Accueil A la une Soupçons de corruption autour de la fabrication des masques de protection: à  quel saint se vouer?

Soupçons de corruption autour de la fabrication des masques de protection: à  quel saint se vouer?


Alors que certaines études préconisent leur port obligatoire, notamment après le déconfinement, la chasse aux masques de protection et aux bavettes est lancée dans le monde entier. La Tunisie n’y échappe pas.


En effet, la Tunisie prépare déjà la phase post-confinement. Le port du masque serait obligatoire, et face au manque de masques de protection, l’Etat a lancé un appel au secteur du textile. Le ministère de l’Industrie et des PME a appelé, pour sa part, les industriels spécialisés dans le secteur textile à soutenir l’effort national de fabrication de masques réutilisables.

Mais comme toujours, dans cette situation exceptionnelle, une nouvelle polémique a surgi concernant la fabrication de ces grandes quantités de masques de protection, d’autant plus que l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc) a fait état de soupçons de corruption. En effet, l’Instance a annoncé avoir reçu des signalements relatifs à la fuite d’informations concernant les cahiers des charges de la fabrication de ces lots de masques de protection réutilisables. Des informations qui auraient permis, selon l’Instance, à certains industriels d’accaparer et de monopoliser un type de tissu bien spécifique dont l’utilisation a été fixée par les cahiers des charges élaborés par le ministère de l’Industrie.

Ainsi nous pourrons comprendre que selon l’Instance en question, qui s’est lancée dans une guerre contre la corruption dans cette conjoncture sanitaire exceptionnelle, des hommes d’affaires et des industriels exerçant dans le secteur du textile-habillement auraient profité de certaines informations fuitées à partir des cahiers des charges en question relatifs à la confection de ces masques de protection pour épuiser les quantités de tissu disponibles sur le marché local.

Face à cette polémique – les réseaux sociaux se sont enflammés -, le ministère de l’Industrie, des Petites et Moyennes entreprises était contraint de réagir immédiatement en vue d’apporter les éléments de réponse à ces accusations. Salah Ben Youssef, ministre du département précité, a, dans des déclarations médiatiques, nié catégoriquement ces informations, affirmant qu’aucun responsable n’a fuité ces données. « Le tissu destiné à la confection des bavettes ne sera pas importé, il existe en quantités suffisantes en Tunisie, d’autant plus que six sociétés tunisiennes en fabriquent. Aucun responsable n’a fuité ce genre d’information à qui que ce soit », a-t-il martelé.

Une première quantité disponible

Salah Ben Youssef a assuré, en outre, que « la première quantité de masques en tissu sera injectée incessamment sur le marché, rappelant que 64 sociétés se sont enregistrées sur le site du ministère pour la confection de ces masques. Pour sa part, le président de la Fédération tunisienne du textile et de l’habillement relevant du ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, Hosni Boufaden, a fait savoir, hier, que des industriels ont commencé à acheter ce type de tissu en grande quantité en réponse à la demande du ministère, l’objectif étant de produire deux millions de bavettes en cinq jours.

Lors d’une séance plénière à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, avait annoncé que le port du masque de protection sera obligatoire après le déconfinement, assurant que l’Etat s’est lancé dans une grande opération de fabrication de ces équipements en partenariat avec le secteur privé. Dans un communiqué récemment, le ministère a exhorté les professionnels du secteur textile  à être prêts à fabriquer ces masques selon des spécifications techniques précises et à envoyer toutes les données relatives à leurs unités industrielles et à leur capacité de production aux services du ministère.  

Selon les estimations du département de la Santé, dans une première phase, la Tunisie aura besoin de 30 millions de masques, dont notamment des masques réutilisables, pour faire face aux risques de contamination après la sortie du confinement.

Les pharmacies privées commenceront dans les deux prochaines semaines à vendre des masques en tissu lavables, à un prix ne dépassant pas les deux dinars. Le président du syndicat des Pharmaciens d’officine, Mustapha Laroussi, a affirmé que la production de 60 millions de masques lavables a déjà été lancée.

Même si tout le secteur du textile a été mobilisé pour contribuer aux efforts nationaux visant à assurer ces importantes quantités de masques de protection, la Tunisie importera également une partie de ces équipements. Un avion de la compagnie nationale Tunisair chargé d’équipements médicaux a atterri, samedi dernier, à l’aéroport de Tunis-Carthage en provenance de Chine. Il s’agit de 27 tonnes d’équipements dont 5.5 millions de masques, a laissé entendre le commandant de bord Sami Masmoudi. Trois autres vols de ce genre seront également assurés par la compagnie nationale  dans les jours à venir.

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