Noureddine Taboubi à l’ouverture du congrès de l’Union régionale du travail de Tunis  : « Le 25 juillet n’est pas un projet personnel »

«Nous refusons d’être un outil de propagande pour n’importe quel acteur ou partie. L’Ugtt a toujours su conserver sa neutralité et son indépendance, mais nous sommes concernés par la chose politique car elle décide de l’avenir des Tunisiens».

Dans une ambiance festive et sous des slogans chantant le drapeau national, l’indépendance, la Tunisie et l’indépendance, l’Union régionale du travail de Tunis a tenu, hier, son congrès au Palais des Congrès à Tunis.

Pour le chef de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), Noureddine Taboubi, c’était une occasion pour envoyer les messages dans tous les sens et clarifier davantage la position de la centrale syndicale, notamment par rapport au processus du 25 juillet.

Dès le début de son intervention à l’ouverture des travaux de ce congrès, Taboubi a démenti toute information laissant croire qu’il allait prononcer un discours incendiaire, insistant sur la nécessité d’opter pour le calme et la retenue dans ces circonstances difficiles que connaît le pays.

Evoquant, en effet, le processus du 25 juillet, il a laissé croire que l’Ugtt était claire dès le départ et était aux côtés du peuple dans la mesure où ce processus a mis fin à une décennie de gestion catastrophique des affaires de l’Etat. Il a ajouté, dans ce sens, que contrairement aux autres responsables et politiciens, le Président de la République est clair et s’adresse directement au peuple. «L’homme est clair, il va droit au but, il a présenté son projet politique, son calendrier électoral et a appelé les Tunisiens aux élections anticipées», a-t-il encore dit. Cependant, pour lui, «le 25 juillet n’est pas un projet personnel car il implique une large partie de la population et doit être ouvert aux différentes discussions et impliquer l’Ugtt qui dispose d’un réseautage même avec la classe politique».

«Nous refusons d’être un outil de propagande pour n’importe quel acteur ou partie. L’Ugtt a toujours su conserver sa neutralité et son indépendance, mais nous sommes concernés par la chose politique car elle décide de l’avenir des Tunisiens».  

«Les actions historiques de militantisme de l’Ugtt ne seront jamais effacées»

Exposant l’histoire de l’Union dans la lutte contre l’occupation française, Taboubi a rappelé que la centrale syndicale était présente durant toutes les étapes de l’indépendance. «Notre indépendance restera gravée dans l’histoire, et même si l’Etat doit faire certaines révisions, personne ne pourra effacer cette date qui nous rend tous fiers», a-t-il souligné.

Répondants aux personnes qui accusent l’Ugtt de vouloir entraver le pays, Taboubi a affirmé que l’Union a accompagné le peuple dans ses différentes revendications, rappelant les grèves générales qu’elle avait décrétées durant la Révolution, notamment à Sfax. «Certains veulent  effacer les actions historiques de militantisme de l’Ugtt mais ils ne vaincront pas, car il s’agit de nos principes et nos valeurs», a-t-il ajouté, promettant «qu’ils resteront forts et unis face aux tempêtes».

Crise sociale

Participant à l’ouverture de ce congrès, les différents responsables syndicaux ont estimé que ce congrès est crucial pour l’avenir de la centrale syndicale mais aussi de la Tunisie.

«Ce congrès intervient dans une situation exceptionnelle. Aujourd’hui, notre pays nous appelle à l’aide, tous les économistes ont alerté contre la situation dans le pays, mais nous n’avons rien vu de la part des autorités et des politiciens», a, pour sa part, déclaré le secrétaire général adjoint de l’Ugtt, Taher Barbari.

Au fait, tous les intervenants à ce congrès ont pointé une situation sociale catastrophique et certains ont prédit même une explosion sociale dans les jours à venir, d’autant plus que la cherté de la vie et la «hausse des prix des produits de consommation est devenue inarrêtable».

Ils ont surtout épinglé onze ans de mauvaise gestion des affaires du pays, tirant à boulets rouges sur les différents gouvernements et les décideurs qui se sont succédé à la tête de l’Etat depuis la Révolution.

Discussions avec le FMI

Pour ce qui est de la crise économique, le chef de la Centrale syndicale, Noureddine Taboubi, a appelé le gouvernement à donner des éclaircissements quant à la gestion de cette crise. «La situation du pays va de mal en pis, et nous n’avons aucune vision sur la stratégie gouvernementale pour lutter contre la crise», a-t-il regretté.

Dans ce contexte, Taboubi a annoncé qu’il se réunira vendredi prochain avec une équipe du Fonds monétaire international (FMI) qui sera en visite en Tunisie, se disant ouvert aux réformes dans le cadre de la préservation des droits des Tunisiens, ajoutant que le secteur de la fonction publique est une ligne rouge. «J’appelle le Président de la République à considérer le secteur de la fonction publique comme une ligne rouge», a-t-il conclu.

Et de souligner le droit des travailleurs d’observer des grèves et de défendre leurs droits en dépit de cette situation difficile.

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