Pr Naceur Ammar, ancien ministre des technologies de la communication : «La Tunisie n’a pas d’autre choix que de s’orienter vers les nouvelles technologies»

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Au cœur de nombreuses transformations disruptives et irréversibles, l’Intelligence artificielle devrait être l’arme redoutable de la Tunisie dans sa course vers l’industrie du futur.

Intervenant lors de la conférence sur l’Intelligence artificielle qui a été, récemment, organisée par le Conseil de gouvernance économique belgo-tunisien, en collaboration avec la Cité des sciences à Tunis, l’ambassade de Belgique en Tunisie et la délégation générale Wallonie-Bruxelles en Tunisie, et ce, sous le patronage du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, l’ancien ministre des Technologies de la communication et président du conseil consultatif de l’école Pristini pour l’IA, Pr Naceur Ammar, a expliqué comment l’Intelligence artificielle, en tant que technologie disruptive au cœur des transformations profondes que connaissent divers domaines politique, économique et social, va chambouler à jamais le monde de l’entreprise.

A en croire l’ancien ministre, plusieurs changements sont en train de façonner le monde de l’industrie. Tout d’abord, il y a la cinquième révolution qui a pointé le bout de son nez. Une révolution qui se caractérise par la collaboration entre l’homme et la machine.

«Quand on parle de révolution, on parle bien entendu de rupture. Et cette rupture se manifeste aussi bien au niveau des modèles d’affaires des entreprises qu’au niveau du marché de l’emploi», a-t-il indiqué.

«C’est la fin du taylorisme»

Il a ajouté qu’avec l’industrie 4.0 et l’internet des objets, le monde industriel s’est complètement métamorphosé, en passant de la production de masse vers la personnalisation de masse. «On fait du volume, mais de façon personnalisée», a-t-il commenté. Selon Ammar, la fin de la compétitivité par le coût du travail et l’émergence de politiques de relocalisation constituent un autre paradigme qui est en train d’impacter les processus de production à travers le monde. La Tunisie peut en tirer pleinement profit.

«Dans l’industrie, il n’y a plus de stock. Ce sont des flux tendus. On produit en fonction des commandes du client de façon automatique. Et puis, on est dans la continuité numérique dans l’industrie, c’est-à-dire qu’il n’y a plus de clivage entre le produit et le service. On ne vend plus uniquement un produit à consommer, mais on propose un service avec», a-t-il détaillé. Et d’ajouter que l’investissement industriel n’est plus sensible à l’effet volume.

Il offre l’opportunité d’investir dans l’industrie sans les barrières du XXe siècle. «C’est la fin du taylorisme», précise-t-il. A cela s’ajoutent les exigences environnementales et la transition vers une industrie propre.

«Dans tous ces paradigmes, l’IA est présente. On parle de smart facturing. Comment est-elle présente dans l’usine intelligente ? Elle est présente au niveau de la conception des produits et des process. On parle de simulation numérique, de jumeaux numériques, de pilotage et de contrôle automatique avec des usines et des lignes connectées. Il s’agit également de l’internet des objets, de machines communicantes et de gestion de flux. Au niveau des opérations de fabrication, on parle de machine intelligente commandable à distance et de fabrication additive qui permet des économies de matières», a-t-il énuméré.

Pour Ammar, les pays en voie de développement, dont la Tunisie, n’ont d’autres choix que d’aller vers ces technologies. Car cette fois-ci, il n’est plus possible de rattraper le retard pris dans ces transformations numériques d’envergure. «Ce qui présente une chance pour ces technologies, c’est qu’il n’y a plus de barrière à l’investissement. Ceci représente beaucoup d’opportunités pour un pays comme la Tunisie qui est à la porte de l’Europe et qui se situe dans son environnement africain», a-t-il indiqué.

Et de conclure : «Le bloc occidental ne veut plus de chaîne d’approvisionnement longue. Le nearshoring constitue une opportunité pour la Tunisie dans la mesure où il lui permet d’initier un climat d’affaires épousant cette technologie disruptive qu’est l’IA tout en tirant profit de la relocalisation industrielle, non en promouvant la Tunisie en tant que pays de «low cost», mais en la présentant comme un pays où il y a un vivier de capital humain intelligent qui peut contribuer au développement scientifique et technologique».

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