Pourquoi la société tunisienne est-elle devenue de plus en plus violente ? La Tunisie est-elle en passe de devenir un pays dangereux où le crime est banalisé ? L’insécurité augmente un peu plus chaque jour et l’amplification de la criminalité gagne du terrain. Familles endeuillées, jeunes ravis à la fleur de l’âge pour des motifs souvent futiles, délinquance au quotidien traduite par un nombre considérable de vols, de viols, d’agressions et plus particulièrement de violences, milieux carcéraux surpeuplés de jeunes âgés de 18 à 25 ans… Il y a de plus en plus de dérapages qui se déroulent en toute impunité dans la société tunisienne, qui confirment l’ampleur du mal et qui, à la fin, contribuent au développement d’un sentiment général d’insécurité.
Les facteurs de risque associés à la violence chez les jeunes, mais aussi les moins jeunes, sont assurément liés à l’augmentation du taux de chômage et de pauvreté, à la multiplication des affaires en rapport à la consommation de drogue, à la dépression et aux troubles de la personnalité. Autant de causes socioéconomiques ayant, certes, contribué à la recrudescence du crime, mais quand la société perd ses valeurs morales, la justice reste le dernier rempart pour rétablir l’équilibre et rendre les choses et chacun à sa place.
C’est pourquoi des voix s’élèvent aujourd’hui pour demander d’alourdir les peines contre les coupables de crimes odieux et à l’aspect répugnant, de modifier la législation existante et réclament même la restauration de la peine de mort, en dépit d’un moratoire signé par la Tunisie sur son exécution. Le but n’étant pas seulement de prévenir et de lutter contre les crimes, mais aussi pour que les victimes puissent également obtenir justice.
Il arrive parfois que la société cesse d’être tolérante. Beaucoup de crimes n’ont pas laissé de marbre une large frange des Tunisiens qui demandent de réserver aux criminels un traitement impitoyable.
Sans faire de parallèle, et encore moins verser dans des commentaires d’accusations et de procès ouverts aux différentes interprétations, on peut tout de même penser que la hausse de la criminalité reflète aussi un échec évident d’une certaine classe politique qui a tourné le dos à un phénomène plus que jamais inquiétant et qui n’a pas hésité à minimiser son ampleur. Une classe politique stigmatisée par l’absence d’initiative et d’anticipation, par le peu d’emprise et d’influence sur les problèmes sociaux. Ces derniers temps, il semble entendu que les solutions et les alternatives ne sont plus un atout de poids pour les politiques. C’est à ce titre que l’on s’inquiète devant l’émergence de phénomènes inquiétants pour la société et même pour l’avenir du pays. Ce ne peut être nullement une question de concours de circonstances : les réponses aux problèmes et la volonté d’y faire face sont, ces dernières années, une soustraction dans le mode d’emploi des politiciens et d’un bon nombre de partis politiques…