Aujourd’hui, la femme tunisienne célèbre une fête qui lui est dédiée. Une journée nationale qui commémore la date décisive d’un certain 13 août 1956, le jour où le Code du statut personnel fut promulgué par décret beylical, cinq mois seulement après l’indépendance ! Le maître d’œuvre, un certain Habib Bourguiba, occupait alors le poste de Premier ministre. Le grand homme avait une vision, un programme et de la suite dans les idées. Il n’a pas su passer le flambeau à temps. Mais c’est une autre histoire.
La levée de boucliers que cet ensemble de lois progressistes avait suscitée tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ne l’a pas fait reculer, au contraire. L’abolition de la polygamie, l’instauration d’une procédure judiciaire du divorce et le mariage par consentement mutuel des deux conjoints poussent les femmes à s’exercer à la citoyenneté et leur attribuent une position privilégiée et enviée dans le monde arabe notamment. Par ce texte de loi, le nom de Bourguiba restera associé à jamais à l’émancipation de la femme tunisienne.
Les mentalités, dures à faire bouger, requièrent un souffle de longue haleine. Celles-ci avaient résisté et résistent encore de manière frontale ou insidieuse, condamnant les femmes à faire de leur vie un éternel combat. Toujours d’attaque, c’est une question de survie, les femmes tunisiennes se mettent à lutter et continuent de le faire, au quotidien, dans leurs foyers, à la rue, au travail, pour se faire une place, se faire respecter, défendre leurs droits et souvent ceux de leurs enfants.
Cette fête nationale est commémorée cinq mois après la fête internationale de la femme, rebaptisée Journée internationale des droits des femmes. Cette année, le 8 mars a pris un goût particulier dans un contexte pandémique mondial. Chômage et précarité ont frappé durement les femmes. La violence s’est décuplée à leur encontre, notamment en périodes de confinement. Le thème de la fête internationale, «Leadership féminin : pour un futur égalitaire dans le monde du Covid-19» a été donc choisi en résonance à un état de fait confirmé par les chiffres des Nations unies.
Pour se départir enfin de cet idéalisme béat et d’un pluriel sournois et trompeur, «les» femmes ne prônent pas toutes des valeurs paritaires et un idéal. Reniement de soi, elles sont les gardiennes du temple obsolète du patriarcat et de la misogynie. La liberté difficile à acquérir cède à la confortable subordination, elles sont les ennemies des femmes par procuration. Qu’à cela ne tienne, la journée du 13 août 2021, vêtue des couleurs de la nation, rouge et blanc, est une pierre de plus apportée à ce formidable édifice qui résiste depuis 65 ans.