Patrimoine culturel et création de richesse

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Editorial La Presse

Un rendez- vous d’envergure pour la culture dans le monde islamique a eu lieu à Doha le 25 et le 26 septembre. Une délégation tunisienne conduite par la ministre des Affaires culturelles a d’ailleurs participé à cette conférence. Il s’agit de la 12e Conférence des ministres de la Culture du monde islamique tenue par l’Organisation islamique mondiale pour l’éducation, les sciences et la culture (Isesco). Les principales recommandations de la Déclaration de Doha sont relatives notamment au renouvellement du travail culturel, à la protection et à la valorisation du patrimoine dans le monde islamique, au renforcement du rôle de l’économie culturelle dans la réalisation des Objectifs de développement durable ainsi qu’à l’élaboration et au suivi des politiques culturelles.

La Déclaration de Doha a également annoncé le soutien des Etats membres à la proposition de l’Isesco visant à inclure la culture comme 18e Objectif de développement durable (ODD) pour l’année 2030. Cette initiative sera soumise aux Nations unies en vue de son adoption. Rappelons que les 17 autres ODD incarnent un appel mondial à agir pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et faire en sorte que tous les êtres humains vivent dans la paix et la prospérité d’ici à 2030 dans le cadre de ces équilibres.

Soit ! Maintenant, à ces équilibres s’additionnent les éléments culturels. Le défi actuel est donc le suivant : comment adopter un nouveau comportement culturel compatible avec la phase historique délicate à laquelle nos cultures arabes sont confrontées à tous les niveaux et dont le plus marquant est l’avènement du monde virtuel? Il s’agit de reconsidérer le travail culturel pour qu’il soit en adéquation avec cette modernité qui s’impose dans nos contrées et où l’islam représente l’héritage le plus important.  Comment reconsidérer ce travail, tout en tenant compte des spécificités culturelles de chaque région ?  La Tunisie, riche de son patrimoine millénaire, a une longueur d’avance, grâce justement à cette richesse et à cette convivialité fraternellement festive qui a animé les différents peuples et civilisations qui se sont succédé sur son sol.  Elle a, jusque-là, fait preuve d’une bonne gestion de cet équilibre qui ne laisse aucune brèche pour que la haine s’y immisce.  Mais les générations du multimédia, de l’Internet et du monde virtuel ont de nouvelles attentes vis-à-vis des politiques culturelles. Des attentes qui doivent être prises en compte dans les orientations futures. La Tunisie étant bien consciente de ces nouveaux défis.

Les politiques culturelles doivent également jouer un rôle essentiel dans la réalisation du développement et la création de richesse dans notre pays. Ainsi l’équation devient-elle triptyque :  protéger le patrimoine, préserver nos précieuses spécificités culturelles, mais aussi faire fructifier notre héritage culturel et le transformer en un outil de création de richesse. C’est aussi en cela que consistent les attentes des nouvelles générations qui jonglent avec le virtuel, soucieuses certes de créer de la richesse économique mais qui ne demandent qu’à exporter notre héritage culturel développé et modernisé et le présenter sous son meilleur jour.

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