• « La situation socioéconomique est catastrophique ».
• « Tous les appareils de l’Etat sont actuellement hors de service ».
• « La centrale syndicale ne restera pas les bras croisés face à une situation sociale détériorée ».
• «Le ministre de l’Economie, des Finances et de l’Appui aux investissements se concentre seulement sur les intérêts des hommes d’affaires au détriment des droits des Tunisiens ».
• « Augmentation des prix de certains produits : une stupidité politique »
• « La Tunisie est devenue la risée du monde entier. Elle a perdu son poids sur la scène internationale ».
• « Le Chef de l’Etat n’a pas réagi positivement à l’initiative du Dialogue national».
• « Le Dialogue national devient lui-même une source de tension dans un paysage politique hautement tendu ».
Présidé par le secrétaire général de la centrale syndicale, Noureddine Taboubi, le bureau exécutif élargi de l’Ugtt s’est réuni, hier, pour revenir sur la situation sociale, économique et politique dans le pays. Si les récentes augmentations des prix de certains produits de consommation étaient au centre de cette réunion, la crise politique que connaît le pays a également été évoquée. Haussant le ton, Noureddine Taboubi a qualifié de catastrophique la situation socioéconomique du pays, appelant tous les intervenants à s’asseoir autour de la table des négociations pour sortir de cette crise. « Le pays risque l’effondrement et nous ne resterons pas les bras croisés», a-t-il menacé.
Le premier responsable de l’Ugtt s’est nettement attaqué au ministre de l’Economie, des Finances et de l’Appui aux investissements, Ali Kôoli, l’accusant de servir les intérêts de certains hommes d’affaires et groupes économiques d’influence. «Ce ministre provoquera l’effondrement du pays, il se concentre seulement sur les intérêts des hommes d’affaires au détriment des droits des Tunisiens», a-t-il déclaré.
Evoquant les récentes augmentations des prix de certains produits, Taboubi a sévèrement fustigé ces mesures, pour lui, il s’agit d’une «stupidité politique». «J’ai appelé le chef du gouvernement pour lui faire part de notre désarroi face à ces augmentations, cela émane d’une stupidité politique», a-t-il ajouté, affirmant que la Tunisie est devenue «la risée du monde entier et qu’elle a perdu son poids sur la scène internationale». Selon ses déclarations incendiaires, à la lumière des situations de pauvreté en Tunisie, ces récentes augmentations ciblent les Tunisiens et interviennent sous ordre de certaines parties.
Pour ce qui est de la situation politique, le secrétaire général de l’Ugtt estime qu’il s’agit d’une véritable crise politique qui secoue actuellement le pays et que tous les appareils de l’Etat sont actuellement hors de service. Il a appelé dans ce sens tous les protagonistes à assumer leurs responsabilités et à opérer les réformes nécessaires pour sortir le pays de cette crise.
Le dialogue national mort-né ?
En ce qui concerne le dialogue national, Taboubi a estimé que l’initiative de l’Ugtt est toujours au point mort et que le Chef de l’Etat n’a pas réagi positivement à cette idée, rappelant que la Centrale syndicale ne restera pas les bras croisés.
Cela fait plusieurs mois qu’on évoque la tenue d’un Dialogue national censé sortir le pays de cette situation de crise. Initiative de l’Union générale tunisienne du travail et solution proposée par la majorité des partis politiques, le Dialogue national devient lui-même une source de tension dans un paysage politique hautement tendu. Et pour cause, une divergence de points de vue entre la Centrale syndicale et le Président de la République, Kaïs Saïed, qui a, dès le départ, multiplié les conditions sine qua non pour superviser ce dialogue jusqu’à ce que l’Ugtt commence à évoquer de nouveaux processus et issues pour cette crise.
Pour Noureddine Taboubi, l’Ugtt garde en main des cartes de pression pour réactiver ce processus, promettant que la Centrale syndicale ne restera pas les bras croisés face à cette situation. Le secrétaire général de la Centrale syndicale a ajouté qu’il va tenir une réunion avec le Chef du gouvernement pour «prendre des décisions» quant à plusieurs questions sociales.
Des décisions antisociales
Les récentes augmentations des prix de certains produits de consommation ont provoqué le désarroi des citoyens. Si certaines augmentations ont été officialisées comme celles du prix du sucre et des tarifs de transport, d’autres sont en vue. Pour le Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, ces augmentations ont été approuvées par le Parlement mais retardées par les anciens gouvernements à des fins électorales.
Le ministre de l’Economie, des Finances et de l’appui aux investissements, Ali Kôoli, a évoqué récemment de nouvelles mesures douloureuses, notamment en ce qui concerne la gestion de la masse salariale et des dépenses de l’Etat. Sauf que pour l’Ugtt, le pouvoir d’achat des citoyens est une ligne rouge, d’autant plus que les négociations sociales traînent toujours.
Le Fonds monétaire international et les différents autres bailleurs de fonds ont appelé à maintes reprises le gouvernement tunisien à revoir sa copie en matière de gestion de la Caisse des compensations et de la masse salariale avant d’entamer de nouvelles négociations d’assistance financière.