Depuis le mois de mai dernier, la Tunisie s’est lancée dans une course contre la montre pour sauver son secteur touristique, l’un des piliers de l’économie nationale au vu de ses importants apports en devises.
Aujourd’hui, à quelques semaines de la fin d’une saison touristique profondément impactée par la pandémie de coronavirus, des enseignements pourraient être tirés concernant la stratégie mise en place pour sauver un secteur qui s’enfonce dans une crise inédite vu la chute vertigineuse des recettes qu’engendre ce secteur et à ses différents indicateurs.
En effet, les recettes touristiques poursuivent toujours leur baisse, depuis mai, et ne cessent de régresser sous l’effet d’une crise sanitaire ayant provoqué un confinement général qui a annulé toutes les réservations touristiques. A fin juillet 2020, elles ont chuté de 56% pour atteindre 1,2 milliard de dinars, contre 2,8 milliards durant la même période de l’année dernière, selon les indicateurs publiés récemment par la Banque centrale de Tunisie (BCT).
En dépit d’une stratégie nationale visant à situer la Tunisie comme l’une des destinations les plus sûres après cette pandémie, accompagnée notamment par une réouverture, prématurée pour certains, des frontières et l’élaboration d’un rigoureux protocole sanitaire visant à rassurer les touristes étrangers et locaux, les recettes touristiques poursuivent leur régression. Elles ont chuté de 27% en mai 2020, à 47% à la fin du premier semestre 2020, par rapport à juin 2019.
Une situation qui pousse les professionnels du métier à s’alarmer quant au sort d’une saison touristique qui touche à sa fin. Dernièrement, c’est au tour de Afif Kchouk, président de l’Observatoire du tourisme, de lancer un cri d’alarme pour faire part d’une «situation dramatique qui frappe le secteur de plein fouet». «La situation du secteur touristique est difficile, voire alarmante. Nous faisons face à une situation réellement dramatique pour des raisons qui n’incombent pas au tourisme tunisien. L’hypothèse que le tourisme tunisien est un secteur fragile est infondée, car le secteur est victime d’aléas extérieurs», a-t-il expliqué.
Cette situation qui s’annonce alarmante résulte notamment de la baisse vertigineuse des réservations touristiques étrangères. Une source auprès du ministère du Tourisme nous a expliqué que ces réservations sont assez rares et que les vols de touristes se comptent, depuis la réouverture des frontières, sur les doigts d’une main. Tous les regards se tournent vers le tourisme local, a-t-on expliqué.
Le tourisme local, bouée de sauvetage ?
Comme lors de chaque crise qui frappe ce secteur, dont la stabilité n’est pas tributaire de sa propre activité mais de facteurs exogènes, le tourisme local est appelé à la rescousse. Et en l’absence du tourisme maghrébin paralysé par le maintien de la fermeture des frontières, notamment en Algérie, le rôle du touriste tunisien pourrait être crucial compte tenu de l’opération de sauvetage du tourisme. D’ailleurs, Jabeur Ben Attouch, président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (Ftav), a expliqué que pendant cette saison, certaines unités hôtelières, notamment à Djerba et à Sousse, affichent complet grâce au tourisme local. «Ceci démontre le grand rôle que joue le touriste tunisien en temps de crise, cela implique la mise en place d’une stratégie pour promouvoir le tourisme local», a-t-il expliqué.
Sous le couvert de l’anonymat, le patron d’une agence de voyages basée à Tunis nous explique également que le tourisme a été, en partie, sauvé par le touriste tunisien qui a bénéficié, explique-t-il, des prix bradés provoqués notamment par la crise du coronavirus et la multiplication de l’offre touristique face à la rareté de la demande au début de la crise. «Nous pouvons assurer que le touriste tunisien a amplement joué son rôle en ces temps de crise, mais la saison n’a pas été encore sauvée dans la mesure où le tourisme dépend largement des réservations étrangères qui se font rares. Mais il faut dire que la situation est très difficile pour nous, certaines agences ont même mis la clé sous la porte », a-t-il indiqué. Le témoignage de ce professionnel du secteur résume parfaitement la situation des agences de voyages largement impactées par la crise. Pour rappel, la baisse de l’activité des agences de voyages a atteint 80% au cours du premier semestre de l’année 2020. Pour les agences qui opèrent strictement avec les marchés étrangers, ou celles qui préparent des voyages de la Omra qui ont été, rappelons-le, suspendus, la situation est encore plus grave.
Le tourisme tunisien a été lourdement impacté par la crise du coronavirus. Afin de minorer les conséquences de cette crise, plusieurs mesures avaient été prises avec pour objectif principal le retour du tourisme début juillet dernier. Le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, de son côté, s’attend à 6 milliards de dinars de pertes et même plus et confirme que l’impact de l’épidémie de coronavirus s’annonce très sévère. Les autres pays ne font pas mieux que la Tunisie, et selon les premiers constats, il s’agirait d’une crise touristique à dimension mondiale, où la majorité des pays touristiques ont été impactés. D’ailleurs, la France, une des premières destinations mondiales, chiffre à au moins 30 à 40 milliards d’euros l’impact immédiat de la crise sanitaire sur le secteur touristique. L’impact de la crise sanitaire liée au coronavirus sur le tourisme marocain est également important. Certaines études prédisent que cette destination concurrente pourrait perdre jusqu’à 10 millions de touristes cette année.
Selon un rapport de la Banque africaine de développement (BAD), la pandémie de coronavirus entraînera des pertes estimées entre 10,6 milliards et 21,1 milliards de dollars de recettes touristiques en Afrique du Nord.
Liberte
10 août 2020 à 12:40
Le seul moyen de sauver la saison touristique c’est d’inciter les tunisiens résidents à l’étranger de venir dans le pays, réduire un maximum les frais des transpor ( bateau et avions), afin de faciliter leur venu et surtout un bon accuel à la douane pour le rendre agréable avec moins de formalités, et chantage monétaire.