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Réquisitoires et incriminations

Les déclarations, les réactions et les prises de position de la classe politique sont toujours intrigantes. La méthode et la tendance dans les discours mobilisateurs vont clairement dans le sens inverse, loin des objectifs de la révolution et surtout en contradiction avec les aspirations de tout un peuple. On continue à distinguer un élan opposé à ce qu’on espérait. Et tant pis pour les contraintes socioéconomiques qui ne cessent de peser d’une étape à l’autre. Tant pis aussi pour les épreuves que l’on n’arrête pas de subir.
Dans cette situation, l’hypothétique considération personnelle vaut mieux et plus que les besoins de tout un pays. Même le dialogue national, conçu pour remettre les pendules à l’heure et chacun à sa place, n’a pas échappé aux abus et aux dérèglements des uns et des autres. Pourtant, il y a de ces hommes et de ces femmes qui ne cessent de démontrer qu’il est largement possible de s’asseoir autour de la même table. Plutôt que de tomber dans les polémiques et les excès en tous genres, ils font le choix de la sagesse, du bon sens et du discernement. Sauf qu’au-delà des failles et des risques, les réquisitoires, voire les incriminations, que les principaux acteurs ne cessent de se renvoyer sont en train de gâcher l’espoir de lendemains meilleurs. On reconnaît en passant que c’est tout le paysage politique qui est affecté par la dégringolade continue des valeurs et des principes. On joue avec l’inconnu et le flou reste le dénominateur commun de ce qui est entrepris et envisagé ici et là.
Dix ans après la révolution, le besoin se fait aujourd’hui sentir : il est grand temps de réinventer en profondeur les règles et les bases d’un système politique inapproprié et d’une loi électorale inopportune. Les révolutionnaires de la 25e heure donnent de plus en plus l’impression de ne plus pouvoir jouer dans la cour des «grands». Ils sont en décalage avec la réalité tunisienne. Depuis leur intronisation et chacun dans son coin, ils se sont enfermés dans le déni et le mensonge.
L’abnégation et la bienveillance n’existent plus, ou si peu. C’est à se demander s’il existe vraiment une vision collective des problèmes et des impératifs. Ou alors chacun défend-il simplement ses propres intérêts? Personne, à ce jour, ne semble avoir des idées tout à fait claires sur les véritables besoins du pays.
Le contexte politique actuel constitue un exemple révélateur de la dévalorisation comptable du capital humain. Comme si, faute de moyens, il était interdit à la Tunisie d’avoir des ambitions. Entre rêve et réalité, le souhait serait de moraliser la scène politique et surtout de la protéger de ses principaux acteurs.
Maintenant et tout en étant respectueux de ce que chacun peut penser et peut faire, la classe politique n’a plus aujourd’hui le droit de se justifier à travers des arguments peu convaincants et qui manquent surtout de dimension. Dans la mesure où plus personne ne semble avoir la capacité de pouvoir réhabiliter un environnement à la dérive, on ne s’étonne plus des dérapages enregistrés ici et là, au moment où la présence et même la compétence de certains ne sont plus vraiment souhaitées…
Il est évident que le risque de l’assèchement politique, tout comme le risque engendré par tous les aléas qui le mènent vers un terrain miné, est bien là…

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