Par Jalel Mestiri
Au-delà des interrogations qui n’en finissent pas, des objectifs et attentes rarement oubliés, encore moins compromis, au-delà aussi de l’incapacité de certains joueurs qui n’arrivent pas à s’imposer, et encore moins à justifier leur place, les dérapages ont désavoué les valeurs et les principes de la sélection et de ses grandes époques. Aujourd’hui, c’est tout un parcours qui est mis à l’épreuve.
L’impératif d’un possible redressement cet après-midi face au Mali impose nécessairement des obligations dans le comportement et dans le rendement des joueurs sur le terrain. Mais aussi et surtout une véritable prise de conscience de la part de ceux qui se donnent le droit de décider du sort de toute une nation de football. Une manière de se réhabiliter, de se racheter. De raviver l’espoir et d’allumer de nouveau la passion.
Depuis la dernière coupe du monde, la sélection n’a jamais cessé de donner l’impression de ne plus pouvoir progresser. Et encore moins manifester la même verve, le même entrain et la même passion pour le jeu. Si elle perd aujourd’hui de plus en plus de leaders dans le groupe, elle n’a pas vraiment un modèle sur lequel elle peut s’identifier sur le terrain. Dans la qualité du jeu, le niveau technique entrevu, il n’y a pas visiblement de piste à creuser, ou encore une véritable réflexion dans le jeu.
Le football est un sport qui vit et qui s’améliore au quotidien. C’est le miracle de tous les jours que les joueurs et toutes les parties prenantes, staff technique, responsables, doivent s’efforcer d’entretenir. De la Coupe du monde de Russie 2018 à la CAN d’Egypte 2019, la rupture est réellement consommée. Dans cette phase assez particulière dans le parcours de l’équipe, rien ne semblait être si simple. A aucun moment en tout cas, la sélection ne donnait l’impression de pouvoir évoluer. A défaut de réajustement, notamment technique, les coups d’arrêt s’étaient multipliés. On a beau vouloir s’inscrire dans une alternative de rigueur, les bonnes volontés n’ont pas suffi pour transformer une situation difficile à gérer, encore moins à faire face aux dérives qui ont fait basculer l’équipe dans les calculs personnels. Au sein de l’effectif, il était difficile pour tous ceux qui ont essayé de remettre de l’ordre à la maison de résoudre l’équation, impossible d’être une minorité dans un entourage conditionné. Il n’y a pas que cela, le groupe semble aussi souffrir des divisions qui séparent de plus en plus les joueurs et qui les empêchent de travailler dans la sérénité requise, spécialement dans la manière de vivre la coupe d’Afrique. Certains joueurs en avaient payé le prix. De Harbaoui à Srarfi, en passant par Ali Maâloul et Fakhreddine Ben Youssef. Entre le souci de transparence et le grand déballage, l’évolution de la sélection se faisait dans la douleur. Il y en a qui n’avaient plus confiance en leur entraîneur au moment où l’influence d’autres se faisait de plus en plus sentir. Quand les actes tardent à venir, les discours perdent leur signification. La crédibilité de ceux qui « veillent » aux destinées techniques de la sélection, encore davantage.
A l’opposé des clubs, une sélection doit essentiellement se revendiquer en tant que bonne utilisatrice de joueurs confirmés. L’histoire de la CAN et des différentes épreuves africaines a souvent montré que les équipes qui jouent s’imposent la plupart du temps. On pense notamment à celles qui ont marqué de leur empreinte le football africain. Toutes les équipes qui ont dominé leur époque étaient des équipes qui favorisent les options offensives et le jeu d’attaque, qui ne cèdent pas aux restrictions tactiques, et même aux obligations de résultat. On ne peut pas prétendre être une sélection qui se respecte si on n’a pas l’ambition de jouer.
Finalement quelles perspectives pour la sélection qui joue cet après-midi son avenir dans la plus prestigieuse épreuve continentale ? Quelle solution pour un staff technique dont les choix étaient complètement injustifiés lors du premier match ? Quelles ressources et quels moyens pour des joueurs condamnés à gagner et surtout à se faire…pardonner ? C’est une véritable bataille à mener. Une bataille destinée à rendre les choses à leur place, et surtout à leur juste valeur.
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