Le soutien apporté par la directrice générale du FMI au Chef du gouvernement et à l’économie tunisienne peut-il être un garant fiable pour obtenir un accord avantageux avec cette organisation ? Notre Chef du gouvernement s’efforce de passer ici et là, de chercher un lobbying et de recevoir des ambassadeurs de grandes nations qui apportent leur soutien à la Tunisie, mais nous sommes encore loin de voir le bout du tunnel.
Situation économique chaotique et cumulée au gré des ratages et de la lassitude des gouvernements depuis 2015 (si ce n’est avant !) : nous sommes au bord du gouffre, nous sommes dépendants de l’endettement extérieur, faute de ressources budgétaires, essentiellement la fiscalité et les revenus des exportations et en général de la croissance. Mechichi ira au FMI avec des cartes pas très solides, mais avec un soutien politique international à l’expérience tunisienne. Les indicateurs économiques sont au rouge : endettement excessif, déficit budgétaire considérable, sans oublier la baisse de la production et l’effondrement de quelques secteurs compétitifs dû au Covid-19 en bonne partie. Le FMI négociera un programme de relance de l’économie qui sera basé sur des réformes douloureuses et sur un suivi minutieux des affectations de l’éventuel financement à offrir. C’est du « donnant-donnant » avec des échéances et surtout des mesures qui doivent être prises vite et sans hésitation. Alléger la masse salariale dans le secteur public, avec les plans sociaux et les départs forcés qui se feront coûte que coûte, et la baisse du déficit du budget de l’Etat en diminuant les charges publiques, notamment les frais de compensation de certains produits de base (alimentation, carburants), voilà deux axes inévitables si l’accord est signé. Le FMI l’a toujours fait sur les modèles de relance des économies en difficulté qu’il a actionnés (l’exemple grec). Au moment où la pandémie passe la vitesse supérieure, au moment où les principaux secteurs productifs sont paralysés par les effets du Covid et par l’insubordination, on prévoit un été très chaud. Les réformes douloureuses et indispensables pour obtenir un financement auprès du FMI vont venir, c’est un « must ». Si le gouvernement ne planifie pas déjà la stratégie d’opérer ces décisions douloureuses pour arrêter l’hémorragie, si la communication n’est pas intelligente, on peut risquer une très profonde crise sociale. Notre pays est comme un équilibriste sur un fil placé haut qui doit aller au bout de son chemin. Il doit marcher soigneusement mais avec tact et détermination pour éviter de chuter. Ça dépendra aussi du savoir négocier avec le FMI pour capitaliser un accord optimal compte tenu des urgences socioéconomiques et surtout de la typologie du paysage sociopolitique tunisien.