Quand le sport devient politique

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Editorial La Presse

LE sport est aujourd’hui de plus en plus instrumentalisé. La tentation de l’utiliser, de le manipuler, de le contrôler est souvent grande tant sa place est cruciale. Véritable phénomène de société, il n’échappe pas aussi, et surtout, aux enjeux et aux maux qui affectent le milieu politique.

La tendance à politiser le sport a ainsi engendré une certaine spécificité. Nombreuses et variées sont les prises de position conditionnées et la plupart du temps dénaturées. La plus évidente est la politisation croissante de tout ce qui a trait aux activités sportives.

En guise de protestation contre l’accueil réservé par la Tunisie au chef du Polisario lors de la Ticad, des fédérations marocaines ont annoncé, et continuent encore de le faire, le boycott et leur retrait des compétitions sportives organisées par la Tunisie, ou encore celles auxquelles notre pays participe !

Il ne fait aucun doute que la crise et le malaise engendrés par de telles décisions font écho à une déformation sans précédent dans les relations sportives entre les deux pays.

Si l’idée de la neutralité et de la séparation du sport de la politique est aujourd’hui une illusion, il convient quand même d’attirer l’attention sur les dérives et les erreurs auxquelles pourrait justement conduire un parti pris aussi inconséquent.

Les instances sportives et les médias marocains oublient que le sport peut être une arme à double tranchant et qu’il peut, beaucoup plus que d’autres activités, révéler et renforcer les divisions. Mais au-delà des jugements, des allégations, des insinuations et des accusations lancées à tort et à travers, au-delà aussi des mensonges, de la tromperie et de la fausseté qui ont accompagné les discours de dénigrement et les prises de décisions, c’est l’honnêteté intellectuelle et sportive qui est aujourd’hui mise en cause.

Quand le sport devient un objet politique, l’activité sportive subit de plein fouet  une dénaturation existentielle dans laquelle se profilent les dessous d’un environnement décomposé et altéré.

Finalement, et même si on continue d’admettre que le sport intègre socialement, il doit être préservé de toute ingérence. Il n’a rien à faire, ni à voir, avec les luttes idéologiques et l’instrumentalisation politique.

Les responsables sportifs et les médias marocains ont visiblement laissé de côté toutes les vertus qui font du sport un langage universel, un moyen qui rapproche les peuples, un moyen qui ouvre les frontières et qui favorise les échanges.

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