Privée d’eau courante depuis le 18 octobre 2021, à cause d’une panne au niveau de la canalisation liée à l’acheminement d’eau et qui tarde toujours à être réparée, en dépit des promesses des responsables de la Sonede, submergée, ou plutôt dévastée par les ordures ménagères depuis plus de deux semaines à cause de la fermeture de la décharge d’Agareb, en manque aussi d’approvisionnement en courant électrique dans plusieurs quartiers, sans gouverneur enfin depuis le 3 août 2021, Sfax, la deuxième ville du pays, est sous l’effet d’une situation environnementale, mais aussi administrative et municipale catastrophique.
Les services de voirie sont, en effet, incapables de procéder à la collecte des ordures en raison de l’absence de déchèterie après la fermeture de la décharge de Agareb, sur la pression des habitants et de la société civile. Trouver les solutions adéquates pour se débarrasser des déchets ne semble pas être la priorité des responsables régionaux de la ville, tout particulièrement le maire et l’Agence nationale de gestion des déchets qui continuent à s’accuser de « manque de coopération ». Les habitants de Sfax refusent de nourrir le spectacle médiatique créé par des gens qui cherchent à faire leur promotion à leurs dépens, et aussi soucieux qu’ils puissent l’être, notamment pour se disculper.
Plus étrange encore : la situation a beau être d’actualité pressante, urgente, mais elle n’a pas toujours de réponse. En somme, Sfax n’est plus ce qu’elle était. L’appellation reste belle, mais ses habitants souffrent le martyrs au quotidien.
C’est dur de voir aujourd’hui la ville renoncer à ses acquis. Les valeurs de dévouement pour le bien commun ont plus que jamais perdu leur sens et leur vocation. Elles font appel à des considérations qui n’avaient nullement leur place dans un temps désormais révolu. A la place des programmes et des projets, l’on a désormais droit à des agissements et des comportements qui divisent les habitants plus qu’ils ne les rassemblent. Les causes d’une reconversion ratée sont diverses et diversifiées.
On pense aux choix hasardeux, aux égarements souvent répétés. On se dit que la mise à l’écart des compétences ne peut en aucun cas être un phénomène naturel à Sfax. On dénonce fortement les défaillances qui résultent de modalités et de stratégies mal pensées. Et à la fin, on réalise le gâchis causé par autant de carences. Et si on concède que l’avenir de tout un gouvernorat aurait dû être mieux pris en compte, l’on regrette le fait que ceux qui se donnent le droit d’y veiller n’aient pas vraiment le profil et la représentation requis, encore moins les attributions nécessaires. Incapables d’assumer leur rôle de « capitaines dans la tempête », ils ne peuvent visiblement rien donner, encore moins apporter à une ville pas comme les autres.
Les plus grandes sources d’inspiration des vrais responsables se situent dans leurs expériences et dans leur esprit rénovateur et créatif. Ceux qui «gouvernent» aujourd’hui Sfax n’ont pas de vécu. Et ceux qui brigueront dorénavant la confiance des Sfaxiens devraient en être dignes. Il ne sert à rien de faire des promesses quand on n’a pas la compétence pour les concrétiser.