Les ouvrières agricoles exposées à tous les dangers : Même quotidien, mêmes souffrances

On a beau parler de leur situation, on a tant urgé des solutions, mais il n’en est rien.

Aujourd’hui, les ouvrières agricoles connaissent le même quotidien et les mêmes douleurs, souffrant d’un désintérêt quasi-total de la part de l’État, elles sont simplement livrées à leur difficile destin.

C’est seulement quand un accident meurtrier survient qu’on s’aperçoit de leur situation douloureuse. Les femmes agricoles constituent pourtant la chaîne la plus importante dans la production agricole dans tout le pays.

En effet, les ouvrières agricoles font face à des conditions de travail extrêmement difficiles, notamment de longues heures de travail, des moyens de transport indécents, des charges lourdes, une exposition aux intempéries, et souvent un accès limité à des installations sanitaires adéquates sur les exploitations.

Ces ouvrières agricoles sont aussi mal rémunérées, avec des salaires bas qui ne reflètent pas toujours la valeur de leur travail.

Le salaire minimum dans le secteur agricole est fixé par la législation tunisienne, mais des cas de non-respect de cette réglementation sont à soulever.

Selon plusieurs rapports élaborés par la société civile, ces femmes ouvrières peuvent faire face à des discriminations basées sur le genre, ce qui peut affecter leurs conditions de travail, elles sont souvent confrontées à des salaires inférieurs à ceux des hommes pour un travail équivalent ou même meilleur.

De même dans certaines localités, elles peuvent être amenées à migrer saisonnièrement vers d’autres régions pour travailler dans les exploitations agricoles. Cette migration peut entraîner des conditions de vie précaires et une instabilité économique, outre son impact sur le noyau familial.

Bien que plusieurs réglementations, initiatives et programmes aient été mis en place pour améliorer les conditions de travail des ouvrières agricoles, des défis persistent en matière de mise en œuvre et d’application effective de ces mesures. Des organisations de la société civile et des syndicats travaillent également pour défendre les droits des ouvrières agricoles et améliorer leurs conditions de vie et de travail.
Sans couverture sociale !

Réalisée récemment par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une étude sur les femmes ouvrières dans le secteur agricole a révélé que 92% des travailleuses du secteur agricole interrogées ont affirmé ne pas bénéficier d’une couverture sociale.

D’ailleurs, l’étude a montré que les ouvrières agricoles confondent le système de couverture sociale avec les autres mécanismes de protection sociale, tels que les systèmes de soins gratuits.

Elle fait également observer que seulement 22% des ouvrières agricoles interrogées ont affirmé être affiliées à la Caisse nationale de l’assurance maladie (CNAM) avec leurs époux.

Ces données illustrent bel et bien la marginalisation de cette catégorie sociale qui souffre continuellement d’un quotidien peu confortable.

Au fait, ce qui complique davantage cette situation, ne sont autres que les salaires indécents. Selon une autre étude publiée en 2020, 58% des ouvrières agricoles en Tunisie reçoivent une rémunération journalière comprise entre 10 et 15 dinars. 30% de ces ouvrières agricoles gagnent quotidiennement moins de 10 dinars…Cette étude a été réalisée par l’Agence de la démocratie locale de Kairouan. Elle porte sur un échantillon de 600 ouvrières agricoles et 300 agriculteurs. Et ce, dans les gouvernorats de Kairouan, Sidi Bouzid et Mahdia.

Le dilemme du transport

Alors que leurs conditions de travail sont déjà connues pour être désastreuses, des conditions de transport insécurisées provoquent souvent des accidents mortels. Pourtant, le ministère du Transport et celui de la Femme ont convenu, il y a plus d’un an, de coordonner avec les différents intervenants, à l’effet d’aboutir à la mise en place d’une convention-cadre visant à appliquer l’article 22 du décret n°724/2020 relatif à la détermination des conditions de l’exercice de l’activité du transport des ouvriers agricoles.

Ledit article 22 permet aux personnes possédant des autorisations de transport public irrégulier d’exercer l’activité de transport des ouvriers agricoles dans le même véhicule exploité dans l’activité principale, à condition d’obtenir une approbation écrite d’une durée limitée auprès du gouverneur, après avoir présenté des informations sur la convention avec l’agriculteur ou une société agricole, pour transporter les ouvriers concernés.

Sauf qu’il n’en n’est rien, jusqu’à présent, nous observons les mêmes images sur les routes menant aux zones agricoles, où souvent ces femmes perdent leurs vies sous silence de l’Etat.

 

 

 

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