Quelle que soit l’importance de l’événement, à l’instar notamment de la dernière CAN, la manière de présenter et de couvrir les événements est quasiment la même sur presque toutes les chaînes de télévision. Le talk et les plateaux sont le plus souvent destinés à replacer le verbe devant l’image. Ou la fiction avant la réalité. La théorie à la place de la pratique. La plupart de nos chaînes de télévision n’ont pas changé grand-chose à leurs habitudes et à tout ce qu’elles sont censées offrir. En manque d’inspiration, de diversification, d’effort et d’idées, elles se limitent aux reportages, commentaires et débats ordinaires. Préférant meubler les plateaux par, ce qu’on a pris l’habitude d’appeler communément, à tort ou à raison, de consultants sans en avoir réellement la vocation, et encore moins le profil. N’est pas consultant qui veut. Encore moins spécialiste en la matière. A la présence du journaliste sportif chargé d’informer et de commenter le fait sportif se greffe ainsi la présence du consultant dont le rôle médiatique n’est pas suffisamment clair. Le désordre provoqué depuis 2011 dans tout le paysage sportif tunisien a engendré une reconfiguration éditoriale profonde du sport à la télévision. Faudra-t-il s’y faire ? A l’heure où seuls les grands événements sportifs permettent encore de brancher le téléspectateur en prime time, les consultants sportifs sont devenus les nouvelles divas du petit écran. Fini le temps où les grands joueurs venaient causer gratis sur les plateaux.
A l’instar de ce qui se passe aujourd’hui, les consultants filent à la concurrence au moindre détail. En quelques années, ces « experts » sont devenus un enjeu aussi bien éditorial que sportif. Mais le discours, les clichés sont pratiquement les mêmes «Presser-plus-haut», « Frapper avec l’arête interne du pied», « Remontée du bloc équipe». Très peu d’innovation et encore moins de diversification, on zappe pour tomber chaque fois sur la même chose. Souvent la même image, le même discours, le même commentaire. Le sport dans les différentes chaînes de télévision tunisiennes n’a plus aujourd’hui l’impact habituel sur le téléspectateur.
La synthèse des matches est la même, presque éternelle et nous renvoie à celle d’un passé lointain. Sans âme et sans profondeur. La manière d’aborder les sujets et leur transition est des plus courantes. Ce qui fait que les consultants reprennent les mêmes idées, le même discours sur les mêmes sujets, sans diversification d’angle et sans apporter quelque chose de nouveau par rapport à ce qui a été déjà fait et dit. Pire, ils commentent et analysent des fois des matches qu’ils n’ont pas vus. Le téléspectateur n’est pas dupe. Il sait qu’il leur est impossible d’assister à plusieurs matches à la fois pour en faire par la suite un sujet de réflexion et d’analyse! Bien malin celui qui comprendra ce qui se dit, ou encore à quoi on voudrait en venir!…
Combien les chaînes paient-elles ces « recrues » ? C’est un secret-défense.
Les consultants ne sont pas journalistes et ils ne le seront jamais. La multiplication de leurs collaborations soulève des questions d’ordre éthique. La collusion entre sportifs et journalistes commence à inquiéter.
Le phénomène est en train de s’imposer. Les chaînes qui se définissent comme le plus grand terrain de sport en clair, qui sont habituées à diffuser massivement du football, qui se donnent une mission de service public en permettant au plus grand nombre de spectateurs l’accès gratuit aux matches, le plus souvent avec un grand format de programmes, ne sont pas en train d’évoluer. C’est toute la raison d’être de la couverture TV qui est de plus en plus mise en cause.
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