Violence verbale : La loi suffit-elle pour juguler le phénomène?

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Sur la Toile ou dans la vie quotidienne, la violence gagne de plus en plus du terrain… Ceci étant, sommes-nous face à des faits divers et des attaques cyber incontrôlables ?

Des insultes gratuites, de gros mots, des moqueries, du harcèlement psychologique  et même parfois des menaces de mort… La violence verbale  sur les réseaux sociaux est devenue un grand fléau qui prend, de nos jours, de  plus en plus  d’ampleur.

Il n’est pas rare de rencontrer des internautes, notamment dans des « lives » sur certaines plateformes en train de se chamailler, en s’insultant suite à un échange ou un débat d’idées qui n’a pas abouti correctement et dans le respect mutuel, il n’est pas rare non plus de lire des commentaires grossiers suite à la publication d’une photo ou une vidéo d’un utilisateur de ces réseaux sociaux qui n’a pas plu à la communauté des internautes…

Zone de confort, un stimulant

Quelles sont les raisons qui poussent ces derniers à réagir ainsi et à se comporter de cette manière vulgaire ? Et pourquoi ont-ils eu recours à la violence dans toutes ses formes ? Le sociologue Mohammed Jouili décrypte ce phénomène et nous explique ses raisons et ses conditions… Il définit, tout d’abord, les réseaux sociaux, en tant qu’un espace d’échange et que, dans tout échange, il y a de la violence due à la position de l’acteur derrière le clavier, puisque ce dernier est dans sa zone de confort, ce qui lui permet donc d’agresser et de violenter les autres gratuitement.  «Partant du principe que la violence, en général, fait partie de l’être humain par essence, mais  il y a des gens qui peuvent canaliser leurs violences et d’autres non. La  création ‘‘artistique’’ permet de canaliser la violence, cela est bien saillant dans les domaines  de la musique, le sport et  dans les activités artistiques en général. Sauf que les réseaux sociaux peuvent être, pour certains, un lieu et une occasion, où ils  ne peuvent pas canaliser leurs pulsions dans l’art et pratiquent la violence dans ces espaces, puisqu’ils représentent une zone de confort pour eux », explique notre sociologue.

Le sporadique et le systématique

Et d’enchaîner, « il y a plus de risque d’exercer la violence sur ces plateformes d’échange, alors que les réseaux sociaux offrent l’opportunité à ces utilisateurs ayant généralement manifesté un caractère impulsif. Dans  la réalité, ces personnes sont habituées à recourir à la  violence, mais  il y a un excès sur la Toile. Car la dimension temporalité joue un rôle important  dans la multiplication de ce phénomène ».

Alors, l’on peut passer, des heures et des heures à outrager le bon sens sur les réseaux sociaux. Par contre, dans la vie réelle et dans les espaces publics, la violence demeure sporadique. En temps virtuel, elle peut être  systématique, pouvant même prendre plusieurs formes et jouer sur tous les jargons.

L’obligation d’appliquer la loi

Pour conclure, le sociologue à l’Université de Carthage note que trois facteurs peuvent expliquer la profusion de ce phénomène sur les réseaux sociaux plus que dans la réalité. Tout d’abord, ces facteurs sont tributaires d’une dimension temporelle, la présence d’une zone de confort et une nette propension à se livrer à la violence sous plusieurs formes. « C’est ce qui explique une plus fréquente récurrence de ce phénomène de nos jours,  non  maîtrisable notamment  sur les réseaux sociaux. L’éducation sur l’utilisation des réseaux sociaux, l’instauration d’une loi sanctionnant les agresseurs sont de nature à juguler ce phénomène», précise-t-il.

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