observateurs voulaient savoir si Giresse avait retenu quelques conclusions personnelles indépendamment de ce qu’on lui a transmis à son arrivée.
Il était temps, en effet, qu’il réagisse à la suite des rencontres amicales disputées conformément à la vision générale acquise , des ses observations et de ce qu’allait lui souffler son expérience.
Nous avons été quelque peu surpris. Mais pas beaucoup.
Assez pour constater que le sélectionneur national se classait, tout simplement, parmi les techniciens conservateurs qui se refusaient de courir des risques. En dépit de ses précédentes interventions auprès des médias, il avait laissé entendre qu’il y avait de la bonne graine au sein de ce championnat national.
Une compétition, qui, quoique quelque peu irrégulière, au rythme saccadé, réunissait de bons joueurs, susceptibles d’être appelés. Pour se rendre compte si ces « appréciations » ont été suivies d’effet, il faudrait parcourir la liste.
Marche forcée
La marche forcée, qu’a décidée d’imposer la FTF aux clubs pour boucler la saison, aura-t-elle des incidences, des répercussions sur la santé et le moral des joueurs convoqués pour la phase finale de la CAN ?
Personne ne saura y répondre avant la fin de ce rush qui mettra les joueurs et leurs équipes dans des situations difficiles, car ce qu’il faudrait craindre le plus, c’est bien ces blessures qui pourraient déjouer et fausser tous les pronostics.
La fatigue, la récupération et autres petits problèmes logistiques ou techniques, le personnel d’encadrement, surtout médical, pourra s’en charger.
Déjà, deux nouvelles, sinon trois sont venues animer le milieu ambiant de cette sélection : tout d’abord, l’épanchement de Syam Ben Youssef, qui a décidé, brusquement, de s’intéresser beaucoup plus, à sa famille et à son club.
Par miracle, il y pense à la veille d’une compétition importante à laquelle l’équipe nationale qui a fait sa notoriété se prépare.
Mais comme à trente ans on devient plus casanier cela se comprend, surtout que de jeunes défenseurs sont montés au créneau…
Entre deux chaises
La seconde concerne le capitaine de l’équipe qui se sent assis entre deux chaises au terme d’une saison pourtant très valable : l’entraineur de son club est partant et notre capitaine national qui se met à douter de son avenir. Il ne sait plus s’il reste ou s’il doit entrer en négociation avec un nouveau club. En pleine CAN !
Il ne semble pas avoir le moral et se sent orphelin.
La troisième concerne le duo de Dijon qui risque la relégation si ce n’est pas déjà fait et qui pose problème.
Certes, Sliti est sollicité par d’autres clubs, mais cela ne manque pas d’empoisonner l’atmosphère et d’introduire un doute bien séditieux dans les esprits. Quant à Haddadi, c’est le flou.
Si nous ajoutons à cela le stress de la finale de la Champions Ligue et la tumultueuse fin des compétitions nationales, nous nous retrouvons, le sélectionneur national se retrouve, avec des fonds sonores bien perturbateurs, à la veille d’une période où l’équipe nationale a besoin de calme, de mise en confiance et surtout d’un milieu ambiant dépourvu d’agitations exogènes, qui rendraient toute préparation plus que difficile.
Les éléments exogènes
Il ne faudrait pas oublier que cette CAN se joue en saison sèche.
La chaleur sera de la partie. En pleine période de vacances pour les joueurs venant d’Europe. L’ambiance sera aussi chaude, surtout que les équipes tunisiennes ont toujours été des empêcheurs de tourner en rond pour les Egyptiens. La fatigue d’une longue saison ne manquera pas de faire son effet et les relents se feront sentir par des comportements physiques et moraux, personnels, et collectifs, qu’il faudrait savoir gérer.
Il n’y aura pas beaucoup de changements.
Mais déjà, nous pensons que les changements se sont imposés d’eux-mêmes au niveau des gardiens de but, avec le retour en forme et en grâce de Ben Chrifia et la prolongation des « convalescences dorées » de Matlouthi, alors que Ben Mustapha est désigné meilleur gardien de but en Arabie Saoudite où la compétition n’est pas des moindres.
Des révélations quand même
La révélation de quelques jeunes éléments, a sans doute posé bien des soucis pour le sélectionneur qui a été dans l’obligation de faire des choix, dont les répercussions risquent d’être mal comprises ou critiquées, en dépit d’un semblant de logique.
De toutes les façons, on n’a jamais vu une sélection réunir tous les suffrages. Il y a toujours des commentaires qui accompagnent une liste et ce n’est point aujourd’hui que cette forme de subjectivité cessera lors de l’élaboration de la liste des convoqués qui changera peut-être après la série de rencontres amicales..
Giresse, en fin de compte n’a pas osé
Lui qui a vécu dans les coulisses de nombreuses sélections africaines qu’il a eu à diriger sait que ces CAN sont toujours objet de négociations de la part de joueurs, souvent fatigués, pas assez motivés (ce n’est pas un Mondial, une vitrine pour se mettre en valeur) et qui viennent parfois en trainant les pieds, alors que le reste de leurs camarades de clubs sont en-période de récupération pour entamer leur préparation d’avant saison.
C’est pour cette raison que le choix était difficile.
Toujours est- il que nous demeurons convaincus qu’une compétition ne se gagne pas avec seulement des « noms » mais bien souvent avec des combattants, prêts à aller au feu et à se battre avec la dernière énergie.
Il y aura des déceptions au niveau des jeunes qui montent.
Des déceptions
La compétition nationale en a révélé quelques, uns et les bonnes surprises ne manquent pas. Alors, entre un choix dicté par la logique de la place réservée et celle du coup de poker gagnant nous aurions opté pour la seconde alternative, partant du principe que c’est le joueur qui a besoin de son équipe nationale et non du contraire.
La preuve nous vient des « campagnes » orchestrées par des joueurs qui refusent qu’on les oublie et qui ont une peur bleue de ne pas être retenue.
Giresse se doit, de toutes les façons, de pénétrer les motivations des uns et des autres sans se laisser influencer par les campagnes, en faveur ou en défaveur de ceux qui souhaiteraient tomber malades pour prendre les vacances.
De toutes les façons, nous ne possédons pas des pépites qu’il nous aurait été impossible d’écarter, mais des joueurs assez valables dont les pendants sont facilement repérables au sein de notre compétition nationale.
Indépendamment de ces éléments, l’équipe de Tunisie a-t-elle les moyens de ses ambitions déclarées de se qualifier en quarts ?
La qualité est bien là, mais c’est au niveau de l’état d’esprit avec lequel se présenteront les joueurs que l’on pourra jauger de ses capacités.
L’équipe de Tunisie, en effet, n’aurait rien perdu au change.
Bien au contraire, elle y aurait gagné en injectant dans ses rangs des éléments qui seraient venus avec un état d’esprit dénué de calcul et de vedettariat inconvenant. Ils y seront venus pour se faire un nom, dépasser de nouvelles limites et non pas faire acte de présence pour en fin de compte quitter le terrain au premier choc.
C’est la raison pour laquelle Giresse aurait dû oser: « Il faut oser en tout genre ; mais la difficulté, c’est d’oser avec sagesse », dit-on.
A bon entendeur salut !»