Accueil A la une Entre poursuites judiciaires et pressions politiques : Que reste-t-il de Ghannouchi ?

Entre poursuites judiciaires et pressions politiques : Que reste-t-il de Ghannouchi ?

 

Que reste-t-il du mythe Rached Ghannouchi ? Saura-t-il dépasser cette période extrêmement compliquée ? Ses alliances locales et internationales pourraient-elles le sauver du gouffre dans lequel il s’enfonce jour après l’autre ? Tant de questions se posent, mais les réponses sont rares.

C’est l’une des phases les plus sombres par lesquelles il passe. A cet âge, Rached Ghannouchi, président du parti Ennahdha et symbole de la mouvance islamiste dans le monde entier, s’enfonce dans une situation extrêmement délicate.

Les accusations portées à son encontre tombent comme une pluie de chagrin, son parti livré à lui-même et ses idées et positions ne peuvent plus convaincre au vu d’une décennie de mauvaise gestion du pays et d’alliances politiques contre nature. Rached Ghannouchi risque gros, si on rappelle l’énormité des poursuites judiciaires le ciblant. Rien que pour l’affaire pour laquelle il est en prison, il serait accusé d’atteinte à la paix sociale.

En tout cas, Rached Ghannouchi n’est plus la personnalité politique que nous avons connue tout au long de ces dernières années. Sa voix ne fait plus l’unanimité même au sein de sa structure politique. On se rappelle tous, qu’avant les événements du 25 juillet, un nouveau mandat à la tête d’Ennahdha qu’il envisageait de briguer a fait imploser son parti. Que reste-t-il du mythe Rached Ghannouchi ? Saura-t-il dépasser cette période extrêmement compliquée ? Ses alliances locales et internationales pourraient-elles le sauver du gouffre dans lequel il s’enfonce jour après l’autre ? Tant de questions se posent, mais les réponses sont rares.

Les derniers rebondissements font savoir que Rached Ghannouchi a été auditionné lundi dernier par la Brigade de lutte contre le terrorisme à la caserne de la Garde nationale à l’Aouina, dans une plainte déposée à son encontre par un syndicaliste sécuritaire. Ce dernier affirme détenir une vidéo montrant Ghannouchi en compagnie de terroristes. «Rached Ghannouchi a été conduit lundi de la prison civile de Mornaguia à la caserne de la Garde nationale à l’Aouina, pour être confronté à une personne qui avait précédemment déclaré avoir une vidéo filmant une réunion entre Ghannouchi et des éléments terroristes. Ghannouchi a nié les accusations portées contre lui, ajoutant que la personne qui a porté plainte a «indiqué qu’elle a perdu la vidéo», explique son avocat qui affirme que cette affaire sera probablement classée sans suite pour absence de preuves.

Du coup, le leader du temple de Montplaisir a été maintenu en état de liberté dans cette affaire, mais il demeure toujours en prison pour ses propos jugés punissables par la loi tunisienne. On affirme également que Rached Ghannouchi aurait décidé de boycotter toutes les prochaines auditions.

Pour sa part, l’avocate Ines Harrath a assuré qu’il n’y avait pas eu de nouveau mandat de dépôt émis contre le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi. Elle réaffirme que le chef du mouvement islamiste avait comparu devant l’unité nationale d’investigation dans les crimes terroristes à la caserne de l’Aouina pour une confrontation avec un plaignant dans le cadre d’une affaire terroriste. Une affaire pour laquelle il a déjà été auditionné.

Que risque-t-il ?

Il faut rappeler que le chef du parti Ennahdha est poursuivi pour des déclarations dans une vidéo filmée lors d’une soirée organisée par le Front de salut. Ghannouchi estime «qu’un handicap idéologique existait en Tunisie et que cela risque de provoquer une guerre civile en cas d’élimination de l’Islam politique».

Le chef du mouvement Ennahdha serait placé en détention conformément aux dispositions des articles 68 et 72 du Code pénal.

Ces deux articles évoquent «un complot, formé dans le but de commettre l’un des attentats contre la sûreté intérieure de l’État et un attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement ou d’inciter les habitants à s’armer les uns contre les autres ou de porter le désordre».

On note que de lourdes peines d’emprisonnement et même la peine capitale sont à prévoir en cas de condamnation.

Article 72 : «Est puni de mort, l’attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement ou d’inciter les habitants à s’armer les uns contre les autres ou de porter le désordre, le meurtre et le pillage sur le territoire tunisien. Est puni de mort, l’auteur de l’attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement, d’inciter les gens à s’armer les uns contre les autres ou à provoquer le désordre, le meurtre ou le pillage sur le territoire tunisien».

Mais nous n’en sommes pas encore-là, l’affaire, à travers ses différentes procédures, sera très longue et Rached Ghannouchi demeure, entre-temps, en prison.

Ennahdha dans la tourmente

Au fait, la situation de Rached Ghannouchi impacte par ricochet celle de son parti. Qui dit Ennahdha dit Ghannouchi et qui dit Ghannouchi dit Ennahdha.

Ce parti était au bord de l’implosion avant le 25 juillet, d’ailleurs, c’est exactement cet évènement qui semble unir davantage les membres d’Ennahdha. Mais comment penser Ennahdha à l’ère post-Ghannouchi ? Le parti, qui serait également lié à des poursuites judiciaires, saura-t-il sortir de l’œil du cyclone ? Cette structure politique basée sur une idéologie religieuse va-t-elle sacrifier son leader pour sauver sa peau ?

D’ailleurs, ces derniers temps, des rumeurs ont laissé à penser que Ghannouchi aurait été écarté de la présidence de son parti vu qu’il a maille à partir avec la justice. Mais par le biais de ses leaders, le parti a démenti ces informations, Rached Ghannouchi demeure à la tête d’Ennahdha, mais pour certains observateurs de la scène nationale, «il n’y a pas de fumée sans feu».

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