Conférence de presse du « Collectif syndical contre le putsch sur les statuts de l’Ugtt »: Des syndicalistes tirent la sonnette d’alarme

Dans une conférence de presse tenue hier à Tunis, des membres du Collectif syndical contre le putsch sur les statuts de l’Ugtt ont appelé à lutter contre « la ligne bureaucratique au sein de la centrale syndicale ainsi que contre le libéralisme sauvage qui met en péril la classe ouvrière.

Les membres du collectif ont expliqué leur recours à une conférence de presse par le « blocus imposé aux médias pour museler les voix démocratiques et libres qui luttent contre les dérives autoritaires et bureaucratiques au sein de l’Ugtt ». Ils ont de ce fait mis en garde contre la direction actuelle de l’Ugtt des conséquences néfastes s’ils persistent à ignorer la décision judiciaire portant annulation des décisions du congrès extraordinaire tenue à Sousse en juillet dernier .

Ils ont aussi revendiqué l’annulation de toutes les décisions punitives prises contre les syndicalistes qui ont rejeté la dérive autocratique et bureaucratique,  ce qu’ils ont qualifié d’approche révolutionnaire de la Centrale syndicale. Il est à noter que le Tribunal de première instance de Tunis a rendu le 25 novembre dernier un jugement invalidant la décision du Conseil national de l’Union générale tunisienne du travail convoquant un congrès extraordinaire non électif, sur la base d’un recours déposé par un groupe de syndicalistes qui refusent la tenue de ce congrès, considérant qu’elle est contraire aux statuts du syndicat.

Il est à rappeler aussi que l’Ugtt avait tenu un congrès extraordinaire en juillet dernier, au cours duquel la révision de l’article 20 des statuts de l’Ugtt avait été approuvée, ouvrant ainsi la voie aux membres du Bureau exécutif de briguer un autre mandat en plus des deux mandats déjà cumulés.

Une étape charnière

« Nous sommes dans une phase charnière pour le devenir de l’Ugtt ainsi que pour celle du pays », a affirmé Taïeb Bouaycha, un des pionniers du mouvement syndical de l’enseignement secondaire et membre de ce collectif. Il a, à cet effet, indiqué que la situation des ouvriers et des salariés est « inquiétante » sur le plan professionnel et sur le plan de leur pouvoir d’achat qui s’et détérioré », a-t-il encore noté. Selon lui plus de 160 mille personnes ont perdu leur emploi depuis 2020, indiquant à ce propos l’envolée des prix et la domination des mécanismes de l’emploi précaire exposant ainsi les salariés à une grande souffrance due essentiellement à la détérioration des services sociaux et sanitaires. En contrepartie, la direction syndicale cherche à se positionner politiquement dans le pays, tout en poursuivant ses efforts pour l’amendement des statuts de l’Ugtt pour assurer leur maintien au sein des structures dirigeantes.

Dans le même sillage, Mme Monia Ben Nasr Ayadi a souligné que ce collectif a pris forme après avoir « épuisé toutes les tentatives de dialogue avec la direction actuelle de l’Ugtt ». « Ce collectif représente la ligne militante contre une ligne complaisante », a-t-elle affirmé.

Pour sa part, le syndicaliste Habib Jarjir a mis en exergue l’importance de cette démarcation, réfutant toutes accusations de vouloir nuire à l’image de l’Ugtt. « Au départ du différend, nous avons convenu de résoudre les problèmes en interne et avons opté pour que le mouvement se fasse sur le terrain. Ensuite, nous avons décidé de porter l’affaire devant la justice et nous attendons que la justice nous donne raison. Cela dit Habib Jarjir a indiqué que l’Ugtt avait saisi la CSI, ce qui ne nous laisse pas le choix que de préparer une offensive aussi sur ce plan. Dans le même contexte, le syndicaliste Habib Jarjir a fustigé la mollesse de la position des acteurs de la société civile, celle des partis ainsi que les médias qui « continuent d’ignorer notre lutte qui est au cœur même d’une bataille pour sauver l’Ugtt de la dérive et de l’éclatement et pour persévérer dans une voie démocratique et salutaire pour la classe ouvrière et pour le pays », a-t-il conclu.

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