Accueil Magazine La Presse Action collective et mobilisation des jeunes: ensemble pour la propreté de nos plages!

Action collective et mobilisation des jeunes: ensemble pour la propreté de nos plages!


Consciente de l’incapacité de l’Etat de tout faire, la société civile tunisienne ne cesse de donner l’exemple en matière de mobilisation collective au profit des actions écologiques. Et ce sont notamment les jeunes Tunisiens qui ont marqué cette saison estivale par leur engagement au profit de nos plages. En effet, une prise de conscience collective sur les dangers écologiques qui menacent nos plages a été largement observée tout au long de cet été chez ces jeunes qui se sont unis pour combattre les déchets, source de nuisances pour la nature, comme pour les vacanciers.


Cet été, sous un soleil de plomb, munis de casquettes et de sacs de ramassage, des jeunes Tunisiens ont décidé de consacrer une partie de leurs vacances à la cause environnementale. Pratiquement chaque jour, plusieurs plages de toutes les côtes tunisiennes ont été nettoyées, au petit matin, par ces bénévoles qui s’inquiètent de la situation de l’environnement et notamment du littoral. Une tâche qui s’avère nécessaire pour leur bonne tenue, en attendant une meilleure gestion de la part des autorités, en l’occurrence les collectivités relevant des zones côtières

Si ces jeunes sont motivés par leur inquiétude quant à la situation de certaines plages tunisiennes mais aussi par leur amour et soutien à la cause environnementale, leurs actions restent limitées au vu du budget et des capacités dont ils disposent, c’est pour ce fait qu’ils exigent un appui de la part des autorités, notamment en ce qui concerne le matériel et les engins pour mener à bien leurs actions.

«La planète a besoin de nous», « fini les déchets sur la plage»,

«tous ensemble pour nos plages», c’est ce genre de messages que font véhiculer ces jeunes Tunisiens sur les réseaux sociaux pour lancer leurs campagnes de nettoyage sur ces plages. Car, en effet, tout se passe sur ces réseaux sociaux, où ces bénévoles créent des événements et font rassembler de jeunes bénévoles pour participer à ces actions collectives de grande envergure. Pour eux, Facebook n’est pas une source de rumeurs et de fake news, ou un outil de manipulation politique, mais plutôt un outil puissant pour s’organiser autour de ces actions écologiques.

Nous avons suivi une action d’envergure, qui a eu lieu récemment sur la plage de La Marsa, dans la banlieue nord de Tunis, où une vingtaine de jeunes se sont attaqués aux mégots de cigarettes. Armés de leur courage et de leur volonté, ces jeunes marsois ont décidé de nettoyer leur plage, dès les premières heures de la matinée. Le principe était si simple, remplir des bouteilles de mégots de cigarettes. Cette action est née également sur Facebook, quand un jeune est parvenu à mobiliser des bénévoles pour nettoyer, cette plage remarquablement fréquentée pendant l’été, des mégots de cigarettes. « J’ai créé un événement sur Facebook et j’ai annoncé mon défi : remplir les bouteilles de mégots de cigarettes, et ça a marché », explique-t-il, lui qui est habitué à organiser ce genre d’opérations dans les plages de la banlieue nord de Tunis.

Championne du ramassage de mégots

En fait, cette action n’est pas isolée, et s’insère dans une nouvelle culture environnementale promue par les jeunes Tunisiens, qui semblent influencés par leurs pairs dans les pays occidentaux. 

Derrière ces actions bénévoles qui visent à nettoyer et protéger les plages, mais aussi à sensibiliser sur la cause environnementale, réside également un grand travail de la part des associations de la société civile. Et qui dit actions au profit des plages ciblant les déchets en plastique, dit Tunisie Recyclage, connue comme étant la première association qui s’active dans ce domaine. Sabrine, une jeune qui a adhéré depuis cet été à la cause de cette association, nous raconte à quel point ces actions s’avèrent être utiles pour inculquer une culture de protection du littoral. «Il est vrai que, parfois, sans l’appui de l’Etat ou des bailleurs de fonds, nous nous trouvons dans des situations d’incapacité au vu de l’énormité du défi, mais c’est une question de conviction, de choix, nous avons choisi ce mode de vie, et nous continuons à nous battre pour une plage propre», témoigne-t-elle.

Cette même association a récemment organisé une action à travers laquelle une autre jeune Tunisienne s’est distinguée en matière de collecte de mégots de cigarettes brisant tous les records . Elle s’appelle Khouloud et elle consacre plusieurs heures de ses journées à collecter les mégots de cigarettes jetés, sans aucune conscience, sur la voie publique et notamment sur les différentes plages, récemment elle est parvenue à collecter près de 100 mégots sur un seul mètre carré. «Notre grande championne dans la catégorie mégots ! Son record : 99 mégots sur un seul mètre carré, cette semaine, mais bien loin de celui qu’elle a fait il y a 15 jours à Gammarth ou elle a ramassé 620 mégots sur un seul m²», s’est félicitée l’association Tunisie Recyclage sur sa page Facebook.

Une histoireà ne pas oublier

Cet air de renouveau remarqué dans la mentalité des jeunes Tunisiens, qui semblent de plus en plus engagés en faveur de la propreté de nos plages et de la situation écologique du littoral tunisien, nous rappelle certainement la motivante et merveilleuse initiative lancée l’année dernière par un jeune Tunisien qui a, seul, nettoyé 30 plages tunisiennes. En effet, l’été dernier, Mohamed Oussama Houij, 28 ans, ingénieur en génie sanitaire, avait parcouru 300 Kilomètres, à pied pour nettoyer des dizaines de plages tunisiennes, notamment celles du Sahel et du Cap bon. C’est  le défi, le moins que l’on le puisse dire, «fou» lancé par ce jeune pour nettoyer la côte tunisienne en solo, concrétisant ainsi son rêve, avec une seule ambition, sensibiliser autorités et vacanciers sur l’importance de ne pas faire de la mer une poubelle.

Son long voyage s’est terminé début septembre dernier sur la plage de Soliman, à 40 km de Tunis, et ce, après avoir nettoyé des dizaines de plages bondées de monde, mais aussi d’ordures. «L’action de 300 kilomètres n’est pas vraiment celle de nettoyer parce que je sais que je ne suis qu’une goutte d’eau dans un océan. Mais je veux sensibiliser les gens à ce problème. Je veux qu’ils commencent à se dire: Attendez! Ce n’est pas normal, toutes ces bouteilles, tous ces bouchons, tous ces sacs en plastique ! », avait-il insisté, sur son compte Facebook.

 

Un budget insuffisant ?

L’Agence de protection et d’aménagement du littoral (Apal)avait lancé, comme chaque année, un programme de nettoyage des plages. Ce programme concerne 120 plages pour une intervention périodique de 8 à 19 passages et sur une longueur de 140 km et une superficie totale de près de 3.800 hectares pour un coût total de 2,3 millions de dinars. Selon l’agence, ce programme visait en premier lieu à soutenir les efforts des municipalités côtières et surtout à procurer aux estivants un minimum de confort et de propreté et à préserver l’environnement côtier.

Mais en dépit de ce programme, la situation des plages tunisiennes ne s’est pas améliorée, nous n’avons pas remarqué de progrès palpables en matière de nettoyage du littoral. Il faut se demander dans ce sens si le budget consacré au nettoyage des plages s’élevant, rappelons-le, à 2,3 millions de dinars pourrait améliorer l’état du littoral tunisien vu l’importance des défis écologiques ? Une chose est sûre, un meilleur encadrement des bénévoles, qui ne ratent aucune occasion pour donner l’exemple, serait à même de donner un coup d’éclat à nos plages.

N.B. : Toutes les photos sont créditées : TUNISIE RECYCLAGE

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