Handball | Evaluation de la participation de la Tunisie au Mondial : Pouvait mieux faire !

 

Après avoir remporté brillamment la Coupe du président, il y a de quoi se rassurer sur l’avenir du sept national. Mais…

Finalement, et il faut quand même s’en féliciter, on n’est pas rentré bredouille de l’expédition mondialiste, en ramenant dans nos bagages le trophée du rachat, à savoir la Coupe du président, convoitée par sept autres nations. Si les éternels insatisfaits, qui prennent souvent les tomates pour des pommes, s’en moquent, il n’en est pas de même pour les sages qui ont, bien au contraire, applaudi, non par excès de patriotisme, mais tout simplement par réalisme, détails et pièces à conviction à l’appui.

Parlons chiffres d’abord, avec un bilan qui s’établit comme suit : 7 matchs, 4 victoires, un nul, deux défaites, 198 buts pour et 195 buts contre. Ce parcours nous aurait fait énormément plaisir n’eût été la douloureuse élimination au premier tour. Et c’est justement sur cette amère désillusion qu’il faut s’attarder et épiloguer pour en tirer les conclusions et empêcher qu’elle ne se reproduise à l’avenir. Évaluation

Que de regrets 

En posant ses valises en Suède à moins de 24 heures de… son premier match (des problèmes de vols aériens y étaient pour quelque chose), le sept national ne faisait pas impression et n’avait rien d’un épouvantail. Jugez-en : un sélectionneur fraîchement enrôlé, donc connaissant vaguement ses poulains, séquelles des deux échecs récents en Coupe d’Afrique (finale perdue à Tunis même) et au championnat du monde au Caire (25e place) et absence (pour diverses raisons) des vieux routiers de l’équipe Oussema Hosni, Mosbah Sanai, Marouen Chouiref, Oussema Jaziri et Mohamed Soussi. Absences qui se feront hélas lourdement ressentir. Et puis, ce rajeunissement massif de la troupe qui, à l’exception de quatre trentenaires, détient une moyenne d’âge de 24-25 ans. En dépit de tout cela, on a eu la chance d’être ménagé par un tirage au sort clément, la poule comptant au moins deux équipes (Bahreïn et Belgique) tout à fait à notre portée .D’où l’éventualité, autant dire la certitude qu’il y a de quoi se rassurer sur la qualification au 2ème tour. Que nenni, parce que c’était sans compter avec la cruelle vérité du terrain. A commencer par le «naufrage bahreini» suivi du «drame belge». Ici et là, ce qu’a présenté le sept national en termes de déficit était absolument incroyable, presque du jamais vu dans le palmarès de nos participations au championnat du monde depuis 1967 ! Un gâchis colossal à tous les niveaux qu’on peut expliquer par moult raisons. Premièrement, les errements rocambolesques d’un coach qui, outre son incapacité à vaincre son dépaysement et à s’intégrer dans son nouvel environnement tunisien, a prouvé, par ses choix controversés et son entêtement à ne jamais changer son système de jeu fétiche (le 0-6) quelles que soient les circonstances, qu’il n’a pas encore fait, deux mois après sa venue dans nos murs, la… connaissance de ses poulains ! 

Deuxièmement, ces derniers sont hâtivement tombés dans le piège de la précipitation pour ne plus en sortir, accumulant — durant les deux premières rencontres — maladresses et ratages les plus inimaginables. On ne pouvait descendre si bas. Faut-il leur en vouloir ? Erreurs de jeunesse ? Surplus de fragilité mentale ? Ou le tout à la fois ? Le plus bizarre est que les cadres de l’équipe, censés être moins gaffeurs parce que plus expérimentés, ont mis la main à la pâte pour rivaliser de fautes enfantines ! D’où cette question : ne fallait-il pas se passer définitivement des services de la vieille garde, après l’avoir déjà démembrée par l’éviction des Chouiref, Hosni, Hlal, Bennour et autres Jaziri et Soussi ? Cette démarche aurait été sans doute soutenue par tout le monde, étant donné que la fédération, à la faveur de sa volonté maintes fois réaffirmée d’investir dans l’avenir, a manifestement opté pour le rajeunissement de l’effectif de la sélection. 

L’inévitable exemple égyptien 

Cette option futuriste, nous nous joignons à tous ceux qui la défendent, et il serait suicidaire de l’abandonner, quels que soient les raisons et les prétextes. D’abord, parce que dans les traditions sportives, tout international qui a fait son temps et qui n’a plus rien à donner est à remercier. Ensuite, parce que ce Mondial a confirmé que la relève dont nous rêvions depuis belle lurette est aujourd’hui potentiellement là. En effet, avec 90% des joueurs à la moyenne d’âge ne dépassant pas les 25 ans, on peut dire que l’effectif est foncièrement prêt pour les prochaines échéances internationales et continentales. Prêt, disions-nous. Mais, attention, il est à jurer qu’il ne le serait plus, s’il venait à basculer dans le délaissement, sous le prétexte sordide du manque de moyens financiers. Et là, nous estimons que la balle est dans les camps du ministère de la Jeunesse et des Sports et de la Fthb. Le premier devra, il était temps, s’inspirer de l’inévitable exemple de son homologue d’Egypte qui a, au cours des quatre dernières années, lourdement et généreusement investi dans le handball, avec un volume de dépenses estimé à des dizaines de millions de dollars. Le donnant-donnant tant escompté n’a pas tardé à se manifester, de magistrale façon. En ce sens que les Pharaons dont le nombre de salles, de joueurs et de clubs ne cesse de pulvériser les records sur les scènes arabe et africaine, ont, depuis, remporté le titre mondial des cadets, atteint la deuxième place mondiale chez les juniors et gagné la 4e place mondiale et olympique chez les seniors, tout en continuant, à nos jours, d’imposer leur «diktat» en Afrique dans ces trois catégories. Bref, une véritable révolution handballistique pilotée par l’Etat et sur laquelle les médias occidentaux n’ont pas tari d’éloges, «pour son exemplarité et la largeur de son champ d’action». Et dire que ses dividendes ne semblent pas près de se tarir. De ce fait, si par miracle notre ministère opte pour le copier coller, nul doute, parions-nous, que l’actuel empire du handball arabo-africain abandonnera les pyramides du Caire pour venir se réinstaller à Carthage. Car, justement chez nous, toute fédération ambitieuse, et celle de handball en est une, a impérieusement besoin de fonds et de montants à neuf zéros pour pouvoir mettre à exécution réformes et projets d’avenir. 

Pourvu qu’on nous entende de cette oreille. 

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