Accueil Economie Balance économique octobre 2020 : Tendance baissière tous azimuts

Balance économique octobre 2020 : Tendance baissière tous azimuts

Le ministère de l’Economie, des Finances et de l’Appui à l’investissement a publié, en octobre 2020, un document référentiel sur la balance économique pour l’année 2020. Il s’agit d’une lecture minutieuse des différentes difficultés auxquelles la Tunisie a dû faire face durant une année qui s’était annoncée, d’emblée, atypique et épineuse, aussi bien sur le plan sanitaire que celui socioéconomique.

La crise liée à la pandémie du Covid-19 a été lourde de conséquences, tant à l’échelle mondiale qu’à celle nationale. Pour la Tunisie qui peine à concilier entre un climat politique tendu, une économie en mal de relance et des revendications sociales persistantes, il était difficile de bien s’armer contre une pandémie aux répercussions plus que fâcheuses et à une durabilité illimitée. Le paysage socioéconomique et développemental a été largement impacté par la crise, ce qui a poussé le gouvernement à prendre plusieurs mesures, dans l’optique d’atténuer lesdites répercussions et de tenter de maintenir les indicateurs socioéconomiques à un niveau le moins désastreux possible.

Cette logique rejoint aussi les lignes directives du programme gouvernemental, lesquelles misent sur la reconquête de la confiance des investisseurs, la promotion de l’investissement, la préservation — au mieux — du pouvoir d’achat et la protection des catégories sociales vulnérables. Il faut dire que le bilan économique 2020 est à dominante régressive, et ce, concernant la quasi-totalité des secteurs stratégiques. En effet, le taux de développement au titre 2020 a enregistré une baisse de -7,3%, alors qu’il était de 1% en 2019.

Des investissements en régression

L’investissement, qui se définit en tant que catalyseur économique par excellence, a connu une chute faramineuse. Le taux d’investissement a régressé de 3% dans le secteur privé. D’après les résultats d’un sondage effectué par l’Institut national de la statistique et la Banque mondiale sur un échantillon représentatif d’entreprises privées, 54,3% des entreprises ont avoué une fermeture inéluctable. 75,6% des entreprises exportatrices enquêtées ont déclaré avoir enregistré une chute au niveau des demandes ciblées.

74,2% des entreprises touristiques ont confirmé leur fermeture, alors que 50,6% des entreprises enquêtées ont déclaré avoir du mal à s’approvisionner en matières premières. Il est à noter que les investissements ont chuté de 50,3% dans le secteur des services, de 13,3% dans le secteur industriel et de 9% dans le secteur de l’énergie. Seul, le secteur agricole a connu une évolution positive au niveau des investissements de l’ordre de 18%.

S’agissant de la balance financière, il est à souligner que l’année 2020 a été marquée par une diminution du taux du déficit commercial de 28,4%. Ce résultat revient principalement à l’accélération des baisses des importations par comparaison avec le rythme des exportations. Néanmoins, ces dernières n’ont pas été épargnées par la tendance baissière et ont connu, ainsi, une chute importante de 18,6%, notamment dans le secteur du textile et de l’habillement, et celui des industries mécaniques et électriques. Le taux des importations, lui, a chuté de 21,6%.

Le taux d’épargne national le plus bas

Pour soutenir les secteurs économiques dans cette phase difficile, le recours au financement représente la meilleure solution. Or, en raison des dépenses consacrées aux impératifs de la crise, le financement destiné aux secteurs économiques a dû être limité. Le taux de l’épargne nationale a enregistré un record baissier de 4,6%, puisque les estimations prévoyaient un taux nettement supérieur de 9,3%.

Sur le plan social et solidaire, il a été nécessaire de soutenir pas moins de 1,1 million de familles nécessiteuses grâce à l’octroi de dons et de subventions de l’ordre de 287 MD. Une enveloppe de 97 MD a été, en effet, consacrée à l’appui financier de 483 mille personnes actives à titre individuel. Par ailleurs, une somme de l’ordre de 14 MD a été destinée au profit de 140 mille bénéficiaires à faibles revenus, dont les retraites n’excèdent point les 180 dt par mois.

S’agissant de l’emploi, le présent document trahit une hausse du taux de chômage, qui a atteint les 18% durant le deuxième trimestre de 2020. Quant au chômage des diplômés du supérieur, il s’avère être nettement plus préoccupant, puisqu’il a atteint 31,2%. En 2020, la Tunisie a perdu 160 mille emplois.

Cela dit, l’employabilité et l’autonomisation des femmes, surtout dans le milieu rural, poursuivent sa courbe croissante ; une courbe qui en dit long sur la détermination institutionnelle à promouvoir le rôle socioéconomique de la femme. Pour ce, il a été procédé à l’augmentation du budget alloué au programme «Raeda» de 3 à 10 MD. D’autant plus que l’encouragement à la création de projets agricoles a été palpable via l’augmentation du taux de financement consacré, toujours dans le cadre du programme «Raeda», à cette catégorie de projets, pour atteindre 70% contre 30% l’an dernier.

Appui au développement régional et local

Et pour donner plus d’opportunités aux compétences dans les régions, un budget de l’ordre de 352 MD a été destiné à la création d’emplois et à l’amélioration des conditions de vie dans les régions, et ce, conformément aux exigences de l’appui au développement local et régional. Encore faut-il souligner que 520 projets individuels ont été créés grâce à un financement total de l’ordre de 15,4 MD. Cette enveloppe a été déployée dans le cadre de la troisième tranche du Programme de développement inclusif, chose qui a permis la création de 790 emplois, dont 181 en faveur des diplômés du supérieur. Toujours concernant le développement régional et local, et en vue d’améliorer la qualité de la vie des catégories vulnérables, un programme de réhabilitation et d’aménagement des quartiers populaires a été entamé. L’objectif étant de réhabiliter 156 quartiers abritant 865 mille habitants.

S’agissant du secteur du transport, le bilan montre une chute faramineuse des revenus du transport aérien, soit -97,8%. Ce résultat revient à la suspension des vols durant le mois de juin. Quant au secteur du tourisme, il demeure sérieusement menacé, surtout que les recettes ont baissé de 59,8% à la fin septembre 2020.

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Charger plus par Dorra BEN SALEM
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