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Commentaire | Hyperpolitisation du sport

Symbole d’intégration et événement à retentissement public, le sport est paré de toutes les vertus populaires. Il occupe largement l’affiche de l’actualité. C’est pourquoi il est difficile de ne pas aimer le sport lorsqu’on fait de la politique, à moins de se mettre sur le dos des milliers d’électeurs. 

Au fait, quoi de plus politique que le sport ? Activité médiatisée à grande échelle, culte populaire, pouvoir financier et politique, enjeu géopolitique, il s’est transformé en un phénomène complexe et multiforme. Au-delà des résultats et des exploits, les pratiques et les compétitions sportives révèlent des phénomènes éclairants d’identification qui ont tendance à être récupérés, la plupart de temps volontairement, par des forces politiques.

Comment s’en servent les politiques dans l’exercice de leur pouvoir et avec quelle différence entre les différentes tendances ? De quel pouvoir dispose le sport dans la vie politique ?

Il ne fait aucun doute que les identités des dirigeants politiques et leur sentiment d’appartenance sont inextricablement liés à leur représentation, personnelle ou collective, du monde du sport. Certains ont compris la puissance du sport en matière de communication. Il est évident que les relations entre sport et politique font souvent l’objet d’appréciations contradictoires. Mais des politiciens qui usent du sport et des clubs sportifs pour leurs propres intérêts, on en voit de tous les profils et de toutes les tendances. Lorsque l’on associe sport et politique, certaines parties ont une fâcheuse tendance à venir directement à l’esprit. Le Président de la République n’a pas manqué de pointer « ceux qui s’y infiltrent pour se forger une popularité factice ». Finalement, et même si on a coutume d’admettre que le sport intègre socialement, il doit être gardé de toute ingérence. Il n’a rien à faire, ni à voir, avec les luttes idéologiques, encore moins l’instrumentalisation  politique.

De toute évidence, le sport n’est plus aujourd’hui seulement le reflet de la société, mais un de ses acteurs à part entière. Que ce soit sur le terrain, dans les tribunes ou en dehors des stades, les questions politiques viennent souvent  s’y exprimer. Et aucune censure ni amende ne pourront jamais les en empêcher.

L’on sait que le destin du sport et des sportifs est devenu de nos jours lié à des facteurs extrasportifs. Chercher une logique ou une cohérence à ce sujet relève d’un exercice de haute voltige. On réalise de plus en plus que la plupart de ceux qui sont parachutés dans ce domaine ne réagissent à ce qui se passe que sur fond d’intérêts personnels et politiques. N’ayant pas visiblement une idée suffisante de ce que peut et doit représenter le sport, la tentation médiatique à travers le sport est devenue leur seul recours pour expliquer l’inexplicable, justifier l’injustifiable et accréditer l’invérifiable. Le plus contraignant dans cette déformation, c’est qu’elle touche aujourd’hui les principaux acteurs qui gravitent autour du sport. Ceux qui ont émergé ces dernières années, et ils sont nombreux, usent et abusent des dérapages et des excès de tous genres. Un prisme populiste pour qui parvient justement à s’en servir.

La politisation du sport, si l’on n’y prend pas garde, est pleine de confusions et d’imbroglios. Elle est synonyme d’un glissement dans les méandres du marasme. Le sport est de plus en plus manipulé à des fins de propagande.  Il est le seul perdant et les bénéficiaires sont ceux qui s’en servent pour des ambitions qui n’ont pas de raison d’être dans ce domaine. La situation empire de plus en plus à cause de multiples interférences aux desseins inavoués. Et l’on oublie que quels que soient les appréciations et les calculs, le sport n’est pas une activité comme les autres. S’il reste capable du meilleur comme du pire, il implique encore et toujours des valeurs, des vertus, une culture. L’on oublie aussi que le sport peut être également une arme à double tranchant et qu’il peut, beaucoup plus que d’autres activités, révéler et attiser les divisions. Si l’idée de la séparation du sport de la politique est aujourd’hui une illusion, il convient d’attirer l’attention sur les erreurs auxquelles pourrait conduire, par excès inverse, une croyance dans l’hyperpolitisation du sport.

La tendance à politiser le sport a engendré une certaine spécificité. Cela est visible dans les discours, mais aussi et surtout dans la manière avec laquelle il est appréhendé. Il ne fait aucun doute que le malaise fait écho à une déformation sans précédent. Nombreuses et variées sont les prises de position conditionnées et la plupart du temps dénaturées. La plus évidente est la politisation croissante de tout ce qui a trait à l’activité sportive.

Le sport tunisien se désintègre de plus en plus de ses valeurs, de sa réalité. Au-delà de l’impact engendré par la tendance à le politiser, peut-il redevenir ce qu’il était, ou encore ce que nous aimons toujours qu’il soit?

Tant que sa valorisation reste tellement pauvre, tant qu’il ne cesse d’afficher une impuissance certaine dans sa gestion, dans ses ressources et dans son évolution, il n’est plus aujourd’hui question, ou presque, de sport à l’état pur.

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