Quand le sport national est laissé en friche

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Editorial La Presse

 

Une actualité dans le monde de la législation sportive que nous considérons pour le moins  comme une mauvaise nouvelle.  La Tunisie est sanctionnée (sans effet immédiat) par l’AMA (Agence mondiale  antidopage ).

Pour être précis, il s’agit bien de sanctions et non pas de recommandations. Résultat des courses : la Tunisie risque l’interdiction de hisser son drapeau dans les tournois internationaux. Elle sera également interdite d’organiser toutes sortes de compétitions régionales, continentales ou  mondiales.

Le  8 décembre est la date butoir fixée par l’AMA pour défendre notre dossier. Après cela, l’AMA dispose de quatre  mois pour mettre à jour les règlements de l’antidopage. Cette situation très embarrassante pour le sport tunisien est le résultat d’une législation sportiveé éculée et d’un manquement flagrant du ministère de tutelle. Le dossier n’a pas été pris en main en temps et en heure, le ministère laissant traîner les choses depuis au moins deux ans. Il aurait fallu se conformer au code de l’année  2021  de l’Agence mondiale antidopage. Cela n’a pas été fait.

La Tunisie était un phare de l’antidopage en Afrique et parmi les premiers pays à avoir installé une Agence nationale de l’antidopage en 2010, ainsi qu’un  laboratoire devenu à l’époque une référence en la matière dans le monde. Ce fut un temps où tous les pays africains passaient par nos laboratoires  agréés dirigés  par des  sommités  de la médecine tunisienne.

De nos jours, ce laboratoire n’a plus la confiance du ministère de la Santé et encore moins de celle de l‘Agence mondiale antidopage. Cette dernière attend depuis 2021 la réponse de la Tunisie et maintenant la sanction vient de tomber. L’AMA a déploré même l’absence  d’un vis-a vis avec qui discuter à l’Anad.

Ainsi, le sport national continue-t-il de s’enliser sous des contraintes de plus en plus pesantes et le conflit entre le ministère des Sports et de la Jeunesse et le Comité national olympique ne fait que remuer le couteau dans la plaie. A sept  mois des Jeux olympiques, la commission mixte qui veille sur la préparation de nos athlètes pour ces Jeux n’est pas encore mise en place.

Encore une fois, à cause du conflit entre le ministère des Sports et le Comité olympique national qui perdure, l’étau se resserre autour des athlètes qui ont travaillé toute leur vie pour hisser le drapeau tunisien. En cause, des ego démesurés et un manque de sens des responsabilités de part et d’autre. Jusqu’à quand  allons-nous devoir nous cacher derrière l’arbre de Ons Jabeur, alors que  le sport Tunisien est une forêt de talents laissée en friche?

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