Pour un modèle économique et social responsable

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Editorial La Presse

 

L’Assemblée des représentants du peuple a adopté, le 20 octobre, le projet rectificatif de la loi de Finances pour l’année 2023. Les indicateurs retenus ne peuvent certainement pas nous réjouir. Surtout que les projections macroéconomiques ont été revues, dans le mauvais sens, bien entendu. Le taux de croissance pour l’exercice en cours, estimé initialement à 1, 8% serait seulement de 0,9%.

Une baisse tout à fait prévisible avec le ralentissement des secteurs productifs stratégiques, l’agriculture notamment, et le net recul de l’investissement.  Autre indicateur inquiétant : la dette publique actualisée passerait de 124. 568 MD à 127. 164 MD, représentant ainsi 80,2% du PIB. Un peu trop.

De son côté, le budget de l’Etat, fixé au départ à 69.914 MD serait finalement de 71.239 MD. Ce qui aggrave davantage le sentiment d’incertitude en raison de la timidité des ressources financières. Ce tableau peu rassurant pose un sérieux dilemme : austérité économique ou relance ? Un dilemme qui semble tarauder l’esprit de nos architectes économiques, financiers et même politiques.

Quel qu’en soit le choix, nos décideurs doivent absolument s’en tenir à un agenda clair de priorités. D’abord, l’assainissement de l’environnement économique, la remise en ordre de nos finances, la réduction de la dette et, surtout, la création de nouveaux espaces budgétaires, pour initier, ensuite, et en toute sérénité, les mesures adéquates de relance.

A ce stade, le désendettement et la création d’espaces budgétaires doivent être le point de mire. Pour cela, les responsables sont appelés à miser, en premier lieu, sur l’amélioration du rendement du système fiscal, en toute équité, bien entendu.

On reconnaît, en effet, que le système fiscal national est loin de traduire au concret son potentiel réel. Et c’est surtout la question de l’évasion fiscale qui continue à le pénaliser sérieusement. Il suffit de rappeler que le marché parallèle, à lui seul, prive, chaque année, les finances de l’Etat de milliards de dinars. Sans parler des multinationales, des grands groupes ou encore de certaines professions qui bénéficient toujours d’une « politique fiscale complaisante » trop coûteuse au budget.

Heureusement que les nouvelles dispositions du nouveau projet de loi de finances pour l’année 2024, en cas d’adoption, sont en mesure, grâce à l’arsenal prévu à cet effet, de réduire, du moins progressivement, ce phénomène de fraude.

En parallèle, le développement des ressources propres de l’Etat passe par une maîtrise de la masse salariale au niveau de la fonction publique. Cette exigence suppose, cependant, une restructuration globale et profonde des entreprises publiques, qui « surchargent », chaque année, les finances publiques d’environ 9 milliards de dinars.

Le programme d’assainissement de l’administration et l’opération d’authentification des diplômes, ordonnés par le Président de la République pourraient constituer, à cet effet, une réponse positive.

Ce qui est encore plus important, c’est que les nouveaux espaces budgétaires, une fois assurés, servent, avant tout, à l’engagement d’un modèle de développement économique et social responsable.

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