Mes odyssées en Méditerranée | Erice-Carthage: Le vol des colombes entre les deux rives de la Méditerranée

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Nous savons tous pertinemment  qu’un pont imaginaire unit depuis la nuit des temps les deux rives de la Méditerranée : d’un côté la Sicile, de l’autre la Tunisie et l’Afrique du Nord.


A l’époque romaine, ce pont imaginaire se consolidait aussi grâce au vol des colombes, qui, outre à marquer le cycle des saisons, permettait l’échange de communications d’un côté à l’autre de la Méditerranée. Vu qu’à l’époque romaine et carthaginoise il n’y avait ni internet, ni services postaux, les informations sont communiquées sur «les ailes des colombes».

Un système très ancien, extrêmement fiable, étant donné que leur instinct conduisait les colombes à rentrer toujours «chez elles», là où elles étaient nées. Une fois arrivées à destination avec leurs messages, leurs communications militaires ou bien des ordres commerciaux pour l’expédition des marchandises, les colombes revenaient de l’autre côté de la mer. Les deux points de ce pont imaginaire étaient d’un côté Carthage, de l’autre Erice (Eryx) magnifique ville médiévale de la Sicile occidentale, située à 730 mètres d’altitude et en face de la Tunisie.

Une histoire très significative, celle du vol sacré des colombes, qui nous ramène à l’époque de la déesse Vénus, car si, d’une part, l’homme utilisait les colombes domestiquées pour communiquer avec Carthage et ses environs, d’autre part, il y avait des colombes sacrées protégées par Vénus, la déesse de l’amour, de la séduction et de la beauté féminine dans la mythologie romaine et assez tôt assimilée à la déesse grecque Aphrodite.

Les colombes sacrées émigraient pour passer l’hiver en Afrique et revenaient en Sicile pendant la saison chaude. Un flux migratoire qui faisait office de calendrier pour marquer le début ou la fin de l’été. En fait, en langue sicilienne, il n’y a ni automne ni printemps, on utilise “Ummerno” pour indiquer l’hiver et l’automne et “staciuni” pour le printemps et l’été.

Dans le passé, le début d’une saison pour céder la place à l’autre était indiqué par deux moments précis : «Anagoghia» le 25 octobre et «Katagoghia» le 23 avril, qui résumaient le vol des colombes vers la mer et depuis la mer. Ainsi, en octobre, alors que le froid hivernal approchait à grands pas, les colombes prenaient leur envol vers la Tunisie puis revenaient en avril avec le retour de températures plus clémentes.

Ces deux dates avaient une grande importance et étaient considérées comme de vrais anniversaires, célébrés avec des cérémonies et des fêtes au Château de Venus à Erice, avec les prêtresses sacrées et la déesse de l’amour et de la séduction.

Des rites très anciens, centrés sur le culte d’Aphrodite, rappelés dans les cités d’origine élymo-punique, à savoir Marsala (Mothia/Lilybeo), Ségeste, Trapani et Erice.

Mais à part Erice et Carthage, il y avait une autre destination de ce fameux pont imaginaire entre les deux rives de la Méditerranée, il s’agissait du temple dédié lui aussi à Vénus, se trouvant dans la ville de Sicca Veneria, aujourd’hui Le Kef. Là aussi, les colombes sacrées partaient de la ville de Erice pour arriver jusqu’au temple de  Vénus.

Ce vol d’oiseaux entre les deux rives de la Méditerranée continue encore aujourd’hui, donnant un message d’intégration et de fraternité entre les hommes, sous la bannière de la paix et de l’amour entre tous les peuples de la Méditerranée, de la rive sud, comme de la rive nord.

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