De l’apport des joueurs étrangers : L’art est une forme de subjectivité

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A bien y réfléchir, il nous semble que dans ce dossier relatif aux joueurs étrangers engagés pour « aider » à  tirer notre compétition vers le haut, on ne peut passer sous silence quelques appréciations subjectives.
On dit souvent qu’après  la subjectivité,  qui est un élément indispensable  provoquée par l’intuition,   vient la  vérification.
Et c’est la raison pour laquelle les avis changent une fois observateurs, techniciens et dirigeants confrontés à la réalité du terrain. Ces « internationaux », pour la plupart,  se révèlent incapables de soutenir la comparaison avec, non pas nos séniors,  mais  même avec nos espoirs ou olympiques.
En dépit des promesses, les précautions prises, le travail des coulisses qu’empruntent les agents de joueurs, dont les relations se lient et se délient en fonction des bourses, dont disposent les clubs à la recherche de l’oiseau rare, s’avère en fin de compte catastrophique. La structuration aléatoire de bien des clubs conjuguée avec  l’inexpérience de  certains dirigeants facilite ces « pièges  à rats » qu’on n’est pas toujours en mesure d’éviter.

Des canassons agréés
Une fois les photos prises, les sourires de convenance figés et les déclarations toutes faites rapportées pour impressionner la galerie, une fois tout cela passé, on s’aperçoit au fil des jours que « l’oiseau rare » s’est avéré un véritable canasson agréé et recommandé par un « directeur sportif » nommé en grande pompe mais dont les connaissances en matière d’appréciations techniques sont influencées par les relations et les copinages.  Tout était faussé à la base en l’absence de personnes qualifiées, de structures  à même de juger des qualités d’un joueur. De toutes les façons, on ne recrute pas un joueur à la suite d’un visionnage ou d’un press-book confectionné par des experts en subterfuges, mais à la suite d’une longue observation, un suivi régulier et programmé.
« L’art est une forme de la subjectivité » certes, mais il n’y a qu’à consulter la liste des joueurs recrutés d’après leurs CV et leurs états de service ( ?!) et qui se sont révélés bien en deçà du niveau de nos jeunes espoirs, pour comprendre la gravité du problème.
En effet, les clubs tunisiens font appel à des éléments qui nous viennent précédés d’un CV pour le moins qu’on puisse dire visiblement respectable. Il répond de toutes les façons aux conditions fixées et entérinées par les clubs en assemblée générale.
La fédération est censée veiller au respect des dispositions prises pour limiter les erreurs d’appréciation, mais elle est incapable de faire  face aux dossiers bien ficelés que les agents de joueurs présentent et qui sont assurément « traficotés » quelque part.

Ni suffisant ni fiable !
De toutes les façons, il y a lieu de se poser quelques questions à propos de ces « conditions » pour se demander si elles sont    suffisantes et  si elles sont fiables ?
C’est le grand point d’interrogation, surtout après avoir vu la rencontre qui avait opposé en finale de la Coupe arabe des clubs, l’Etoile Sportive du Sahel au champion saoudien.
A comparer les joueurs engagés par les Saoudiens, à ceux qui évoluent au sein de notre compétition, il y a de quoi se demander si en ouvrant nos frontières à des joueurs étrangers au niveau assez moyen (à l’exception de quelques-uns bien entendu) nous œuvrons pour la promotion de notre football.
Bien entendu, cette question ne doit en  aucun cas nous faire perdre de vue que nous préférons des équipes tunisiennes qui donnent la priorité aux jeunes nationaux, qu’enregistrer l’arrivée,  en supposé renfort,  d’éléments qui n’apportent absolument aucun plus à ceux qui les ont engagés.
Nous en avons déjà eu l’expérience. Nos meilleurs joueurs sont pistés, soit par des équipes du Golfe, soit par des formations européennes du milieu du tableau. Nous sommes encore loin derrière les algériens et les Marocains qui ont la cote et dont les noms meublent les écuries des meilleures équipes européennes.
Nos équipes relativement peu à l’aise financièrement, à l’exception de deux ou trois, n’élèvent pas trop haut la barre. Le système de formation n’étant pas encore au mieux, nous ne pouvons espérer mieux. Le football tunisien n’est plus le tremplin qu’il était il y a quelques dizaines d’années. Des éléments,  juste moyens, sont souvent engagés à grands frais, mais après avoir fait illusion, ils tombent dans l’anonymat après avoir engraissé la bourse des agents qui sont toujours sur la brèche pour engager des frais de poursuites et récupérer ce que l’on doit à des équipes piégées, qui ont fini par se séparer de ces figurants.

A prendre en considération
De toutes les façons, il faudrait se décider tout en prenant en compte deux facteurs qui nous semblent de première importance :
D’abord,  trouver un moyen légal pour que ces « erreurs » d’appréciation ne coûtent plus autant pour les clubs et par voie de conséquence à la communauté nationale,  en prévoyant des clauses de séparation au bout d’un laps de temps raisonnable convenu en cas d’insatisfaction d’une des deux parties. Pour les agents ce sera à prendre ou à laisser. L’intérêt de nos clubs et de notre football est beaucoup plus à prendre en considération que le leur.
Ensuite, élever la barre et ne plus faire venir des joueurs qui n’apportent aucun plus pour l’équipe qui les a engagés. Les CV  confectionnés par les agents de joueurs parfois de connivence avec leurs équipes d’origine ou leurs fédérations (nous avons bien enregistré des joueurs dont l’âge est falsifié et pour lesquels leurs fédérations d’origine fournissent des attestations) ont beaucoup perdu de leur fiabilité.
Ceux que nos équipes devraient engager doivent en effet prouver qu’ils valent beaucoup mieux que nos jeunes, et le fait de les faire venir parce qu’ils reviennent moins cher  est une double faute et une injustice envers ceux qu’ils vouent à l’inactivité alors qu’ils possèdent une large marge de progression.

Dommageable et maléfique
Il est à ce propos curieux que la Direction technique nationale  de la Fédération tunisienne de Football  n’ait pas relevé la gravité de ce problème, alors qu’elle est censée protéger et veiller à l’avenir et à la progression des jeunes joueurs tunisiens qui se trouvent confrontés à ce manège destructeur, dommageable et même maléfique.
Certes, les clubs sont libres de leurs décisions. Après tout,  c’est eux qui perdent de l’argent, s’endettent et se retrouvent tout bonnement piégés, mais la mise en place de garde-fous est indispensable pour leur éviter d’aller droit dans le mur.
Au vu du niveau et des investissements consentis par les équipes arabes, on ne peut plus se permettre de faire appel à des joueurs tout juste moyens. D’ailleurs, le sacre de l’Etoile est certainement resté en travers de la gorge de bien des dirigeants (leurs réactions en direct  en disent long sur leur déception et leurs intentions futures) qui se  feront forts de  mettre le prix en prévision de la prochaine édition.
Nos clubs,  tout aussi bien que la fédération, sont  avertis : le niveau, aussi bien en coupes africaines ou arabes, sera beaucoup plus élevé et il faudrait se préparer en conséquence. Ce n’est plus une affaire de tocards, mais bien de joueurs ayant un nom, un vécu, des qualités indéniables et un désir de surpassement intact.
Nous sommes encore loin  du compte !

 

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