Accueil A la une Consultations sur la formation du prochain gouvernement : Attayar et Echaâb claquent la porte

Consultations sur la formation du prochain gouvernement : Attayar et Echaâb claquent la porte


Au milieu de la troisième semaine de concertations et de négociations portant sur la formation de la nouvelle équipe gouvernementale, le chef du gouvernement désigné, Habib Jemli, vient de perdre deux appuis politiques de taille, jusque-là indécis mais largement impliqués dans ce processus. Il s’agit du Mouvement du peuple (Echaâb) et du Courant démocratique (Attayar) qui ont annoncé leur retrait de ces négociations. Ils ne feront donc pas partie du nouveau gouvernement. Un nouveau rebondissement qui affaiblit considérablement la position du chef du gouvernement désigné.


Hier, c’était le Mouvement du peuple qui a annoncé, en premier, son retrait des négociations autour de la formation du gouvernement tout en critiquant l’approche adoptée par le chef du gouvernement désigné par le parti Ennahdha Habib Jemli, à qui on reproche un manque d’innovation et une absence de vision claire et de programme politique bâti sur l’intérêt de la nation. C’est en tout cas ce que laisse entendre le communiqué du parti Echaâb qui a largement critiqué l’approche adoptée par le chef du gouvernement désigné pour la formation de son gouvernement, en raison notamment « de sa stratégie et sa conception de la prochaine étape et des problèmes dont souffre le pays ». « La méthodologie adoptée dans la constitution du prochain gouvernement n’est qu’une continuité de l’échec des gouvernements qui se sont succédé depuis la Révolution », a-t-on communiqué.

Le mouvement Echaâb a décidé de suspendre sa participation aux concertations sur la formation du prochain gouvernement, a déclaré, pour sa part Zouhair Maghzaoui, secrétaire général de cette formation politique. « Le chef du gouvernement désigné, Habib Jemli, a failli à sa mission de gérer les concertations comme il n’a pas réagi favorablement aux propositions avancées par le mouvement », a-t-il justifié dans une déclaration à Tap.
A l’instar du Mouvement du peuple, dont il est l’allié à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le Courant démocratique (Attayar) annonce ne pas participer au gouvernement Jemli. Le parti a tenu une conférence de presse pour justifier sa décision mais aussi pour « tacler » à son tour, l’approche du chef du gouvernement désigné à qui on a confié la formation de la nouvelle équipe gouvernementale. Lors d’un point de presse tenu hier, Mohamed Abbou, secrétaire général d’Attayar, affirme qu’à l’issue de la dernière réunion tenue avant-hier, les négociations avec Habib Jemli étaient dans l’impasse en raison notamment de la question des ministères régaliens. Alors qu’Attayar persiste en exigeant les trois portefeuilles ministériels, à savoir l’Intérieur, la Justice et la Réforme administrative, Habib Jemli a refusé ces conditions optant plutôt pour des personnalités indépendantes pour diriger ces ministères. A cet effet, Mohamed Abbou a expliqué que son parti a assoupli ses conditions en proposant deux personnalités indépendantes à la tête du ministère de l’Intérieur, ce qui a été repoussé par Jemli, provoquant un blocage des négociations.

Habib Jemli réagit
Ainsi, le Courant démocratique et le Mouvement du peuple ont décidé de ne pas participer au gouvernement après la formation d’un bloc parlementaire unifié sous le nom de « bloc démocratique » qui se place dans l’opposition parlementaire. Un nouveau rebondissement qui affaiblira sans aucun doute la position du chef du gouvernement désigné qui misait, pourtant, sur l’appui politique de ces deux partis en vue d’accorder leur confiance à son nouveau gouvernement, d’autant plus que le Courant démocratique a affirmé qu’il ne votera pas en faveur de ce gouvernement.

Face à cette donne qui bouleversera certainement la poursuite du processus de la formation du gouvernement, Habib Jemli a commenté le retrait des deux partis précités de ces négociations en affirmant que « tout parti est libre de faire le choix qu’il désire ». Et d’affirmer que ces négociations connaîtront de nouveaux développements au vu de l’actuelle situation, soulignant que les délais constitutionnels ne doivent en aucun cas influencer le processus de formation du nouveau gouvernement.
Mais à vrai dire, le chef du gouvernement désigné est obligé de revoir tout le processus de formation de son gouvernement, car sans l’appui de ces deux partis, il sera difficile d’accorder la confiance à sa nouvelle formation gouvernementale. Le parti Au Cœur de la Tunisie volera-t-il à son secours ? En effet, si ce blocage avec ces deux partis persiste, Jemli, et notamment le parti Ennahdha, devront convaincre le parti de Nabil Karoui d’accorder sa confiance au prochain gouvernement comme cela a été le cas lors de l’élection de Rached Ghannouchi en tant que nouveau président de l’ARP. Quelles conditions posera le parti Au Cœur de la Tunisie ? Participera-t-il à la formation du nouveau gouvernement ? Tant de questions s’imposent aujourd’hui alors que la situation ne cesse de se compliquer.

Au Cœur de la Tunisie laisse planer le suspense
En tout cas, le président du bloc parlementaire d’Au Cœur de la Tunisie, Hatem Mliki, a déclaré, hier, que son parti suit de près ce processus et attend la formation du gouvernement pour se positionner et décider de voter pour lui ou pas. Mliki a ajouté que son parti soutiendrait le gouvernement dans l’éventualité d’un gouvernement doté de compétences. Concernant la structure et le programme du gouvernement et des personnes impliquées, cela relève uniquement des prérogatives de Habib Jemli, ajoute-t-il, dans des déclarations médiatiques.
Le parti présidé par Nabil Karoui ne participera pas au gouvernement, avaient, pourtant, insisté plusieurs dirigeants du parti Ennahdha, mais aussi Habib Jemli lui-même. Pour lui, la position naturelle de ce parti étant dans l’opposition. Tout les oppose et pourtant ils seront peut-être obligés de « refaire des affaires » ensemble. Ennahdha et Au Cœur de la Tunisie les vainqueurs des élections législatives avaient signé un accord, le 13 novembre dernier, afin de favoriser l’élection de Rached Ghannouchi à la présidence de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Un tel scénario se reproduira-t-il pour sortir de cette crise ?

Jusque-là, la majorité des partis laissent planer le doute sur leur éventuelle participation ou non au gouvernement en attendant l’avancement des négociations et des pourparlers. Seuls le Parti destourien libre et Tahya Tounès ont affirmé clairement ne pas avoir l’intention de participer à ce gouvernement.
Dans ce sens, la présidente du PDL, élue également députée, Abir Moussi, avait écarté toute possibilité de voir son parti participer au gouvernement Jemli. Houda Saâda, dirigeante au PDL, a affirmé même que son parti ne votera pas pour le gouvernement de Habib Jemli. Elle a insisté dans ce sens que le PDL a choisi l’opposition, affirmant que le gouvernement de Jemli ne sera pas un gouvernement indépendant, quelle que soit sa composition, « car son président avait été choisi par le parti Ennahdha ». Mais au vu de l’actuelle situation, on pourrait s’attendre à une très puissante opposition composée de plusieurs partis dont notamment Attayar, Echâab, Au Cœur de la Tunisie, Tahya Tounès, le Parti destourien libre et autres, mais une telle opposition sera-t-elle réconciliable ?

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