En décidant d’organiser un sit-in, les professionnels des agences de voyages veulent sensibiliser le ministère du Tourisme à leur situation précaire suite à la crise qui a frappé le secteur touristique et qui a eu des répercussions graves sur leurs activités, ce qui nécessite la prise de décisions audacieuses.

Le secteur des agences de voyages saigne par les quatre veines depuis des mois, et pour cause ! Les recettes se font de plus en plus rares et certains professionnels ont fermé leurs portes, mettant dans la rue leur effectif. En décidant d’organiser un sit-in, les responsables des agences de voyage veulent sensibiliser les pouvoirs publics à la situation précaire de leur secteur. En effet, la trésorerie de ces agences de voyages est si déséquilibrée que l’on n’arrive plus à payer les salaires des employés. Il faut dire que le Covid-19 a donné un coup de massue à ces agences suite notamment à la fermeture des frontières aux touristes en pleine haute saison. En fait, les agences de voyages réalisent le plus gros de leurs recettes en été, quand les touristes, toutes nationalités confondues, viennent par milliers profiter du soleil et de la plage pendant quelques jours.

Pourtant, les agences de voyages ont préparé des circuits touristiques qui pourraient intéresser les touristes dont les intérêts concernent plusieurs produits comme les randonnées, la plaisance, l’écologie, l’histoire, la culture et bien sûr le sport. Les bus touristiques sont restés immobilisés pendant de longues journées en attendant, en vain, l’arrivée des touristes. Même le nombre des touristes maghrébins a été limité, en tout cas en deçà des ambitions affichées par les professionnels.

Manque de liquidités

Par ailleurs, plusieurs responsables d’agences de voyages ne sont plus éligibles auprès des banques vu qu’ils n’ont pas pu rembourser les crédits contractés. Pourtant, les pouvoirs publics ont pris des dispositions en vue d’alléger les charges du secteur touristique consistant, entre autres, à reporter les échéances de paiement des crédits. Mais les agences ont d’autres factures à régler comme celles des salaires, des cotisations de la sécurité sociale et des consommables. Chaque mois, des fonds doivent être mobilisés pour payer toutes ces factures dont la valeur augmente à vu d’œil vu la révision des prix des divers produits et la majoration des salaires. Certains professionnels ont pensé tout simplement à changer de vocation en choisissant un secteur moins touché par la crise et capable de générer un revenu stable. Même le petit pèlerinage (Omra), qui générait une entrée d’argent, a été pris d’assaut par les agences informelles qui ont mobilisé tous les moyens promotionnels pour attirer le maximum de clients. Ainsi, ces intrus utilisent l’affichage anarchique pour promouvoir leur produit et font de la publicité dans certains médias à fort tirage afin de séduire des clients potentiels. De l’avis des responsables des agences de voyages agréées, ces intrus ne respectent pas souvent leur engagement et les promesses lancées puisque le pèlerin ne trouve pas d’accompagnateur une fois arrivé sur les lieux saints. En tout cas, les autorités saoudiennes ont interdit, au cours de cette année, le pèlerinage des personnes venues de l’extérieur, et ce, pour éviter la propagation de la pandémie qui a été à l’origine de plusieurs décès en Arabie Saoudite comme dans tous les pays du monde. C’est une raison de plus qui a causé des pertes énormes aux agences de voyages.

Et maintenant…?

Pourtant, un certain nombre d’agences de voyages ont résisté à la crise en préservant leurs employés. Elles ont puisé dans leurs fonds propres pour payer les salaires et maintenir leur structure en vie pour quelque temps encore. Toutefois, le temps est venu pour prendre des mesures audacieuses et suffisantes afin de pérenniser un secteur en dérive. L’un des éléments à prendre en considération concerne l’accès au financement. Les responsables des agences doivent, en effet, avoir la possibilité de bénéficier de nouveaux crédits préférentiels sans taux d’intérêt et remboursables sur une longue période pouvant atteindre les dix ans. Il s’agit aussi de prendre en charge pendant deux ou trois ans les participations de ces sociétés dans le régime légal de la sécurité sociale.

Ainsi, les charges de ces agences seront allégées en attendant la reprise du secteur touristique qui est capable de se redresser rapidement, une fois la pandémie éradiquée. On ne sait pas encore combien de temps, les professionnels vont attendre pour que le secteur retrouve sa vitesse de croisière. En tout cas, plusieurs touristes ont préféré, cette année, rester chez eux ou voyager dans des destinations proches de leur lieu de résidence pour éviter la contamination par le coronavirus. Cette décision a pesé lourd sur les agences de voyages tunisiennes qui ne savent plus sur quel pied danser.

A moyen terme, il est nécessaire d’assainir le secteur des agences de voyages en rappelant à l’ordre ceux qui s’improvisent comme opérateurs dans le secteur informel et qui lèsent les vrais professionnels.

Ces intrus ne donnent aucune garantie à leurs clients malgré les promesses lancées dans leur publicité. Toutes les parties prenantes devraient prendre les problèmes vécus au sérieux afin de sauver un secteur qui a beaucoup donné (et continue à le faire) au secteur touristique et à la dynamique socioéconomique dans plusieurs régions du pays. Le gouvernement, les professionnels et les structures d’appui sont tous concernés et responsables de la survie de ce secteur qui a besoin d’avantages matériels et financiers pour payer ses employés et ses fournisseurs.

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